Un testicule lui manque, et la gendarmerie lui est fermée

de Gérard Davet

William Zapata, 20 ans, ne sera jamais gendarme. La faute à un testicule manquant, défaut de naissance qui lui a valu un rejet par les services de santé de la gendarmerie. "Je suis totalement déprimé, indique-t-il aujourd’hui, j’avais quitté mon travail de manutentionnaire pour intégrer la gendarmerie. Je suis au chômage désormais. Pourtant, je suis né avec cette infirmité, et cela ne m’a jamais posé de problèmes." Les médecins militaires en ont décidé autrement, même s’ils ont mis un certain temps à détecter l’anomalie.

En 2003, M. Zapata avait passé le concours d’entrée dans la gendarmerie avec succès. Après deux premières visites médicales qui avaient conclu à une inaptitude temporaire, un troisième passage devant les médecins, le 27 avril 2004, l’autorise à rejoindre, le 16 juin, l’école de gendarmerie de Tulle (Corrèze). "C’est lors de cette dernière visite médicale que les médecins ont découvert qu’il me manquait un testicule, se souvient M. Zapata. Ils auraient tout de même pu s’en rendre compte plus tôt." Il est placé en arrêt maladie, puis une décision d’annulation du contrat de volontariat est prise par la direction générale de la gendarmerie nationale. Le 20 juillet, le colonel Michel Bonnin écrit à M. Zapata en lui signifiant qu’il "aurait omis en renseignant le questionnaire médico-biographique de faire mention de l’infirmité constatée ultérieurement à Tulle".

Lui qui rêvait d’endosser l’uniforme se retrouve désormais au chômage. Il a en effet démissionné le 13 mai de son travail, à l’issue de la troisième visite médicale, qui le déclarait apte au métier de gendarme. "Je ne vois pas en quoi mon infirmité m’empêche de faire ce métier, fulmine M. Zapata. Je vis comme tout le monde, je fais du sport." Il a donc saisi son avocat, Me Gilbert Collard, et lui a demandé d’interpeller Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense. "L’ectopie du testicule gauche de mon client n’entraîne aucun trouble, assure Me Collard. L’inaptitude en raison de cette infirmité ne repose sur aucun élément légal." Il semble que le problème soit en fait purement médical. "Nous avons proposé à M. Zapata de bénéficier d’une consultation chez un spécialiste pour confirmer notre avis médical, explique le général de gendarmerie Christian Estripeau. Il ne l’a pas fait. Au cours d’une activité opérationnelle, il aurait pu perdre un deuxième testicule, ce qui l’aurait ensuite empêché de procréer. C’est la protection de l’intéressé qui nous a importé."

M. Zapata estime avoir subi un préjudice moral important, et réclame à l’administration la somme de 22 867 euros. Lors de son bref passage sous l’uniforme, il n’aura touché qu’une maigre solde : 118 euros.

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