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Mayotte : Fillon veut intensifier la chasse aux “clandestins”
Publie le mercredi 15 juillet 2009 par Open-PublishingLors de son passage à Mamudzu, le premier ministre français, François Fillon, a manifesté sa volonté d’ancrer davantage l’île de Mayotte dans la République française, et ce en rompant tout lien culturel avec le reste de l’archipel.
”Quand on veut entrer dans la République, on doit en accepter toutes les valeurs”, a déclaré le premier ministre français lors de son passage à Mayotte, le samedi 11 juillet. En clair, les Mahorais sont appelés à renoncer à la polygamie et à mettre une croix sur certaines pratiques religieuses, notamment l’appel du muezzin, qualifié de “nuisances sonores”, etc. Il faut dire que cette phrase de François Fillon n’a pas été du goût d’une partie de l’auditoire. Certains Mahorais craignent, en effet, que leur fonds culturel et religieux, qui date de plusieurs millénaires, ne soit aussi brutalement dilapidé.
Radar, hélicoptère et compagnie...
Certes, la polygamie est inscrite dans le pacte de départementalisation de l’île, voté en mars dernier, il n’en reste pas moins que 35% de la population locale ne sait pas lire en français. Peu, donc, sont les Mahorais qui ont eu connaissance du projet de départementalisation de l’île et de ses conséquences, quoi qu’on en dise.
Deuxième mesure annoncée par le premier ministre français : l’installation d’un quatrième radar dans le sud de l’île “pour lutter contre l’immigration clandestine à Mayotte”. De même, un hélicoptère de la gendarmerie nationale française “sera positionné en permanence à Mayotte” pour la surveillance du lagon.
A l’endroit des Mahorais, il a notamment déclaré : “L’emploi de travailleurs clandestins ou la location de cases insalubres sont inadmissibles, d’abord pour la dignité de la personne humaine, ensuite parce qu’ils entretiennent des flux d’immigration qui risqueraient à terme de déstabiliser la société mahoraise”. Fillon s’est réjoui que depuis trois ans, “16.000 Comoriens du reste de l’archipel aient été refoulés de Mayotte”, sans autre forme de procès. La politique du chiffre, cher à son mentor, Nicolas Sarkozy, est en marche ! Ce curieux mélange de genres qui associe le Comorien de Ngazidja, d’Anjouan et de Mohéli à un lexique ordurier (“cases insalubres”) est suffisamment grave pour être signalé.
S’agissant du sort de ces centaines d’enfants aujourd’hui isolés après l’expulsion de leurs parents, Fillon a demandé aux services du secrétariat d’état à l’Outre mer, au Conseil général et à la mairie de Mamudzu de lui “faire des propositions”. A moins qu’il ne reprenne à son compte cette réponse de Jean-Marie Le Pen qui, interrogé sur cette question, a déclaré : “Bien sûr que je pense au sort de ces enfants, et ils ne doivent pas être séparés de leurs parents, c’est pour cela qu’ils partiront avec eux”.
Comme le Père Noël, le premier ministre français est arrivé à Mayotte avec des millions d’euros dans ses bagages. C’est ainsi qu’il a annoncé que la France allait débourser 6 millions d’euros supplémentaires pour la construction de bâtiments scolaires et l’aménagement du réseau routier et ce, a-til précisé, “en plus des 12 millions d’euros prévus dans le plan de relance de l’économie”.
M. Inoussa
Source : journal Al-watwan N° 1358 du 14 juillet 2009 via http://wongo.skyrock.com/