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Meyer et Finkielkraut ont eu la peau du philosophe Yves Michaud.

Publie le vendredi 6 novembre 2009 par Open-Publishing
10 commentaires

Philippe Meyer a viré Yves Michaud de son émission « L’Esprit public » sur France Culture. Pourquoi ? Parce qu’Yves Michaud s’était opposé à ceux qui défendaient Roman Polanski (Philippe Meyer, Alain Finkielkraut, etc.)

Lisez cet article très révélateur :

Yves Michaud viré de France Culture : "J’ai été doublement cocu de Polanski".

Interview Yves Michaud le 6 novembre 2009 :

Olivier Bailly : Pourquoi selon vous Philippe Meyer vous a-t-il congédié du jour au lendemain le 7 octobre. Que s’est-il passé ?

Yves Michaud : Je n’en sais rien, je n’ai pas de raison. C’est un mail qui m’a dit de rester chez moi. Sans explication, sans rien.

OB : Depuis combien de temps travailliez-vous dans l’émission l’Esprit Public ?

YM : Il m’a invité la première fois le 3 octobre 2003. Donc depuis six ans. Pratiquement chaque semaine. J’étais considéré comme l’un des trois permanents avec Bourlanges et Gallo.

OB : Avez-vous des contacts avec lui depuis ce mail ?

YM : Non, aucun.

OB : Vous avez reçu des excuses du directeur de France Culture, c’est assez paradoxal ?

YM : Oh, eh bien parce que la méthode était cavalière, je suppose. C’est tout. Cela dit c’est quand même Meyer qui est responsable de son émission. Moi, que ça soit bien clair, c’est sur la manière que je suis le plus mécontent. Je considère que Meyer est le responsable de son émission. Il prend qui il veut, et il change avec qui il veut, que ça soit bien clair. J’ai toujours considéré que j’étais un membre temporaire, même si je me suis aperçu à cette occasion-là que ça faisait six ans. Donc c’est lui le responsable, c’est lui le créateur de la formule. Il fait strictement ce qu’il veut. J’aurais apprécié que ça se passe dans des conditions légèrement différentes et pas être congédié comme un domestique.

OB : Si on essaye de comprendre un peu plus précisément les raisons, il semble que c’est l’enregistrement de l’émission du 4 octobre qui a déclenché cette affaire ?

YM : J’ai deux conjectures. Je l’ai vu vraiment irrité le 4 octobre. J’avais d’ailleurs développé les mêmes idées qu’avec Finkielkraut sans aucun problème, celles que développe par exemple Olivier Mongin dans le numéro d’Esprit de cette semaine. J’ai vu que Meyer était très irrité par ça et j’ai souligné que nous n’étions pas d’accord, que je n’étais pas d’accord avec lui pendant l’émission. L’autre explication, plus machiavélienne, serait qu’il voulait rééquilibrer son émission parce que Gallo représente la droite, Bourlanges le centre et Olivennes la gauche donc je n’avais plus ma place. C’est possible, aussi, ça. Mais j’aurais apprécié qu’il me le dise.

OB : C’est l’affaire Polanski qui a donc déclenché tout ça ?

YM : Oui, je pense que c’est l’affaire Polanski. Cette affaire en elle-même est extrêmement intéressante. Je me réserve d’y revenir un de ces quatre matins sous forme plus argumentée. Elle a quand même rendue manifeste une polarisation très forte dans la société française entre, disons, la France d’en haut et la France d’en bas. La France d’en haut, c’est-à-dire les élites parisiennes médiatiques, et puis le commun des mortels, dont je suis d’ailleurs, puisqu’on voyait partout que les sondages donnaient 60 à 70% de gens qui trouvaient les poursuites légitimes, mais exactement comme pour Chirac ou pour le fils de Sarkozy. Effectivement aujourd’hui il y a un vrai clivage entre la France d’en haut, parisienne, médiatique, arrogante, et la France d’en bas. Ce qui m’amuse le plus, de ce point de vue-là, c’est que d’habitude c’est la France d’en bas qui détestait la France d’en haut. Aujourd’hui c’est plutôt l’inverse. Il y a une sorte de haine envers le peuple très étonnante qui d’ailleurs se traduit aussi chez certains penseurs !

OB : Vous disiez tout à l’heure que Philippe Meyer était irrité lors de l’enregistrement de l’émission du 4 octobre. Vous vous souvenez pour quelles raisons ?

