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mauvais français !

Publie le lundi 11 octobre 2010 par Open-Publishing

CE MERCREDI 13 OCTOBRE 2010

A 18H30

C’EST « L’HEURE DE L’METTRE »

Sur RADIO CAMPUS Lille 106,6

En direct et en archives sur www.campuslille.com

Il ne saurait y avoir de mauvais Français s’il n’y en avait de bons. C’est en s’écartant du modèle que le mauvais Français se révèle, et permet ainsi au Ministère de l’Identité Nationale de lui consacrer une fiche. Or, nous vivons une période trouble. Car, en haut lieu, on n’est plus très sûr du bon Français. Résultat : on traque le mauvais Français, on le débusque dans des catégories toujours plus nombreuses, et ce à seule fin de pouvoir, par élimination, isoler le gène du bon Français.

Le bon Français n’est pas nécessairement cet abruti qu’on veut bien nous dépeindre parfois ; il est empli de bon sens, fait usage de sa raison, est doué de parole, peut être de gauche comme de droite, même si en général il n’est ni l’un ni l’autre, ou les deux à la fois, et réciproquement. Difficile en fait de distinguer le bon Français de l’ivraie.

On sait, de source sûre et sondages à l’appui, que le bon Français se distingue essentiellement du mauvais par le simple fait qu’il tient à rester en dehors. Il a peut-être, il a sans doute un avis, mais ce n’est pas son affaire. Il a, chevillée en lui, cette saine exigence : il ne veut pas avoir de problèmes.

Ce qui le distingue, c’est ce qui le rassure. Il se reconnaît chaque jour en croisant ses pairs. En lisant sur les visages anonymes la même résignation, en entendant ce qu’il aurait pu dire s’il ne s’était pas tu, en courbant l’échine pour épouser la courbe générale, le bon Français se distingue en étant comme tout le monde.

Pris dans son ensemble, le bon Français est donc plus utile au pouvoir que n’importe quel ministre. Sans lui, on ne pourrait rien « réformer ». Son inertie est la condition même de la « réforme ». Le pouvoir investit énormément en sa capacité de renoncement. Il la nourrit. Il la choie : émissions télévisées, éditoriaux bien sentis, chiffres implacables, discours sensés et raisonnables, tous ces divertissements et diversions s’ajoutent ainsi au joug de la fin de mois et aux chaînes du crédit, pour maintenir le sujet dans un coma artificiel.

Mais le temps est saturé d’incertitudes. Le maître doute de l’esclave. Quand les mauvais Français parviennent à semer le trouble et à mêler à leurs mobilisations des bons Français, le trône vacille. Non que le rapport de force soit soudain inversé. Mais si le renoncement recule, si la résignation perd du terrain, si le bon Français se prend brutalement à espérer autre chose que ce qu’on lui a prévu, s’il sort de son absence, le pouvoir sonne creux.

Et cela arrive parfois. Et cela peut arriver.

Alors, tout dépendra du bon Français, c’est-à-dire que tout dépendra de l’imprévisible même. Les mauvais Français luttent. La bourgeoisie retient son souffle. Entre les deux, le bon Français est désormais invité à choisir son camp. Ce mercredi 13 octobre sera le lendemain le plus attendu depuis longtemps.

En accueillant des paroles de manifestants, celles des Amis d’Al Rowwad (dans notre ¼ d’heure en Palestine), la Semaine à Cuba et les membres basanés du groupe HK et les Saltimbanks (qui nous présenteront en direct et en exclusivité leurs nouvelles chansons de mauvais Français), vous l’aurez deviné : pour nous, ce sera l’heure de l’mettre !