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Ne pas réduire la dette publique mais la stabiliser et relancer le pays

Publie le dimanche 24 septembre 2006 par Open-Publishing

traduit de l’italien par karl&rosa

L’issue des élections politiques d’avril et l’entrée en fonction du Gouvernement Prodi ont suscité chez la majorité des Italiens une forte attente de redémarrage de l’économie et de redéfinition des orientations de politique économique à des fins d’équité et de cohésion sociale.

Dans ce but des mesures courageuses et incisives se rendent indispensables : un programme de législature prévoyant d’amples investissements dans le système des infrastructures matérielles et immatérielles, dans l’instruction, dans la formation et la recherche scientifique et technologique, une orientation de politique industrielle qui pousse notre tissu productif vers un modèle de développement fondé sur de nouvelles technologies et qui s’avère équilibré sur le plan environnemental et territorial ; une discipline différente du marché du travail et des relations industrielles qui restaure les conditions pour la croissance des salaires réels, pour le dépassement d’une logique productive basée sur la précarité du travail, pour le renforcement des amortisseurs sociaux et plus en général des instruments de la solidarité sociale.

Il s’agit d’interventions nécessaires, inéluctables, pour la poursuite desquelles il faut un engagement et des ressources.

Notre inquiétude est que le Gouvernement soit en train de s’orienter vers une politique générale des finances publiques empêchant toute possibilité de donner une réponse aux exigences réelles du Pays. En effet, du Document de programmation économique et financière semble émerger une lourde manœuvre de finance publique visant à la réalisation d’une réduction rapide du rapport entre dette publique et PIB. La poursuite d’un tel objectif demanderait l’accumulation d’avances primaires annuelles extrêmement larges. Cela impliquerait des coupes significatives dans la dépense publique, des augmentations du prélèvement fiscal non réutilisables dans l’économie et, probablement, davantage de fermetures et de privatisations.

Si ce genre d’orientation avait le dessus, les effets sur le système économique et social pourraient s’avérer délétères. D’un côté, on aurait une compression ultérieure de la demande agrégée et donc des niveaux d’activité économique, avec des reflets négatifs même sur le budget public. De l’autre, on renoncerait à utiliser des ressources réelles et financières dans des politiques structurelles utiles au redémarrage et au développement économico social.

Il nous tarde de mettre en évidence que cette voie n’est nullement obligatoire. Il ne subsiste pas, en effet, de liens institutionnels ni d’impératifs technico-économiques imposant une réduction de la dette.

Premièrement, l’unification monétaire européenne et la présence d’un marché financier intégré ont fortement redimensionné les différentiels entre les taux d’intérêt des pays membres et il ne subsiste aucune raison techniquement plausible pour s’attendre à des augmentations significatives et durables de ces différentiels. Et donc, toute référence à d’éventuelles réactions adverses de la part des marchés devrait être sérieusement argumentée sur le plan technoscientifique, plutôt qu’être simplement évoquée.
Deuxièmement, l’analyse économique montre qu’il n’existe pas une définition unique plausible de possibilité de soutenir les finances publiques pour toute différence donnée entre les taux d’intérêt et les taux de croissance du revenu, mais qu’il existe de multiples combinaisons possibles du déficit et de la dette, toutes soutenables sur le plan de la stricte logique économique. Cela veut dire que les contraintes du déficit à 3% et de la dette à 60% du PIB, établies par le Traité de l’Union, ne possèdent en tant que telles aucune légitimation scientifique. C’est pourquoi rien n’empêche qu’elles soient soumises à une nouvelle et différente évaluation au niveau politique, national et européen. A cet égard, il est opportun de rappeler que le Traité de l’Union ne prévoit pas de sanctions par rapport à la contrainte de la dette publique à 60% et que les sanctions prévues quand le déficit dépasse la limite de 3% n’ont pas été appliquées jusqu’ici, malgré les violations significatives et répétées.

Il n’y a donc aucune raison valable pour imposer au Pays une action de réduction drastique de la dette, notre système économique attend plutôt un redémarrage responsable, rationnel, innovateur, de l’intervention publique dans l’économie. Dans ce but, nous proposons que le Gouvernement fixe comme un objectif général de législature non pas la réduction mais seulement la stabilisation de la dette par rapport au PIB, en déterminant par conséquent la valeur du rapport entre le déficit et le PIB. L’exigence éventuelle de réductions ultérieures du rapport entre déficit et PIB - à vérifier dans les instances du Parlement national, de la Commission et du Conseil européens - devrait, de tout façon, être examinée en tenant compte de la non application de sanctions vis-à-vis des pays membres qui présentaient dans les années passées des « déficits excessifs ». De plus, plus en général, toute intervention sur le déficit devrait être évaluée à la lumière de la nécessité d’agir toujours et exclusivement dans des termes anti-cycliques par rapport à l’allure de l’économie et de soutenir des tendances plus poussées de développement du revenu et de l’emploi.

