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Un article du Monde à propos de l’Amérique du sud.
Publie le dimanche 4 novembre 2007 par Open-Publishing1 commentaire
Voici un exemple d’article que l’on peut trouver assez fréquemment dans les journaux de droite en France et en Europe. Cet article est rempli d’inepties et d’idées préconçues. On a là un article pro libéral et pro capitaliste type. On voit que son auteur n’est pas sorti de la bulle d’où il vit. En effet, il est difficile d’en sortir si on ne prend pas un minimum de temps pour se renseigner. Ce sont toujours les mêmes rengaines. Il convient donc de procéder à un certain nombre de rectifications. J’ai donc pris le soin d’ajouter des remarques personnelles...
Cristina contre Lula
de Eric Le Boucher
Le populisme fait un puissant retour dans les pays en développement dotés de matières premières.
On ne dit pas « le populisme » mais « le socialisme ».
Pas uniquement dans ces pays, notez, il monte aussi au nord sous la forme de la démocratie d’opinion ; mais c’est un autre sujet.
Comme si la démocratie participative était un problème en soit.
De Poutine à Chavez, les dirigeants de ces pays, enrichis à milliards par la manne de l’or noir, des métaux, des denrées agricoles, croient mener de bonnes politiques.
Ces chefs d’Etats ne se sont jamais enrichis à coup de milliards. C’est de la calomnie pure et simple. Poutine a toujours fait la chasse aux escrocs et Chavez ne s’est pas enrichi sur le dos du peuple.
L’Etat remet la main sur la production en assurant que le "peuple" doit en obtenir une juste part. Les gouvernements redeviennent autoritaires au nom d’un "social" redistributif.
Les gouvernements prennent enfin leurs responsabilités. Les richesses d’un pays appartiennent à son peuple. Il est normal que les dividendes soient reversés à celui-ci. Par contre, il était anormal qu’un caste de privilégiés et les pays du Nord s’enrichissent sur le dos des peuples comme c’était le cas auparavant.
Encore aujourd’hui, en Colombie http://www.cetim.ch/fr/intervention... et en Afrique, on peut dire sans se tromper que les multinationales pilotées par les occidentaux pillent sans vergogne les ressources naturelles des pays dans lesquels elles se sont installées. En Afrique, les forêts primaires sont détruites. http://www.ekwo.org/cameroun.php3. Les cultures vivrières sont remplacées par de l’agriculture intensive. http://membres.lycos.fr/marsattac/r... L’or, l’uranium, le cuivre sont pillés sans vergogne. Les peuples autochtones vivent très très mal. Ce n’est pas du socialisme redistributif mais du socialisme tout court. Dans les pays où il est mis en place, la misère, la faim et la maladie reculent très largement. L’argent gagné est en partie utilisé pour mettre en place un grand nombre de coopératives. Certains millionnaires se rendent compte de l’inanité du système et essaient de rattraper les dégâts. http://www.iprag.net/textes/milvert...
Dans le grand balancier des doctrines, après les décennies libérales, ils repartent dans l’autre sens vers des renationalisations, des contrôles publics et une fermeture relative des frontières.
Il n’y a pas de mal. La mondialisation est très dangereuse. Elle est porteuse de tous les dangers.
Ces politiques sont des illusions.
Ah bon ? http://membres.lycos.fr/marsattac/r... Le capitalisme n’est pas autre chose qu’une grosse araignée au ventre lumineux qui réduit ses proies à l’esclavage et qui se nourrit de la planète à petit feu. Et cela dure depuis des siècles et des siècles. Il y eut des périodes extrêmement violentes
Elles séduisent, sans doute. Mais elles font vite fi de la démocratie, d’abord. L’autoritarisme s’auto-renforce toujours, exemple la Russie. Ensuite, elles confondent les largesses avec le social durable.
En ce qui concerne le développement durable, en Europe et aux Etats-Unis, il reste fort à faire. Se baser sur la croissance économique est très dangereux. De grands économistes ont dit qu’une économie fondée sur la croissance n’était pas durable. http://www.iprag.net/alternatives/e... Même Chirac le dit : » Aujourd’hui, le temps de la lucidité est venu, a déclaré le président français, cinq ans après son discours à Johannesburg au cours duquel il avait lancé un cri d’alarme au sujet de la maison qui brûle. Chaque jour qui passe aggrave les risques et les dangers, a signalé Jacques Chirac qui a stigmatisé quelques grands pays qui doivent être convaincus et qui, enfermés dans une espèce de mythe libéral, refusent en réalité d’accepter les conséquences de leurs actes. »
Une économie qui tolère un taux de chômage et une précarité élevés n’est pas une économie viable. En matière d’écologie et d’environnement, il y aurait beaucoup à faire. A Cuba, on recherche la durabilité notamment en matière d’environnement. http://membres.lycos.fr/marsattac/rmv/ ---------- Cuba-et-la-sauvegarde-de-l-environn...