YM : Je revenais au fait. Ce que j’ai dit plus tard avec Finkielkraut. Il se trouve que c’est un dossier que je connais, que les abus sexuels ce n’est pas rien, que de toute manière il y avait eu viol, sodomie, il y avait eu un arrangement avec la justice américaine puisque ça fait partie du fonctionnement normal avec la justice américaine et que Polanski était quand même un fugitif. Point à la ligne.

OB : Lors de cette émission, Max Gallo et Jean-Louis Bourlanges sont sur votre longueur d’onde. Dans ce cas, on ne comprend pas bien les raisons qu’aurait eu Philippe Meyer de se séparer de vous.

YM : Ils enveloppent toujours plus leurs propos. Moi j’avais la réputation d’être extrêmement direct et même un peu mal léché. Même quand c’est la même chose c’est plus enveloppé, tandis que moi c’est plus direct. Encore une fois, quand vous êtes viré du jour au lendemain au bout de six ans, et juste avant la fête du 10ème anniversaire (le 3 décembre), vous vous posez des questions, c’est tout, comme n’importe quel employé pourrait se poser des questions.

OB : Les auditeurs aussi se demandent pourquoi Yves Michaud n’apparaît plus dans l’Esprit Public !

YM : Philippe Meyer a écrit dans le temps un livre très bien qui s’appelle « Le communisme est-il soluble dans l’alcool ? » Il connaît très bien le fonctionnement soviétique, mais il le pratique aussi !

OB : Après l’émission du 4 octobre, vous êtes invité la semaine qui suit, le 9 octobre, sur France Inter, avec Alain Finkielkraut, pour parler de votre livre, « Qu’est-ce que le mérite ? » (éditions François Bourin).

YM : J’étais invité de 9 heures moins vingt à 9heures pour parler de mon livre.

OB : Mais pourquoi l’affaire Polanski revient-elle alors sur le tapis ?

YM : Ce n’est pas du tout de ma faute. Je suis hors du studio, j’attends mon tour, comme chez le coiffeur, et brusquement Finkielkraut se livre à une sortie invraisemblable en faveur de Polanski, dénonçant le lynchage par Internet et le peuple de ce grand artiste Polanski. C’est assez marrant ce qui se passe. J’attendais donc de passer et les gens autour de Demorand me demandent « vous entendez ce qu’il dit ? ». Je réponds que j’entends vaguement mais, qu’est-ce que vous voulez, je m’en fiche un peu. Et puis comme l’avant veille je m’étais fait virer, Polanski je commençais à en avoir marre.

Ils me disent alors que Demorand allait sûrement me poser des questions là-dessus. Bon. En studio pendant ce temps il y avait plein d’appels indignés des gens. Quand je rentre on me pose la question et je dis que je ne suis pas du tout d’accord. En un sens, ça le soulage beaucoup, Demorand, parce qu’il était content d’avoir un contradicteur de Finkielkraut. Mais ce n’était pas du tout prévu, c’était du direct absolu. Il était content d’avoir un contradicteur parce que tous les auditeurs téléphonaient, fous de rage. Moi, j’étais un peu désabusé en me disant que c’était foutu pour mon livre « Qu’est-ce que le Mérite » ! Et comme je l’ai dit, "j’étais venu parler de mon livre, mais puisqu’il faut parler de Polanski on va en parler". C’est à ce moment-là que se produit la joute.

OB : Vous avez été, selon votre propre expression, « doublement cocu de Polanski » ?

YM : Exactement. Et puis alors en plus, au moment de partir, je dis à Demorand « dites donc, vous étiez bien content de m’avoir, mais vous m’avez baisé parce qu’on n’a pas parlé de mon livre » et je lui ai dit « il faudra me réinviter ». Mais je n’ai rien vu venir, depuis. J’ai eu l’impression qu’il ne fallait pas trop toucher à Finkielkraut.

La vidéo de l’émission du 9 octobre animée par Nicolas Demorand sur France Inter, avec les philosophes Alain Finkielkraut et Yves Michaud au sujet de l’affaire Polanski :

http://www.agoravox.fr/actualites/medias/article/yves-michaud-vire-de-france-64534

Messages

  • Il y a une sorte de haine envers le peuple très étonnante qui d’ailleurs se traduit aussi chez certains penseurs !

