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Magouilles de la France chez les Indiens de Guyane. Témoignage.
Publie le lundi 25 décembre 2006 par Open-Publishing9 commentaires
Si personne ne proteste, la France va début 2007 supprimer les 30 000 km2 du Pays Indien (le tiers sud de la Guyane interdit aux opérateurs touristiques) en créant à la place un curieux "parc national", en réalité un instrument pour liquider par ethnocide les derniers Indiens vivant encore traditionnellement : les Wayampi des sources de l’Oyapock, du côté du rapide "Trois Sauts". On lira ici comment les fonctionnaires de la Mission pour la création de ce parc manipulent les Indiens pour imposer ce parc . P.A.R.C.= Programme d’Accélération et de Renforcement de la Colonisation !
On trouvera le détail de ce projet ethnocidaire sur www.parc-guyane.gf
Ce génocide culturel remplit de joie la bourgeoisie coloniale qui règne à Cayenne au sein du Conseil Général et du Conseil Régional. En bloquant depuis 1992 ce projet de parc national, ils ont fini par obtenir via la nouvelle loi d’avril 2006 sur les parcs nationaux un texte sur mesure qui satisfait leur soif d’achèvement de la colonisation de la Guyane. Autorisation pour les touristes d’aller désormais partout, même si les Indiens en sont furieux. Autorisation pour le Conseil Régional de faire des travaux partout, notamment des routes, même au coeur du parc.Autorisation pour les chercheurs d’or d’aller presque partout. On vient d’en découvrir vers Oscar, loin au sud de Camopi ! Multiples projets pour intégrer les Indiens dans l’économie monétaire... Témoignage sur ces magouilles :
Un observateur à Trois-Sauts
par Palakasiwa
Le 19 octobre 2006 a eu lieu à Trois-Sauts la réunion décisive dans le cadre de l’enquête publique pour la création du parc amazonien de Guyane. A cette occasion, la mission Parc est venue avec le commissaire enquêteur pour recueillir l’avis de la population avant décret de création.
Les gens de Trois-Sauts sont vraiment saturés de réunions en tout genre : en général, les "missions" demandent à faire la messe (euh.. pardon tenir réunion) au carbet cachiri de l’élu local qui est conseiller au maire de Camopi. L’élu en question en a pris son parti, il continue d’accueillir bien poliment tout ce petit monde qui défile... mais seulement quand il est là : il passe régulièrement de longs mois sur son abattis en pleine forêt.
Les thèmes des réunions sont aussi variées que les gens qui les organisent : ça va de "Arrêtez de manger des poissons carnassiers quand vous êtes enceinte" à "Arrêtez de jeter vos ordures partout ce n’est pas assez joli pour nous", en passant par "Qu’est-ce que vous savez faire comme jolis objets il faudrait vous développer ?" (on ne parle pas encore de développement personnel, pour l’instant on en reste au sacro-saint développement économique vieux fond de boutique et véritable arlésienne de ce département).
La suite ici
Messages
1. Magouilles de la France chez les Indiens de Guyane. Témoignage., 25 décembre 2006, 18:01
Il y a bien lieu de penser que la Guyane est en danger. J’ai écrit ça en mai 2006.
http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=3639
JMH
1. Magouilles de la France chez les Indiens de Guyane. Témoignage., 25 décembre 2006, 20:15
Ca doit bien faire trente ans que j’essaye d’expliquer à qui veut bien m’entendre que le tourisme n’est pas innocent, qu’il est une forme de colonialisme ravageur. C’est difficile car il y a toujours la croyance en une "richesse-apportée-au-pays". C’est malheureusement le recul qui permet de constater les dégâts ethniques et écologiques, trop tard.
Tout de même, il commence à y avoir un début de prise de conscience chez certains qui renoncent à jouer les Tintin explorateurs.
Peut-être commencent-ils à comprendre que ça ne doit pas être agréable de se faire reluquer sous le pif par un troupeau de gros beaufs en short consommateurs d’exotisme.
Vivement la fin du pétrole !
Flash
2. Magouilles de la France chez les Indiens de Guyane. Témoignage., 25 décembre 2006, 20:48
Je ne veux pas vous accabler de mes écrits mais, à propos du tourisme, entre autres, il y a ça aussi.
http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=1129
JMH
3. Magouilles de la France chez les Indiens de Guyane. Témoignage., 25 décembre 2006, 20:48
Je viens de lire votre bon articcle de mai 2006 sur les menaces des gros industriels miniers au Chili et en Guyane. Pour ce qui est de la société canadienne CAMBIOR, qui semble maintenant s’appeler Auplata, les pétitions et multiples protestations, y compris de Corinne Lepage, ont conduit le gouvernement à mener une enquête. Résultat : Nelly Olin a décidé de ne plus autoriser Cambior à ouvrir sa mine à Camp Caiman, près de la réserve naturelle de Kaw. Mais Cambior vient début décembre de reformuler sa demande en espérant que cette fois son dossier sera conforme aux précautions écologiques exigées : donc il faut rester mobilisé avec le collectif de Guyane = Quel orpaillage pour la Guyane, et avec l’amérindienne Brigitte Wyngaarde, qui dirige les Verts de Guyane =site=guyane.lesverts.fr. Pour ce qui est du projet de parc, par contre, on peut craindre le pire...