Point de départ : il est nécessaire de corriger les insuffisances, voire les échecs des années libérales, à commencer par le fait que les sacrifices ont été demandés exclusivement aux classes défavorisées dans ces pays. Mais faut-il les corriger en les amendant profondément ou en leur tournant le dos ? L’Amérique latine en offre un cas d’école : le Brésil a choisi la première voie post-libérale, celle de la social-démocratie ; l’Argentine a préféré la seconde, celle du néo-péronisme, celle du populisme. Qui gagne ?
La social démocratie n’est pas la démocratie. Le Brésil n’est pas un cas d’école. Au Brésil, les paysans sans terre réclament toujours des terres pour pouvoir vivre. La forêt amazonienne est en grand danger. Elle est dépecée. Certes le nombre de coopératives est en grande augmentation mais le pays vit toujours pour rembourser une dette qui n’en finit pas de s’éterniser. Les grandes entreprises ne sont pas aux mains des travailleurs. Les grandes décisions pour le pays ne sont pas prises de manière démocratique. Il existe toujours une très grande pauvreté dans le pays même si cela a tendance à s’améliorer. Une classe très aisée vit toujours sur le dos des classes les plus pauvres.
A première vue, l’Argentine. Cristina Fernandez tirant profit des bons résultats de son mari, Nestor Kirchner, a été élue facilement, dès le premier tour de l’élection présidentielle, le week-end dernier. Après l’humiliante crise monétaire de 2001, qui a forcé le pays à faire défaut sur sa dette, à diviser la valeur du peso par trois par rapport au dollar, ce qui a ruiné des milliers d’épargnants (pas les plus riches, qui avaient placé leur fortune à Miami ou à Genève), le président Kirchner, élu en 2003, est revenu sur beaucoup des préceptes libéraux. Il conserve une politique budgétaire orthodoxe, mais il s’en prend aux multinationales (comme Suez) et au Fonds monétaire international, avec lequel il rompt. Il renationalise la politique économique avec deux lignes de conduite : exporter grâce au peso faible et ne plus dépendre des capitaux étrangers.
La remontée des prix mondiaux des matières premières est une aubaine : l’Argentine, puissance agricole, accumule les excédents commerciaux (6 % du PIB), et une taxe sur les exportations emplit les caisses de l’Etat. De 2003 à 2007, l’économie comble son affaissement précédent au rythme d’une croissance de 8,5 % l’an. Le chômage recule de 21,5 % à 8,5 %. L’argent distribué divise par deux la pauvreté, de 54 % à 23 %.
Voilà un peu de bonne foi.
En face, le Brésil peine. Lula da Silva a été réélu l’an passé, mais beaucoup plus difficilement. Le président syndicaliste développe depuis 2002 une politique orthodoxe pour reconquérir une "crédibilité" vis-à-vis des capitaux étrangers. Il doit visser ses dépenses budgétaires malgré les besoins de tous types. La croissance tarde à décoller, sursaute et puis retombe. Le Brésil souffre de maux profonds, comme le note Jérôme Sgard, du CEPII : des infrastructures vétustes qui font buter l’exportation sur le manque de routes et de ports, une pression fiscale très forte, un secteur public bureaucratique, alourdi encore par la structure fédérale.
Pourtant, la politique de Lula, longtemps ingrate, semble enfin payer. "L’économie brésilienne est entrée dans le cercle vertueux. La politique, stable sur le long terme, apporte ses effets positifs sur les décisions d’investissement et de production", se félicite l’IPEA (rapport trimestriel, juin 2007, Instituto de Pesquisa Economica Aplicada). Sans doute l’environnement extérieur est-il favorable au Brésil comme à son voisin du Sud. Mais les " fondamentaux", comme disent les économistes, vont dans le bon sens : les taux d’intérêt qui punissent le Brésil pour son laxisme passé retombent à 12 %, l’investissement repart (+ 9 %), l’emploi aussi (+ 4 % sur un an), le chômage recule (8,5 %). Rien n’est réglé, loin de là, mais le terrain se dégage, l’orthodoxie semble payer.