    Concernant Finkielkraut, la formule ci-dessus est un euphémisme

    • "Etre homme, c’est confier la forme de son destin à la littérature" écrit Finkielkraut en conclusion de son dernier bouquin.

      je croyais qu’être homme c’est être plombier parmi les plombiers, gardien d’immeuble parmi les gardiens d’immeuble, prof de gym parmi les profs de gym bref, c’est être nous tous parmi nous tous.

      On n’est pas obligés d’écrire ni de bouquiner pour être homme, ni de limiter ses relations sociales à des lettrés supérieurs qui s’imaginent seuls à jouir de la quintessence spirituelle. Quand tu regardes un arbre, un ciel, l’horizon, ou quand tu cultives ton champ, tu n’es pas moins homme que quand tu gratouilles le papier et tourne les feuilles

      Le grand Mallarmé prenait le plus grand plaisir à la conversation du paysan son voisin du côté de Fontainebleau, évidemment ! il découvrait la lune ! Prenez une idée rare développez-la, vous trouvez une idée qui court la rue. Prenez une idée qui court la rue, creusez-la, vous trouvez une idée rare. A quoi bon penser (John Cage)

      C’est fini ce temps où le happy few, sous prétexte qu’il fut seul pendant des siècles à avoir voix au chapitre, s’imagine plus intelligent. Tout le monde est intelligent

      Merci Internet

  • Entre les gens qui savent causer en enveloppant la m...e, la glisser avec moult petits sourires, des coups de menton entendus, et ceux qui causent direct, c’est sûr qu’il faut au moins faire taire ces derniers, virer et licencier.

    Pour Y. Michaud que je ne connais pas perso, c’est pas une consolation, mais c’est partout comme ça .

    C’est le débat qui n’est jamais mené à son terme. Qui dit discussion dit alternance de points de vue opposés. Les conclusions sont obligatoires mais elles doivent être tirées de la juste répartition des idées. C’est grave.

    • Quant à l’affaire Polanski, elle nous fait chier sur toute la ligne.

      La "victime d’autrefois" elle-même voudrait la paix. C’est un droit absolu. La médiatisation planétaire est stupide et vaut bien un nouveau viol de la vie privée, cette fois. Personne n’aimerait ça.

      Quel sens peut avoir un emprisonnement plus de vingt ans après les faits ? D’un vieux beau, qui nécessairement à appris la vie depuis.

      C’est insensé.

      On ferait mille fois mieux d’aider les jeunes à ne pas tomber dans les mêmes ornières.

      Et comme le disait mon grand-père : une sanction même forte, c’est immédiat ou c’est jamais.

      Le reste c’est de la complaisance pour discussions faussement psychologiques pour des gens derrière la télé qui n’ont rien d’autre à commenter.

    • "Comme disait mon grand-père : une sanction même forte, c’est immédiat ou c’est jamais".

      Il avait raison, votre grand-père, sauf que ce n’est valable que pour ceux dont la responsabilité ne peut être engagée : les mineurs et les animaux.

      Monsieur Polanski faisait-il partie de l’une ou l’autre de ces catégories au moment des faits ? non, puisque il a été jugé, et qu’il a fui aussitôt après..

    • si vous étiez un fidèle auditeur de l’esprit public entre 11 h 00 et 12 h 00 sur france culture chaque dimanche, vous connaîtriez yves michaud, son esprit libre et direct, sa connaissance des dossiers dont il parle, c’est quelqu’un que j’apprécie énormément, il a été remplacé par denis olivennes qui n’arrive pas à sa cheville, mais avec lui pas de risque qu’il dise un mot plus haut que l’autre, philippe meyer me déçoit !

  • Philippe Meyer est le seul responsable de l’éviction d’Yves Michaud.
    Alain Finkielkraut n’y est pour rien. Pour une bonne raison, Meyer l’a congédié avant son débat avec AF sur France Inter.
    Arrêtez le délire !!!

  • Dis Finkielkraut, parle nous d’Eric Raoult et du devoir de réserve auquel sont tenus le lauréats du prix Goncourt ?
    Dis Finkielkraut, à ton avis qu’est ce qui est grave, violer une mineure ou ne pas aimer Sarkozy ?
    Dis, Finkielkraut, la France qui fait peur, ce n’est pas celle qui veut faire taire Marie Ndiaye ?