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de Dominique Vidal
Après la mort, ce mercredi 8 novembre, de dix-huit civils palestiniens, le ministre israélien de la défense Amir Peretz a exprimé ses "regrets", a ordonné une enquête et a fait cesser - provisoirement - les tirs d’artillerie.
Sous couvert d’empêcher les tirs de roquettes sur la ville de Sderot, l’opération "Nuages d’automne" avait déjà fait, en moins d’une semaine, une soixantaine de morts et plus de 300 blessés.
Il est vrai que le nouveau vice-premier ministre Avigdor Lieberman s’affirme partisan d’utiliser "les méthodes de l’armée russe en Tchétchénie" contre une population déjà assiégée, isolée, enfermée, privée d’eau, de nourriture, de médicaments et d’électricité...
Outre ce carnage, le principal résultat de cette « revanche » israélienne, après l’échec subi cet été au Liban, aura été d’empêcher la constitution du gouvernement palestinien d’union nationale, dont le Fatah comme le Hamas annonçaient la constitution prochaine. Devant le bilan de l’offensive, le premier ministre palestinien Ismaïl Haniyeh a en effet annoncé mercredi la « suspension » des discussions avec le président Mahmoud Abbas. Et les deux principaux mouvements palestiniens ont appelé à la reprise des « opérations de martyrs en Israël », auxquelles ils avaient renoncé depuis près de deux ans suite à la trêve négociée alors par le nouveau président de l’Autorité palestinienne.
Voilà qui va permettre à la « communauté internationale » de persister dans sa léthargie. La réalisation d’une union nationale palestinienne l’aurait contrainte à remettre en cause l’embargo qu’elle impose depuis le printemps au gouvernement palestinien, avec pour conséquence de réduire à la misère les trois quarts de la population des Territoires occupés par Israël depuis 1967. Ce désagrément écarté, les gouvernements occidentaux vont pouvoir continuer à assister - sourds, aveugles et muets - au massacre en cours : l’assassinat de plus de 400 Palestiniens en quatre mois n’a suscité aucune protestation autre que formelle, a fortiori aucune sanction.
Particulièrement hypocrite est l’attitude du ministre français des affaires étrangères, d’ailleurs converti depuis peu aux vertus du mur de l’apartheid. « Le droit d’Israël à exercer sa défense ne peut être remis en cause, mais celui-ci doit s’exercer dans le respect du droit international humanitaire, a-t-il déclaré ce mercredi. Et de condamner à la fois « les tirs d’artillerie indiscriminés dans des zones habitées » et « la poursuite des tirs de roquette en direction du territoire israélien ». Selon l’Agence France Presse, depuis septembre 2000, les tirs de roquette sur le sud d’Israël ont fait 5 morts, et la répression de la seconde Intifada, plus de 4 500...
Messages
1. > Sourds, aveugles et muets..., 9 novembre 2006, 21:54
Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde(…) Déférée à la barre de la raison comme à la barre de la conscience, [l’Europe] est impuissante à se justifier (…) et de plus en plus elle se réfugie dans une hypocrisie d’autant plus odieuse qu’elle a de moins en moins de chance de tromper. L’Europe est indéfendable. Le grave est que l’Europe est moralement, spirituellement indéfendable (…) l’acte d’accusation est proféré sur le plan mondial par des dizaines et des dizaines de millions d’hommes.
Pot pourri du début du discours sur le colonialisme de Aimé Céasaire publié il y a plus d’un demi siècle et qui ne traitait pas du problème Palestinien. Mais au regard de l’actualité dans les territoires occupés et de l’attitude de l’Europe envers la barbarie israélienne ne peut-on penser que ces affirmations sont plus que jamais d’actualité ?
Valère