Une politique fondée sur la croissance économique n’est pas une politique stable. Une politique stable consisterait en un développement massif de l’agriculture biologique et de la permaculture et en une préservation à tout prix de la forêt amazonienne.
Cristina, la "reine d’Argentine", a au contraire une montagne levée devant elle. En clair, elle va devoir rompre avec la ligne de son mari. Pourquoi ? Parce que les prix flambent : 9 % officiellement, en vérité le double. Le gouvernement tente de le camoufler en truquant les statistiques, mais les syndicats ne sont pas dupes : ils réclament 20 % de hausse des salaires. Engrenage prix-salaires connu dont la fin est certaine : une nouvelle crise.
En France aussi les prix flambent : ainsi les prix des logements ont été multiplié par deux ou par trois en l’espace de dix ans. Même les économistes capitalistes reconnaissent qu’ils sont 40% trop chers.
L’Argentine a cru se passer des capitaux étrangers (et des technologies qu’ils apportent), elle manque d’investissements. Les coupures de courant électrique limitent l’industrie. Il va falloir benoîtement refrapper à la porte du FMI pour "recrédibiliser" la signature du pays.
Le pays n’est pas obligé de frapper à la porte du FMI pour pouvoir construire une dynamique économique viable. Il peut trouver les ressources en coopérant avec d’autres pays. On n’est pas toujours obligé de faire venir des capitaux pour pratiquer un hypothétique développement à l’occidentale dont on sait qu’il ne sera pas durable.
En Europe, les entreprises publiques ont disparu parce qu’elles ont été privatisées. Et ceci contre l’avis des peuples. Les technologies les plus intéressantes peuvent être partagées. Une étroite coopération économique est possible sans passer par des capitaux dont on sait pertinemment qu’ils sont toujours plus voraces. Les politiques de privatisation et d’endettement ont abouti à des échecs patents partout en Amérique du sud et partout en Afrique. L’auteur du texte oublie de le mentionner.
Ce ne sont pas les achats, pour 5 milliards de dollars, de bons du Trésor par Hugo Chavez venu avec empressement à l’aide qui suffiront. Bref, l’économie va devoir ralentir vers les 5 %, et l’Etat va devoir dire non aux syndicats et couper pas mal de ses largesses.
Le match Brésil-Argentine ne peut être simplifié. Les deux ont une visée sociale ; pour les deux, l’Etat est un moyen nécessaire. Mais un Etat réformé, rigoureux, est différent d’un Etat qui achète l’électeur..
L’Etat n’achète pas l’électeur. Il met en place une politique de type socialiste. On sait qu’en Europe cette politique capitaliste et libérale a été imposée de force. Les peuples n’en voulaient pas. Mais petit à petit, on leur a fait avaler les couleuvres en leur faisant croire que le processus de privatisations était inéluctable. Même un homme de droite comme Bayrou n’arrêtait pas de dire qu’il ne fallait pas vendre les bijoux de famille. Les dividendes vont dans les poches des actionnaires et on délocalise à tout crin. Des « joyaux « comme Arcelor sont rachetés par des grands groupes capitalistes indiens comme Mittal.
Le citoyen ne contrôle plus rien. Les capitaux vont là où cela rapporte. Ils sont très voraces. C’est la politique du pire qui l’emporte. L’Europe est une coquille vide. Toutes les grandes entreprises appartiennent à des capitaux plus ou moins européens mais très souvent d’origine étrangère. Deux référendums ont été bafoués : celui mis en place en URSS en 1991 et celui mis en place en France en 2005. Nous n’avons pas de leçon de « démocratie » à donner aux autres pays. C’est bien simple, les capitalistes, les libéraux ne contrôlent rien. Ils ne savent pas où ils nous emmènent.
Eric Le Boucher
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-974212,0.html
David Desmons. PCF Noisy le Grand. Alias mncds.
Messages
1. Un article du Monde à propos de l’Amérique du sud., 4 novembre 2007, 13:49
Pas étonnant venant d’un torchon tel que Le Monde, journal Tsarkozyste à peine dissimulé.
Heureusement que Le Diplo rétablit l’équilibre.
G.B.