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Propositions pour la nouvelle étape du développement de la Réunion .-1-
Publie le mercredi 28 mars 2007 par Open-PublishingDES DÉFIS SANS PRÉCÉDENT
D’ici 2030, la population de La Réunion achèvera sa transition démographique et
connaîtra un fort accroissement (+25% environ) pour atteindre le million d’habitants.
En même temps que la structure de la population en sera profondément
modifiée, la population active, qui est actuellement de 300 000 personnes (dont 30
% de chômeurs), s’accroîtra de près de 50 % pour atteindre le nombre de 440 000.
Si rien ne devait changer dans la société actuelle, ces chiffres sont lourds de
menaces pour la cohésion sociale d’une île comptant déjà près de 100 000 chômeurs,
120 000 illettrés, plus de 75 000 foyers — correspondant à plus de
190 000 personnes — assujettis au RMI, 400 000 personnes concernées par la
CMU. Enfin, les prochaines décennies verront plusieurs dizaines de milliers de
personnes accéder à l’âge de la retraite. Faute du nombre d’annuités de cotisations
requis, conséquences de la permanence d’un chômage de masse, de la précarité
de l’emploi et des contrats aidés, elles relèveront des minima vieillesse et
seront confrontées à la misère.
La progression démographique amplifie les défis à tous les niveaux.
L’urbanisation croissante, l’urgence de la réponse à apporter à l’importante demande
de logements sociaux, la spéculation foncière et locative, la dégradation de l’environnement
exigeront d’importants efforts en matière d’aménagement rationnel du territoire,
de mobilisation des ressources et de gestion économe de l’eau, de préservation
du milieu naturel et du littoral, de traitements des déchets. De même, les risques sanitaires,
comme l’a montré en 2005 l’épidémie de chikungunya, font peser de réelles
menaces sur la santé publique et exigent une vigilance constante.
L’accroissement de la population, les besoins en logements et en emplois qui en
découlent, exigent que soit réglée la question des déplacements, or la croissance continue
du parc automobile (330 000 véhicules actuellement et 30 000 immatriculations
supplémentaires par an) exige des investissements importants et une réelle alternative
au « tout automobile » pour éviter le « coma circulatoire » de notre réseau de communication
encore insuffisant et inadapté.
Les changements climatiques renforcent les risques naturels en induisant des phénomènes
météorologiques extrêmes, accrus par la géomorphologie de l’île (déborde-
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ments de ravines, inondations, cyclones, éboulements, glissements de terrain) dont
Diwa et Gamède ont donné un dramatique aperçu en 2006 et 2007. Ils bouleversent
nos habitudes et nous obligent à développer une culture de la prévention et d’adaptation
aux risques liés à ces phénomènes climatiques extrêmes. Enfin, ils placent la question
de l’énergie au centre des préoccupations et des problématiques du développement
durable.
Dans ce contexte de croissance des besoins, l’adhésion de nouveaux États membres à
l’Union Européenne (27 États depuis 2007, pour une population totale de 500 millions
d’habitants) restreindra probablement, pour les Régions Ultrapériphériques (RUP) de
l’Union européenne, les possibilités d’augmentation des fonds structurels au cours des
prochaines périodes, au moment même où les ressources financières des collectivités
locales sont soumises à de fortes contraintes (impact de la décentralisation, échéance
de la réforme de l’octroi de mer en 2014).
Enfin, les effets de la mondialisation se feront sentir sur notre petite économie insulaire
et vulnérable, tant au niveau de l’agriculture et de l’économie sucrière (fin du
règlement sucrier actuel en 2013) que des échanges commerciaux (impact des Accords
de Partenariat Économique à compter de 2008).
Les années qui viennent sont donc, pour La Réunion et ses habitants, celles de tous les
risques, tant du fait des dangers à affronter que des défis à relever. Les effets combinés
de la progression démographique, des changements climatiques et de la mondialisation
sur notre société et notre économie ne nous laissent aucun sursis. Ces défis
sont sans précédent et les moyens d’y faire face ne se représenteront sans doute
pas avant longtemps.
C’est aux Réunionnais qu’échoit la responsabilité d’élaborer des solutions aux problèmes
spécifiques que doit affronter La Réunion, en ce début du 21e siècle, en tant que
département français, RUP de l’Union européenne et île de l’océan Indien.
L’Alliance entend ainsi contribuer à l’expression d’une parole réunionnaise forte,
pour agir et non subir, notamment à l’occasion du débat public ouvert dans le
cadre de l’élection présidentielle.
C’est dans cet esprit que l’Alliance s’adresse à tous les habitants de La Réunion.
Les propositions que nous formulons s’articulent à différents niveaux :
● au préalable, la consolidation du « socle du développement » par le respect
des engagements contractuels pluriannuels ;
● sur cette base, des mesures urgentes et prioritaires doivent être prises
pour faire face à la situation sociale et aux préoccupations immédiates de la
population ;
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● ces mesures doivent contribuer à la mise en oeuvre d’un plan de
développement global, construisant La Réunion du million d’habitants.
