Accueil > Un pari de l’Elysée pour tenter de sauver Woerth
Un pari de l’Elysée pour tenter de sauver Woerth
Publie le lundi 5 juillet 2010 par Open-Publishing1 commentaire
de NATHALIE SCHUCK
Démission de deux membres du gouvernement, Christian Blanc et Alain Joyandet, en un après-midi. Décryptage d’un mini-remaniement qui a pris de court quelques-uns des ministres…
1 Pourquoi maintenant ?
Ces deux démissions sont une vraie surprise. Mercredi, Nicolas Sarkozy déclarait devant les députés UMP : « Tout ce que je ferai à chaud compliquera ma tâche », excluant de fait tout remaniement rapide.
Ses conseillers écartaient aussi tout « mouvement d’ampleur » au gouvernement. Mais voilà, la pression est devenue trop forte. Les interrogations sur la démocratie « exemplaire », qui avait été un des points clés de la campagne du candidat Sarkozy en 2007, montaient en intensité dans l’opinion. Il y a d’abord eu les petites affaires : les logements de fonction de Christian Estrosi (Industrie) et Fadela Amara (Ville), la note d’hôtel de Rama Yade (Sports) en Afrique du Sud, le coûteux rapport commandé à Christine Boutin, les cigares de Christian Blanc et le jet privé et le permis de construire d’Alain Joyandet.
Enfin, depuis deux semaines, l’affaire Woerth (Travail), qui ébranle toute la classe politique. Le premier contre-feu allumé par le gouvernement — la réduction du train de vie des ministres — n’a pas eu l’effet positif escompté. Trop symbolique. Dans la majorité, certains élus se demandaient donc mezzo vocce pourquoi le président préférait attendre pour couper les « branches pourries » au gouvernement.
Nicolas Sarkozy s’est finalement résigné à l’idée de faire deux exemples.
2 Nicolas Sarkozy est-il à l’origine de ces départs ?
Selon l’Elysée et Matignon, c’est le président, avec François Fillon, qui a décidé de couper les têtes des deux secrétaires d’Etat. Il ne leur aurait pas annoncé la nouvelle en personne, mais leur aurait fait passer des messages ce week-end par le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant. Une autre version circule : Joyandet aurait pris tout le monde de court hier en annonçant sa démission sur son blog. Ce qui a vivement déplu à l’Elysée, qui semble alors avoir décidé de réagir dans l’urgence — et dans une certaine improvisation — en annonçant par communiqué le départ des deux secrétaires d’Etat. Ce qui arrange Sarkozy cependant, qui veut avoir le terrain dégagé pour annoncer cette semaine le nom du patron de France Télévisions.
3 Y aura-t-il d’autres démissions ?
Ce micro-remaniement en restera là, selon l’Elysée. Contactés, ni Rama Yade, qui se défend de toute « turpitude » et regrette les « amalgames », ni Fadela Amara n’envisagent de présenter leur démission. Christian Estrosi n’est pas non plus menacé.
4 Woerth pourra-t-il tenir longtemps ?
L’Elysée fait le pari que le départ de Christian Blanc et d’Alain Joyandet enlèvera un peu de la pression qui pèse sur le ministre du Travail, englué dans l’affaire Bett encourt. Mais certains élus jugent qu’elle pourrait s’accroître et rappellent la « jurisprudence DSK », qui avait quitté son poste pour se défendre. « On estime qu’il n’a rien à se reprocher, donc il n’y a pas de raison qu’il démissionne, bien au contraire ! » martèle l’entourage de Woerth, inflexible. A l’UMP, certains se demandent si Woerth va passer l’été…
5 Cela va-t-il accélérer le remaniement ?
Le « big-bang » du gouvernement reste prévu pour l’automne, vraisemblablement « octobre », comme l’a indiqué Nicolas Sarkozy mercredi. D’ici là, Christian Blanc et Alain Joyandet ne seront pas remplacés. « On commence le gouvernement resserré », décrypte l’Elysée.
Messages
1. Un pari de l’Elysée pour tenter de sauver Woerth, 5 juillet 2010, 13:56
De toutes façons, c’est de la fumisterie, même ces évictions : ils vont tout de même passer par la case "retraite" pour quelques mois de présence au gouvernement et toucher des les 20’000 euros en conséquence.