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Propositions pour la nouvelle étape du développement de la Réunion .-2-
Publie le mercredi 28 mars 2007 par Open-Publishing1 – L’EMPLOI ET LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE
Le taux de chômage actuel (30% de la population active) est insupportable. Afin de le
résorber et d’accueillir les 144 000 actifs supplémentaires attendus d’ici à 2030, 200 000
emplois sont à créer dans les 20 prochaines années. Seule la mise en place d’un plan
de développement durable et global permettra d’opérer le changement d’échelle à la
hauteur du défi posé : c’est l’enjeu du Plan Régional du développement durable (PR2D).
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Mais compte tenu de l’urgence, sans plus attendre, il convient de prendre un certain
nombre de mesures :
A - Le développement de l’économie concurrentielle
A1- Anticiper l’impact des investissements publics
Un inventaire des besoins devra être rapidement réalisé afin, d’une part, de préparer
le maximum de Réunionnais à occuper les milliers d’emplois générés par les chantiers
programmés dans les documents contractuels, et d’autre part préparer les entreprises
locales à participer à la réalisation des investissements. Ainsi, à l’instar de ce qui a été
réalisé pour la route des Tamarins, des dispositifs spécifiques devront être mis en place
pour les emplois induits par les chantiers du tram-train et de la nouvelle route littorale.
De même, il conviendra de créer les conditions permettant aux entreprises réunionnaises
de prendre toute leur part dans les marchés et activités découlant de ces
investissements.
A2 - Créer un statut d’entreprise franche pour les secteurs stratégiques
Le PR2D identifie les « domaines d’activités stratégiques », secteurs où La Réunion peut
atteindre l’excellence. Certains de ces secteurs sont soumis aux fortes contraintes de la
compétitivité. Il est proposé que les entreprises de ces secteurs stratégiques bénéficient
d’un statut d’ « entreprise franche » sans restriction d’ordre géographique. Les
secteurs de l’agro-nutrition en milieu tropical, du tourisme, des énergies renouvelables
et des nouvelles technologies de communication —qui ont déjà créé des centaines
d’emplois pérennes— doivent bénéficier en priorité d’un tel dispositif, dont les modalités
sont à préciser en concertation avec les acteurs économiques et sociaux.
A3 - La dynamisation du marché intérieur
Compte tenu du dynamisme démographique, les secteurs de l’import substitution
représentent des potentialités de développement non négligeables. Le PR2D reconnaît
la nécessité de consolider les secteurs traditionnels de l’économie réunionnaise.
C’est pourquoi nous proposons de rechercher les modalités permettant de privilégier
la production locale, notamment dans le secteur agro-alimentaire, à travers deux
moyens :
● des accords entre la grande distribution et les producteurs locaux ;
● l’organisation de la restauration collective par des conventions entre les
producteurs locaux et les autorités concernées (hôpitaux, armée, collectivités
locales pour la restauration administrative et la restauration scolaire ) .
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Par ailleurs, toute action visant à promouvoir la production locale doit être encouragée,
en complément de l’amélioration des régimes d’aides mis en place par l’État, les collectivités
et/ou l’Europe. Il conviendra, dans ce but, de tirer le meilleur parti de la dotation
instaurée par l’Europe visant à compenser les surcoûts et destinée à prendre en
charge les “intrants” en provenance de la métropole ou de l’Europe.
A4 - L’ouverture sur l’extérieur
Dans le droit fil des orientations du PR2D, il convient de saisir les opportunités offertes
par le développement des échanges économiques à l’échelle mondiale et en particulier
dans notre environnement géo-économique. La résolution du problème de l’emploi
à La Réunion exige l’extension de son marché. Au-delà de l’enjeu constitué par les
Accords de Partenariat Économique (A.P.E.) entre l’Union européenne et les pays ACP
et de la nécessité de faire prévaloir les intérêts de La Réunion, nous pensons qu’il est
à notre portée de mettre l’accent sur des accords de complémentarité entre notre île
et ses voisins de l’océan Indien, en accompagnant les entreprises et la mobilité des
personnes dans une démarche de co-développement. Des accords ciblés avec les deux
géants que sont l’Inde et la Chine représentent également des possibilités pour nos
entreprises. Mais cette ouverture de La Réunion sur l’extérieur, devant s’appuyer sur le
tissu économique local, implique qu’elle soit maîtrisée et progressive.