Voila, à notre avis, les options de finance publique qui dans la situation actuelle s’avèrent compatibles avec les objectifs fondamentaux de développement économique du Pays et de respect des principes les plus élémentaires d’équité et de justice sociale.

Adhésions
Riccardo Realfonzo (Université du Sannio), Bruno Bosco (Université de Milan Bicocca), Emiliano Brancaccio (Université du Sannio), Roberto Ciccone (Université de Rome Trois), Nicola Acocella (Université de Rome “La Sapienza”), Roberto Artoni (Université Bocconi de Milan), Enrico Bellino (Université Catholique de Milan), Mario Biagioli (Université de Parme), Adriano Birolo (Université de Padoue), Paolo Bosi (Université de Modène et Reggio Emilia), Dino Bruno (économiste), Mario Cassetti (Université de Brescia), Luigi Cavallaro (journaliste), Valerio Cerretano (Université Libre de Bolzano), Sergio Cesaratto (Université de Sienne), Guglielmo Chiodi (Université de Rome “La Sapienza”), Francesca Corrado (Université de Modène et Reggio Emilia), Carmela D’Apice (Université de Rome Trois), Pasquale De Muro (Université de Rome Trois), Giancarlo de Vivo (Université de Naples “Federico II”), Amedeo Di Maio (Université de Naples “L’Orientale”), Leonardo Ditta (Université de Rome “La Sapienza”), Marianna Epicoco (Université de Milan), Sergio Ferrari (ENEA), Stefano Figuera (Université de Catane), Luciano Fiordoni (économiste MPS), Massimo Florio (Université de Milan), Giuseppe Fontana (Université du Sannio), Guglielmo Forges Davanzati (Université de Lecce), Saverio M. Fratini (Université de Rome Trois), Andrea Fumagalli (Université de Pavie), Pierangelo Garegnani (Université de Rome Trois), Francesco Garibaldo (Institut pour le Travail), Giorgio Gattei (Université de Bologne), Augusto Graziani (Université de Rome “La Sapienza”), Bruno Jossa (Université de Naples “Federico II”), Sergio Levrero (Université de Rome Trois), Stefano Lucarelli (Université Polytechnique des Marches), Vincenzo Maffeo (Université de Rome “La Sapienza”), Giovanni Mazzetti (Université de Calabre), Franca Meloni (Université de Naples “Federico II”), Luca Michelini (Université LUM), Nerio Naldi (Université de Rome “La Sapienza”), Guido Ortona (Université du Piémont Oriental), Antonella Palumbo (Université de Rome Trois), Marco Passarella (Université de Florence), Sergio Parrinello (Université de Rome “La Sapienza”), Fabio Petri (Université de Sienne), Antonella Picchio (Université de Modène et Reggio Emilia), Marco Piccioni (Université de Naples “Federico II”), Francesco Pingue (Université de Naples “Federico II”), Massimo Pivetti (Université de Rome “La Sapienza”), Felice Roberto Pizzuti (Université de Rome “La Sapienza”), Paolo Ramazzotti (Université de Macerata), Fabio Ravagnani (Université de Rome “La Sapienza”), Angelo Reati (économiste), Roberto Romano (Bureau d’Etudes Cgil), Eleonora Sanfilippo (Université de Rome “La Sapienza”), Alessandro Santoro (Université de Milan Bicocca), Francesco Scacciati (Université de Turin), Ernesto Screpanti (Université de Sienne), Riccardo Soliani (Université de Gênes), Antonella Stirati (Université de Rome Trois), Francesca Stroffolini (Université de Naples “Federico II”), Cristina Tajani (Université de Milan), Mario Tiberi (Université de Rome “La Sapienza”), Guido Tortorella Esposito (Université du Sannio), Attilio Trezzini (Université de Rome Trois), Giovanna Vertova (Université de Bergame), Carmen Vita (Université de Sannio), Adelino Zanini (Université Polytechnique des Marches).

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