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Un pour tous, tous pour Türkan !

Publie le vendredi 8 octobre 2010 par Open-Publishing


Türkan Albayrak, 46 ans : une Passionaria au cœur d’Istanbul défiant, seule, le patronat, la violence policière, les calomnies et les intempéries.

Depuis 3 mois, elle occupe le jardin de l’hôpital d’Etat de Pasabahçe (lire Pachabahtché) à Istanbul où elle travaillait comme ouvrière en nettoyage dans des conditions déplorables, pour le compte de l’entreprise de sous-traitance Piramit AS.

Türkan devait ainsi astiquer plusieurs étages de l’hôpital à une cadence infernale et devait en même temps jouer le rôle d’aide-soignante, s’occuper des patients, changer des perfusions… Tout cela pour un salaire de misère.

En avril dernier, Türkan a décidé de se battre. Elle a d’abord adhéré à un syndicat : Saglik-Is. Lié à la très conciliante confédération Türk-Is, le syndicat des ouvriers de la santé Saglik-Is était pourtant loin d’effrayer le patronat. Cela n’empêcha pas la direction de Piramit AS de menacer Türkan de licenciement.

Son second crime : avoir refusé de signer un contrat odieux que la société de sous-traitance a imposé à tous les travailleurs. Ce contrat, en fait une fausse déclaration, leur faisait admettre l’obtention d’indemnités de départ et tenant lieu de préavis ainsi que de leurs congés annuels.

Cet « accord » renouvelé chaque année mettait ainsi fin aux maigres droits des travailleurs en nettoyage de l’hôpital de Pasabahçe.

Türkan Albayrak est l’une des 10 ouvrières et ouvriers qui refusèrent de signer « l’accord ». Elle en perdit son travail. Puis, ce sont ses collègues qui la lâchèrent. Elle fut également abandonnée par son syndicat qui força les travailleurs d’accepter le contrat suicidaire. La direction conservatrice de l’hôpital se mêla elle aussi à la chorale antisociale. Et pour couronner le tout, la police vint détruire la tente qu’elle avait dressée dans le jardin de l’hôpital.

Après avoir remonté sa tente, Türkan a été placée sous étroite surveillance. La police installa une caméra pour espionner les visites qu’elle recevait et fit même scier les branches de certains arbres pour avoir une meilleure vue sur elle et ses sympathisants.

Türkan a été traitée de « terroriste » pour avoir affiché ses convictions socialistes. Puis, la direction de l’entreprise et l’infirmière en chef, Aylin Karamemisoglu connue pour ses positions antisyndicales, y compris parmi le personnel médical progressiste, la traitèrent de « putain » parce qu’elle ne rentrait pas chez elle et qu’elle faisait des réunions avec des hommes.

Forces de sécurité et potentats locaux pesèrent ainsi de tout leur poids pour briser Türkan moralement. Mais depuis trois mois, elle leur tient tête, par vents et marrées.

Türkan demande de pouvoir récupérer le travail qu’elle occupait depuis 5 ans et l’arrêt des licenciements. Cela fait près de 90 jours qu’elle est en grève, seule dans sa tente, loin de son mari et de ses deux enfants.

Elle n’en montre pas moins une solidarité sans faille envers les forces démocratiques de Turquie et d’ailleurs. Le 18 septembre dernier, elle se rendit au point de départ de la longue marche vers Ankara des familles des prisonniers politiques affiliées à l’association TAYAD. Le 29 septembre, elle exprima publiquement son soutien à la manifestation syndicale européenne contre l’austérité et pour l’emploi qui réunit plus de 100.000 personnes dans les rues de Bruxelles.

Türkan peut compter sur un large soutien en Turquie. Ainsi, sa famille et ses amis, mais aussi d’innombrables anonymes, des voisins, des travailleurs, des étudiants, des journalistes, des écrivains, des militants associatifs, des avocats, des membres du personnel soignant, des musiciens, lui rendent visite, prennent le thé en sa compagnie, lui téléphonent, lui envoient des courriels ou des lettres, manifestent et pétitionnent pour elle, lui apportent des vivres, des livres, des fleurs… Même les prisonniers révolutionnaires enterrés sous des tonnes de béton « viennent » à elle en la couvrant de messages affectueux, de poèmes et de dessins.

A présent, au bout de trois mois d’intenses mobilisations en Turquie, ses amis et camarades font appel à la solidarité internationale pour obtenir sa réintégration et lutter contre les licenciements qui menacent l’ensemble de classe ouvrière.

Tous ensemble, par-delà les frontières linguistiques, géographiques et politiques, défendons son droit au travail et à une vie digne en clamant : « Un pour tous, tous pour Türkan ! »

Le 8 octobre 2010

Comité de résistance de Pasabahçe

http://pasabahcedirenisi.blogspot.com/

Envoyez un courriel à Türkan : pasabahce.iscileri@gmail.com

Envoyez un SMS ou téléphonez à Türkan : 00 90 530 777 68 79
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