A5 - Le foncier d’entreprises
La question de la disponibilité et de la mobilisation du foncier économique est décisive
pour la création de zones d’activités génératrices d’emplois.
C’est pourquoi, il s’avère indispensable de définir une stratégie d’émergences de pôles
de développement en cohérence avec l’aménagement global du territoire. A cet effet,
des missions doivent être confiées aux opérateurs fonciers dans le cadre d’une approche
globale et coordonnée.
B - Le développement de l’économie alternative
La Réunion est le département où le taux de chômage — près de 30% — est le plus
élevé de la République. En dépit des différentes lois (LOOM et LOPOM) votées au cours
des deux dernières législatures et basées sur les mêmes principes (défiscalisation, exonérations
des charges, etc.), cette situation perdure. Cette situation de chômage insupportable
est grosse de graves troubles sociaux. Si rien ne devait changer, elle continuera
de s’aggraver puisque, aujourd’hui, La Réunion compte 100 000 personnes privées
d’emploi et qu’au cours des 25 années à venir, elle comptera 144 000 actifs de plus.
En conséquence :
Les mesures de développement économique prévues dans le Plan Régional de développement
durable (PR2D), la mise en oeuvre des opérations inscrites dans le Contrat
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de projet État-Région et les Programmes opérationnels européens (POE), les chantiers de
la route du littoral et du tram-train vont générer des milliers d’emplois durables. Malgré
tout, cela ne suffira pas à régler le problème du chômage. C’est pourquoi, à côté de l’économie
concurrentielle, il convient de développer l’économie alternative autour de deux
secteurs pouvant générer des emplois : l’Environnement et les Services à la personne.
B1 - Les métiers de l’environnement
L’existence d’un Parc Marin, la création d’un Parc National, l’impérieuse nécessité de
prémunir La Réunion contre les effets du changement climatique — lutte contre l’érosion
notamment —, la préservation de tout l’éco-système, ainsi que la prévention des
maladies émergentes ou résurgentes exigent une action forte dans le domaine de l’environnement.
Des milliers de Réunionnais ont travaillé dans ce domaine dans des conditions précaires.
Il convient de tirer collectivement profit de cette expérience en les formant davantage
et bâtir ainsi une véritable filière professionnelle des métiers de l’environnement.
B2 - Les services à la personne
La Réunion est confrontée à deux phénomènes engendrant des besoins sociaux nouveaux : d’une part, l’urbanisation accélérée, et d’autre part l’évolution de la structure
démographique avec, notamment dans les prochaines décennies, une forte augmentation
de la proportion de personnes âgées dont nous avons déjà vu que, dans leur
grande majorité, elles ne disposeront que des minima vieillesse pour survivre.
A l’instar de ce qui existe déjà en Métropole en termes d’encadrement, d’aide et de
soutien pour les personnes fragiles ou en difficulté (personnes âgées, handicapées,
petite enfance, parents isolés, lutte contre l’illettrisme, soutien scolaire, etc.) et par
rapport aux prévisions de création d’emplois dans ce domaine, La Réunion accuse un
retard considérable.
Dans les cinq prochaines années, on estime à 40 000 le nombre d’emplois nécessaires
dans ces secteurs. Il convient donc de prévoir les formations adéquates en renforçant
les capacités d’accueil des institutions existantes, en en créant d’autres pour faire face
aux besoins, et en tirant le meilleur parti des dispositifs existants en matière d’emplois
aidés...
L’effort du gouvernement dans ce domaine doit être constant et à la mesure de l’état
de catastrophe que le taux de chômage représente dans notre île.
