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Un cannibale, c’est quelqu’un qui se nourrit de la chair d’autre êtres humains.
Nous nous repaissons de la chair des milliers d’ouvriers d’Asie qui fabriquent nos T-shirts et nos joujoux électroniques pour prix d’un bol de riz par jour.
Nous nous repaissons de la chair des Indiens d’Amazonie, dont l’habitat et les ressources sont saccagés par notre fringale de bois trapicaux.
Nous nous repaissons de la chair des mineurs africains d’uranium condamnés à mourir à petit feu des poisons qu’ils absorbent pour nous fournir la précieuse ressource de nos merveilleuses centrales.
Nous nous repaissons de la chair des Palestiniens, Irakiens, Afghans, Lybiens, sacrifiés dans des guerres abominables pour la protection de nos précieux intérêts pétroliers.
Nous nous repaissons de la chair de ces armées de travailleurs saisonniers, qui viennent dans des conditions dégradantes produire pour nous ces magnifiques fruits et légumes dont nous nous régalons.
Nous nous repaissons de la chair des paysans et pêcheurs d’Afrique, évincés de leurs terres et de leurs lacs pour nous permettre d’aller y cultiver et y pêcher les denrées exotiques que nous mettrons sur nos tables.
Nous nous repaissons de la chair des pauvres des favelas, privés de toute activité et ressource parce qu’ils ne sont d’aucune utilité pour nos consortiums qui ont confisqué les ressources de leurs pays.
Nous nous repaissons de la chair des malheureux Japonais, qui souffrent et mourront bientôt en masse pour le profit de nos industries nucléaires (AREVA est très présent au Japon !).
Nous nous repaissons de la chair de nos frères grecs, sacrifiés impitoyablement sur l’autel de la rentabilité financière des banques, dans lesquelles nous avons planqué nos économies et qui détiennent les clés de notre bien-être.
NOUS SOMMES DES CANNIBALES !
Est-ce cela que nous voulons ? Sommes-nous assoiffés du sang et de la vie de nos semblables ? Je ne le pense pas. Nous sommes, dans notre grande majorité, gens paisibles, simplement désireux de vivre une bonne vie, à la mesure des moyens disponibles, mais sans léser personne.
Ou alors, est-ce qu’une fatalité régnant sur notre monde rend indispensable le sacrifice de la majorité pour, simplement, permettre la survie de la minorité (dont nous faisons partie) ? Cela, je ne le pense pas non plus : il est devenu difficile d’ignorer que la totalité des budgets militaires mondiaux permettrait de nourrir, soigner et éduquer correctement la totalité de la population mondiale – ce qui rendrait probablement inutile l’existence même de quelque budget militaire que ce soit !
Pourquoi, alors, acceptons-nous de vivre comme des cannibales ?µ
Peut-être parce que nous acceptons de vivre comme des esclaves.
Esclaves d’un système cannibale, mené par une caste de cannibales, à qui notre soumission permet de prélever la moitié – ou les deux-tiers, peut-être, si pas les trois-quarts – de toutes les richesses que produit notre bonne vieille planète. Tout en nous laissant , mais avec réticence, un certain confort. Jusqu’à nouvel ordre
Esclaves d’un système qui n’a de cesse que nous instiller toujours des ‘besoins’ nouveaux, afin de nous faire succomber aux dernières modes, et nous reprendre, par le biais d’une soif de ‘nouveautés’ toujours ravivée, les maigres pécunes qu’il n’a qu’avec réticence accordées à notre dur travail ?
Combien de temps encore accepterons-nous les diktats de cette caste, qui nous fait suer sang et eau et qui guerroie avec la chair et le sang de nos fils pour protéger non pas nos intérêts, mais les siens ?
Combien de temps encore accepterons-nous que le pillage du monde – et de nos propres vies – nous soit présenté comme ‘la seule solution, sans alternative’, pour nous assurer une bonne vie ?
Combien de temps encore accepterons-nous que nos voix, tant convoitées aux échéances électorales, deviennent inaudibles dès que celles-ci sont passées ?
Combien de temps encore resterons-nous les complices d’un système qui a érigé le cannibalisme en modèle d’organisation ? Faudra-t-il que nous devenions, à notre tour, victimes de ce cannibalisme, pour que nous le voyions ? Faudrait-il que le peuple français, phare de la pensée universalisante, attende d’être menacé dans ses intérêts les plus étriqués pour se rebeller ?