D’autant que l’Etat vient d’avouer que la lutte contre l’invasion des chercheurs d’or partout en forêt ne sera pas de la compétence du futur parc, mais de celle du ministère de l’intérieur : donc ce parc, déjà envahi, même dans sa zone coeur, ne pourra rien faire contre les assoiffés d’or. Et déjà, dans la réserve naturelle des Nouragues, créée en 1995, il y a plus de 20 chantiers illégaux, et les hommes du ministère de l’intérieur n’ont toujours pas su les expulser, même avec l’aide récente des moyens matériels de l’armée . Pire, en mai dernier deux employés de cette réserve ont été assassinés par les chercheurs d’or, et fin novembre, la station de recherche du Muséum, au coeur de la réserve des Nouragues, a été cambriolée comme il y a 2 ans.
Pour Claude Marie Vadrot, le président de l’asso JNE, journalistes pour la nature, dans son article : "Les mystères de la lutte contre l’orpaillage", (site de JNE) accuse la ministre Alliot-Marie d’avoir ordonné à la Légion Etrangère de ne pas bouger en ce qui concerne la répression de l’orpaillage. J’ ai eu confirmation de ce fait par un haut gradé de la Légion. Cela signifie que la France fait exprès d’être incompétente pour éradiquer l’orpaillage, car en milieu amazonien, seule la Légion est capable d’aller partout efficacement . Elle s’entraine pour cela depuis 1962 !
Autre personne très informée : le journaliste Frédéric Farine. Voir ses articles sur le site de RFI. Le tribunal de Cayenne vient d’acquitter deux des principaux criminels et tortionnaires, hommes-de-main du plus dangereux des bandits chercheurs d’or Jean Béna, ce qui a scandalisé beaucoup de monde . Mais guère surpris. Cela fait longtemps que la Justice en Guyane semble achetée par le lobby des chercheurs d’or. Ces personnes sont mentionnées dans l’excellent film de Philippe Lafaix = La loi de la jungle- visible sur le net sur le site de "action santé environnement" (ASE). Sur les dégats du mercure chez les Indiens, voir le site de Solidarité Guyane, via Google.fr :
L’Espagne vient de signer le seul texte de l’ONU qui défend les droits des peuples indigènes et tribaux : la Convention 169 . La France persiste à refuser de la signer pour ne pas reconnaitre des droits fonciers aux Indiens de Guyane.
On continue comme en Australie de 1788 à 1992, à y appliquer la vieille notion coloniale de Terra Nullius,=terre vacante et sans maître, comme si les Indiens n’existaient pas. Pour le moment leur territoire dépend de l’ONF, puis il va dépendre de l’EPA, cet établissement publique administratif qui va gérer le parc national.
Parc qui en réalité ne sera pas vraiment "national" car depuis la loi d’avril 2oo6, dans les DOM, les parcs doivent "être compatibles" avec les voeux du Conseil Régional, voeux signifiés dans le SAR, le schéma d’aménagement régional.
En Guyane, ce SAR couvre toute la forêt de routes. Une bénédiction pour les mineurs ! Et la loi d’avril sur les parcs précise dans un alinéa spécial Guyane que dans ce département, on pourra autoriser des travaux même au coeur du parc. Il s’agit donc d’un faux projet de parc national, rien à voir avec la protection de la nature = voir www.parc-guyane.gf pour le vérifier, mais d’un P.A.R.C., un programme d’accélération et de renforcement de la colonisation !
Jean Marcel Hurault, pionnier du combat pour la défense des Indiens du sud de la Guyane dès les années 1960, hélas décédé il y a un an, doit se retourner dans sa tombe ! C’est à lui et à l’ethnologue Robert Jaulin que l’on devait la création en 1970 du Pays Indien de 30 000 km2, tout le tiers sud de la Guyane, zone protégée au profit des 3 ethnies amérindiennes du sud, qui va être supprimée au profit de ce faux parc national !
Thierry Sallantin
4. Magouilles de la France chez les Indiens de Guyane. Témoignage., 25 décembre 2006, 21:03
Eh ben, si j’avais su tout ça, mon article aurait été plus étoffé ! J’avais lu, néanmoins l’info sur l’assassinat.