Il faut, dans les meilleurs délais, revenir à un niveau d’emplois aidés conforme à la
situation de La Réunion. Tant que l’économie alternative ne sera pas en mesure de produire
ses propres ressources, le recours aux emplois aidés sera nécessaire, mais le
recours à ce type d’emplois doit se faire avec la préoccupation permanente de préparer
une insertion définitive des bénéficiaires.
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En 1999, pour les emplois aidés, le Fonds pour l’emploi dans les départements d’outre-
mer (FEDOM) avait inscrit à son budget des crédits pouvant assurer jusqu’à 60 000
contrats par an. Pour les années à venir, il conviendrait de rétablir ces crédits à un
niveau au moins équivalent à celui de 1999 ; les modalités de la gestion du FEDOM
devront être redéfinies pour plus de transparence et d’efficacité.
“Si dans l’industrie proprement dite les créations d’emplois devraient rester limitées,
les emplois de service vont se développer". Cinq domaines professionnels des services
devraient concentrer l’essentiel des créations d’emplois : les services aux particuliers
(400.000), la santé et l’action sociale (308.000), les transports et la logistiques
(225.000), les métiers administratifs (197.000), le commerce et la vente (194.000).
La progression attendue des postes liés à l’action sociale s’explique notamment par
le vieillissement de la population, le maintien d’un fort taux de fécondité et par l’essor
du travail féminin. Ainsi, les assistantes maternelles et les aides à domicile seront
les métiers les plus demandés avec 211.000 postes à pourvoir d’ici 2015. Pour les
mêmes raisons, la France aura besoin d’aides-soignants(149.000) et d’infirmières
(78.000) dans les établissements d’hébergement mais aussi à domicile.”
Cf. Étude sur "les métiers en 2015" en France ( Centre d’analyse stratégique)
C - L’emploi dans la fonction publique
Dans ce domaine aussi, la situation de La Réunion n’est pas comparable à celle de la
métropole. Il convient de procéder à un inventaire des besoins tenant compte du retard
dans l’encadrement dont souffre La Réunion, des besoins nouveaux induits par la progression
démographique et des remplacements à pourvoir du fait des départs à la
retraite.
Pour atteindre les ratios d’encadrement équivalents aux départements de métropole,
des milliers d’emplois doivent être créés dans les secteurs de la fonction publique, du
para-public et des collectivités locales.
C1 - Créer un Institut Régional d’Administration (IRA)
Cet outil doit permettre aux jeunes diplômés Réunionnais de se former aux métiers de
la fonction publique.
C2 - Renforcement des moyens de l’IUFM et de l’Université
Compte tenu des besoins en matière d’enseignement, il convient de définir un plan de
formation renforcé pour préparer les jeunes de La Réunion aux métiers de l’éducation.
C3 - L’application des dispositions constitutionnelles
L’application des dispositions constitutionnelles avec en particulier le droit à l’expérimentation,
combinée avec les dispositions législatives et réglementaires existantes
(système de bonification par exemple), favorisera l’accès des Réunionnais aux emplois
nouveaux créés.
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D - La Conférence permanente pour l’emploi
Cette Conférence permanente regroupera l’État, les Collectivités, les Chambres consulaires,
les organisations syndicales patronales et salariales, ainsi que les associations
de lutte pour l’emploi et pour l’insertion.
Elle doit permettre un meilleur fonctionnement du marché de l’emploi ; elle aurait pour
missions principales :
● définir les besoins en postes au plus près de la demande tant dans les
secteurs de l’économie concurrentielle, de l’économie alternative que dans
dans le secteur public, et de prévoir les formations adaptées ;
● évaluer l’impact des mesures prises en faveur de la création d’emplois
(évaluation des dispositifs de la loi d’orientation pour l’outre-mer et de la loi
programme, évaluation des aides des collectivités etc) ;
● garantir une meilleure transparence du marché de l’emploi ;
● inciter les entreprises à contracter des pactes pour l’emploi avec l’ANPE
et/ou l’Université.
L’État doit encourager ces mesures dans l’esprit de la loi en faveur de la gestion prévisionnelle
des emplois.