I - LE SOCLE DU DÉVELOPPEMENT
Protocole d’accord du 19 janvier 2007 sur le tram-train et la route du littoral, Contrat de
Projet État-Région (CPER) et Programmes Opérationnels Européens (POE) (2007-2013)
Le 19 janvier 2007 à Matignon, le Premier Ministre et le Président de la Région
Réunion ont signé un accord qualifié d’historique, parachevant des années d’études, de
consultations et de négociations et garantissant le financement de deux équipements
majeurs pour le développement des infrastructures de transports de l’île : le tram-train,
dont la livraison pour la section Sainte-Marie—Saint-Paul est prévue pour 2013, et la
nouvelle route littorale, prévue pour 2016.
Ce protocole d’accord garantit pour La Réunion un effort d’investissement de 2,245
milliards d’euros (près de 15 milliards de francs).
Ajoutés à celui de la route des Tamarins, dont la livraison est prévue début 2009, et à
diverses et importantes autres opérations (achèvement du boulevard Sud, déviations
de Grand Bois et de Saint-Joseph, programmation des prochaines phases du tram-train
dans le Sud et dans l’Est, etc.), ces travaux doteront La Réunion des infrastructures
indispensables aux transports, aux déplacements, aux économies d’énergie, à la restructuration
de l’aménagement urbain et à l’aménagement de notre espace insulaire.
Il conviendra par la suite de compléter ces infrastructures, notamment par la réalisation
de la route circulaire de moyenne altitude au-delà des extrémités de l’actuelle
route des Tamarins.
En même temps, ces travaux se traduiront par la création de milliers d’emplois. Avec
la garantie de ces chantiers, c’est toute l’économie réunionnaise qui est ainsi relancée
pour les 7 à 10 prochaines années.
Par ailleurs le partenariat financier avec l’État (CPER 2007-2013 : 250 millions d’euros
pour la part État, hors tram-train et route du littoral) et avec l’Europe (POE 2007-2013 :
1,897 milliard d’euros de fonds européens) permettra de poursuivre, sur toute la période,
l’effort d’investissement concernant l’éducation, la recherche, la formation professionnelle,
les transports, l’aménagement du territoire, l’aide à l’économie, le développement
des nouvelles technologies, la mise en place des équipements publics, etc.
Globalement, le protocole d’accord sur le tram-train et la nouvelle route du littoral, le
Contrat de Projet État Région (CPER) et les Programmes Opérationnels Européens (POE)
représentent des engagements financiers cumulés de l’Europe, de l’État et des
Collectivités d’environ de 4,5 milliards d’euros, soit près de 30 milliards de francs, et
couvrent l’ensemble des secteurs.
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Le respect des engagements contractuels
Ces programmes — dont il nous faut mesurer la portée — fondent le socle du
développement sur lequel s’édifient concrètement la société et l’économie de
l’île. Ils constituent un enjeu capital tant par l’impact attendu des infrastructures programmées
que par les masses financières que ces programmes draineront vers notre
économie ainsi que par les effets induits non seulement dans le BTP mais aussi dans
tous les autres secteurs.
Or la période 2007-2013, sur laquelle est contractualisée la grande partie de ces crédits,
coïncide quasiment avec la durée du prochain mandat présidentiel. Il est donc
important que les candidats s’engagent à respecter les montants arrêtés et les échéances
fixées dans ces différents documents, dans la continuité d’une politique globale
fondée sur le partenariat État/Collectivités locales. C’est avec la conscience de la portée
de ces enjeux que, réunie le 13 février 2007, l’assemblée plénière du Conseil
Régional s’est prononcée par un vote nominal : sur les 45 membres composant le
Conseil régional, 1 seul conseiller Régional a voté contre ; 32 conseillers régionaux ont
approuvé, sept dont cinq socialistes n’ont pas pris part au vote et 5 étaient absents.
C’est donc une très large majorité qui a approuvé ces documents.
II - LES MESURES URGENTES ET PRIORITAIRES
La situation sociale à laquelle sont confrontés les Réunionnais est contrastée : si une partie
de la population bénéficie du relatif dynamisme de l’économie ou de la sécurité de
l’emploi dans le secteur public, ou pour certains de revenus aisés, les chiffres du RMI,
du chômage, de la CMU, de l’illettrisme, de l’insécurité, du nombre d’emplois précaires,
des revenus de travail modestes, des demandeurs de logement et de l’érosion du pouvoir
d’achat sont là pour rappeler que la majorité de nos compatriotes est confrontée à
des difficultés dans sa vie quotidienne et attend des solutions concrètes à ses problèmes.
C’est pourquoi, au-delà des opérations inscrites dans les documents contractuels, et
dans la perspective de la mise en oeuvre d’un plan de développement durable à long
terme, des mesures urgentes et prioritaires doivent être prises pour répondre aux préoccupations
de la population, dans tous les domaines de sa vie personnelle, sociale ou
professionnelle.