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Sarkozy réclame un euro au Matin (journal suisse)

Publie le vendredi 23 juin 2006 par Open-Publishing

24 heures (quotidien suisse)

Sarkozy réclame un euro au Matin

VIE PRIVÉE
Le ministre français de l’Intérieur reproche au quotidien romand le viol de sa sphère privée.

MICHEL EGGS
Publié le 23 juin 2006

Nicolas Sarkozy / KEYSTONE-A
Quelle mouche a piqué Nicolas Sarkozy pour qu’il attaque civilement, en France voisine, le journal Le Matin , suite à une série d’articles consacrés à ses malheurs conjugaux ? La question reste ouverte au terme d’une audience plus amusante que juridiquement intéressante, qui a surtout permis au quotidien romand de se faire un joli coup de pub à peu de frais : le ministre de l’Intérieur réclame un euro symbolique pour atteinte à la vie privée.

A l’origine du dossier, la saga des époux Sarkozy, présentée sous la forme d’un « feuilleton de la rupture » par Le Matin, en mai 2005. Cinq jours d’affilée, sur papier et sur Internet, le quotidien avait tartiné sur « Cécilia et son nouvel amour » ainsi que sur « Nicolas qui trompait aussi Cécilia ».

« Nicolas Sarkozy et Madame ont estimé que c’était attentatoire à leur vie privée. Ils agissent pour le principe davantage que pour obtenir une réparation financière, explique leur avocat, Me Philippe Blanchetier. Quelle que soit sa notoriété, une personne, fût-elle publique, a droit à la protection de sa vie privée. » La règle a certes son exception, concède Me Blanchetier : on peut y déroger s’il existe un but légitime à informer le public.

« Du grand déballage »

Mais l’avocat ne voit aucun souci d’information dans les articles du Matin. « C’est du grand déballage servant à faire du fric », lance l’avocat du ministre de l’Intérieur qui affirme que le couple Sarkozy a subi un préjudice, chiffré à un euro vu la diffusion restreinte du quotidien romand en France. Il demande, parallèlement, la publication du jugement dans le journal papier distribué dans l’Hexagone et sur son site Internet.

En face, Me Jean Braghini ironise sur ces vedettes qui vendent leur image le lundi dans Paris Match et qui demandent des dommages et intérêts le mardi lorsqu’un autre média publie la même info. Un homme public qui trouve intérêt à mettre en scène sa vie privée perd le droit de la protéger, relève le conseil du Matin . Et de brandir moult coupures de presse qu’il confie à la Cour pour démontrer la stratégie de communication politique, « exclusivement politique », montée par Nicolas Sarkozy. Il cite les propos de Cécilia dans Le Monde (« En politique, il ne doit plus y avoir de limite entre vie publique et vie privée ») mais aussi la jurisprudence de Cour de cassation : « Lorsque la révélation d’un fait est en relation avec un événement d’actualité, sa relation est licite. » Et de demander la relaxe de son client. La Cour rendra son jugement le 22 septembre.