Merci pour toute l’info.
Pour Pascua Lama, au Chili, l’entreprise est, pour le moment, déboutée. Donc, les glaciers devraient rester en place et la vallée du Huasco conserver sa pureté, pour le moment. L’entreprise a néanmoins présenté un recours. La partie n’est donc pas gagnée définitivement.
Mais, ça démontre qu’il faut être sans arrêt en éveil sur tout.
Amicalement
JMH
5. Magouilles de la France chez les Indiens de Guyane. Témoignage., 25 décembre 2006, 21:28
Lu votre deuxième article sur le site de www.legrandsoir.info, cette fois sur les méfaits du tourisme sur une île des Caraibes.
Comme vient de le préciser un autre contributeur du site Bellacio, on n’insiste jamais assez sur le caractère toujours destructif de l’ethnotourisme. La revue Ikewan, de l’orga ICRA, celle qui vient de gagner en empêchant Patrick de Carolis de programmer une émission de télé - réalité qui prétendait être réalisée au sein de 5 tribus primitives, cette revue a publié un numéro spécial= L’ethnotourisme en question. De même Survival International France, qui dans sa revue a publié de Jean Claude Monod : "Vos vacances chez les Papous",(ETHNIES n. 29-30, 2003, pp 176-180 et dans son bulletin, un article sur les méfaits en Amazonie, avec en titre cette phrase d´ un Yanomami : "Quand vous arrivez, nous sommes tous morts"
Le spécialiste du tourisme Frank MICHEL diffuse sur le site de www.deroutes.com son article de la revue en ligne L’Autre Voie, mars 2004, ="Voyage en terre papoue ou le tourisme voyeur à son comble"
Mais il y a encore des gens qui croient que le tourisme fera du bien aux indiens de Guyane : ce serait le meilleur moyen d’y introduire en douceur le "développement", cette obsession des concepteurs du parc de Guyane ! En France, la principale coupable de l’invasion des touristes au sein des tribus est l’universitaire de Montpellier Sylvie Blangy. Elle enseigne pour encourager les diplomés en tourisme à exploiter les "destinations indigènes",titre de son guide édité par Indigènes Editions à Montpellier. J’ai vu cette universitaire et femme d’affaires en Guyane, lorsqu’elle a préparé un voyage d’études au Vénézuela ! Une honte, un scandale, un voyage sur mesure pour la bourgeoisie cayennaise, rien pour les responsables Indiens de la fédération FOAG, rien pour les responsables des asso de défense des peuples indigènes et les asso de protection de la nature. Tout pour cacher aux indiens que le tourisme est dangereux.
Thierry Sallantin
2. Magouilles de la France chez les Indiens de Guyane. Témoignage., 26 décembre 2006, 08:22
laisser ces gens tranquille dans ce qui connaissent , tout moderniser ausecours fouter leurs la paix aux amerindiens,
1. Magouilles de la France chez les Indiens de Guyane. Témoignage., 26 décembre 2006, 12:02
Le problème, c’est que les Indiens ne sont pas tranquilles depuis la guerre de conquête commencée par Christophe Colomb ! Donc le slogan souvent entendu : "Laissez les tranquiles, foutez leur la paix " ne tient pas pour tous ceux qui sont déjà au coeur des emmerdes de la colonisation. Pour les Wayampi, les emmerdes ont commencé vers 1800. Des colporteurs en les visitant les ont contaminés avec des germes envers lesquels ils n’avaient aucune immunité .Ils étaient 6000, les 3/4 sont morts.
Donc quand les Indiens sont menacés, il faut entreprendre des actions pour les défendre, et non rien faire au nom d’un naif "laisser les tranquilles"
Le "foutez leur la paix" ne marche que pour les Indiens qui vivent encore si isolés des axes de colonisation qu’ils ont encore des haches de pierre. Ils savent souvent que le contact ne peut être que défavorable, et ils ont fait en conséquence le choix politique de fuire plus loin au moindre bruit suspect. Selon Sydney Possuelo, il y aurait encore 49 groupes isolés en amazonie brésilienne (65% de cette forêt est au Brésil). Mais même eux, il faut prendre des mesures pour leur garantir des terres et les interdire aux envahisseurs : c’est justement le boulot de Possuelo. Si il n’y a aucune menace territoriale, en général venant de mineurs ou de coupeurs de bois, on fait exprès de ne pas aller les voir, de les laisser tranquilles.
Tout récemment, on a localisé un groupe inconnu en Bolivie. Les Toromoros. Un de mes amis, B. de Roissart, a réussi à faire échouer une expédition pseudo scientifique qui voulait les découvrir ! Et l’asso francaise de Fontenay sous Bois ICRA, dirigée par Patrick BERNARD, vient d’obtenir que le coin où ils vivent leur soit réservé.
En Guyane, il y a encore plusieurs groupes inconnus. Trois ethnologues savent où vivent ces petites tribus sans aucun contact avec l’extérieur, mais suite à ce qui est arivé aux Akulio, nous avons décidé de ne jamais divulguer leur localisation et d’empêcher quiconque d’aller les voir. Car pour les Akulio, des fuites ont fini par informer des missionnaires, et ceux-ci se sont comportés de facon tellement stupide qu’ils sont tous morts. Maintenant nous avons peur qu’avec la création de ce parc, l’étau se resserre autour de ces Indiens qui n’ont que des outils de pierre. Ailleurs, chez les Wayampi qui ne furent redécouverts qu’à la fin des années 1930, parfois le danger vient de l’intrusion de l’Etat via les instits qu’on y envoie. Ils se comportent parfois en missionnaires laics de la pire espèce, se donnant comme mission de "civiliser" les Indiens, tel l’actuel directeur de l’école de Camopi, obsédé par l’urgence d’habiller les élèves avec des tenues "normales". Il est aidé dans son oeuvre civilisatrice par un ancien boulanger occitan qui s’est positionné comme secrétaire de mairie et qui estime qu’il est là pour introduire le "développement". Le vers est donc dans le fruit. L’ethnologue Eric Navet connait depuis 1971, les multiples attaques dont sont victimes les indiens de Camopi de la part des ethnocideurs. Comment les laisser tranquilles lorsque les ennemis des Indiens sont déjà là. Et maintenant, même les autres Wayampi relativement plus isolés 2 jours plus haut en amont par pirogue à moteur, vers le rapide Itou Wassou, appelé par confusion phonétique "Trois Sauts", même ces Indiens là sont de moins en moins tranquilles. L’Education Nationale y nomme des instits depuis le début des années 1970. Certains de ces instits tentent la gageure d’enseigner sans déstabiliser, d´eduquer sans ethnocider, d’instruire sans détruire, en enseignant dans la langue locale, et en épousant les coutumes locales comme ces institutrices aux seins nus, ces instits en simple pagne rouge traditionnel. Une fois que les Indiens ont mis le doigt dans l’engrenage, ils ne peuvent comprendre la stupidité de la civilisation qui fabrique tous ces outils apparemment "merveilleux" qu’en s’instruisant pour en découvrir tous les tenants et aboutissants. Une bonne instruction bilingue ou trilingue leur permet de comprendre au bout du compte que leur facon de vivre est meilleure, écologique, durable soutenable pérennisable (difficile de traduire "sustainable" ! ) et que la civilisation dite du "progrès" n’en a plus pour longtemps, tant son projet est utopique, incompatible avec la finitude biologique de la planète.
On ne peut pas "foutre la paix" à des peuples qui sont au stade de la découverte de la modernité et qui sont de ce fait naifs, fascinés, éblouis par les lumières trompeuses de la ville et les vitrines faites pour attirer, séduire le chaland. C’est un long travail que de faire comprendre aux Indiens qu’ils doivent redevenir fiers de leur mode de vie ancestral, en général, seuls ceux qui découvrent de l’intérieur, la face cachée du mode de vie moderne finissent par décider de revenir au fond de la forêt. Mais beaucoup s’y brûlent les ailes, tels ces insectes attirés par les lumières des lampadaires. Nous-mêmes, en occident, il nous aura fallu des siècles pour finir par comprendre la vacuité de la religion du "progrès" ! Et pleins d’occidentaux sont encore naifs, loin de la prise de conscience écologique : on va croire encore longtemps aux bienfaits de la croissance !
Enfin, comment "laisser tranquilles" des Indiens déjà tellement déstabilisés par le choc culturel que l´ alcoolisme fait des ravages, et qu’il y a pleins de suicides d’adolescents !
T.S.
2. Magouilles de la France chez les Indiens de Guyane. Témoignage., 3 janvier 2007, 16:36
La liberté d’expression, c’est formidable et on n’en mesure pas assez les avantages dans nos démocraties, même galvaudées...
S’exprimer, mais pas n’importe comment. Il est beaucoup plus correct de le faire sans fautes d’orthographe et de grammaire. Car, entre autres, je suis aussi pour la défense des langues, richesse également menacée par l’inattention, la prétendue simplification, les SMS, etc.
Votre remarque, certes pertinente, perd un peu de sa valeur, car j’ai eu du mal à la déchiffrer...
Sans rancune.
Sylvia d’Arcueil