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nègres fondamentaux sur www.campuslille.com

Publie le samedi 19 avril 2008 par Open-Publishing

CE MERCREDI 23 AVRIL 2008

A 18H30

C’EST « L’HEURE DE L’METTRE »

Sur RADIO CAMPUS Lille 106,6

En direct et en archives sur : www.campuslille.com

« Je suis un Martiniquais, un Africain transporté, mais je suis avant tout un homme, et un homme qui veut l’accomplissement de l’humanité de l’homme. » (Aimé Césaire, « nègre fondamental »)

Les hommages pleuvent, dont certains ont le goût amer. "Son oeuvre nous rappelle que la reconnaissance d’une identité ne signifie pas le repli d’une communauté". Brice Hortefeux, parmi tant d’autres, s’approprie une once d’une poésie qui lui est à jamais étrangère, trichant avec les mots, lui qui ne sait jouer qu’aux chiffres – ceux des expulsions dont il se vante et qui endeuillent jusqu’à « l’humanité de l’homme ».

Nègres fondamentaux sont Cisse N’Famara et Touré Sanoussi, cueillis par la police de la République, livrés à une justice d’exception, arrachés des griffes du Préfet Canepa par les soutiens et sans-papiers du CSP 59. « Donc, camarade, te seront ennemis – de manière haute, lucide et conséquente – non seulement gouverneurs sadiques et préfets tortionnaires, non seulement colons flagellants et banquiers goulus, non seulement macrotteurs politiciens léche-chèques et magistrats aux ordres (…/…).

Nègre fondamental, Bacha Miloud, parent d’enfant français, ex-gréviste de la faim, transporté en catimini à Lyon, vers l’expulsion, soustrait au juge des libertés par un préfet décidé à tout, y compris le moins avouable, pour se défaire des « nègres fondamentaux » du CSP 59, et casser la marche entamée sur Paris. « Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde ».

Nègres fondamentaux aussi, ces salariés de La Redoute, en grève depuis trois semaines, tout simplement parce que les maigres salaires consentis par les maîtres ne garantissent plus la survie quotidienne. Nègres oui, car niés, nègres car méprisés, et nègres car debout. Vous noterez que les drapeaux qui flottent au vent du Nord, « chez les ch’ti salaires », sont les mêmes, de la même couleur nègre, de la même couleur sang – ce rouge qui monte aux fronts dignes des « instruments de production » quand ceux-ci s’élèvent contre le système qui les broie. Les mêmes drapeaux donc, dans ces rues creusées par le travail de générations d’ouvriers, toujours venus d’ailleurs, et d’ici pour cela, les mêmes drapeaux que ceux qui se sont levés des arrière-cuisines et autres cachots modernes du salariat, quand 300 nègres fondamentaux, sans-papiers, ont brandi l’arme de la grève. Travailleurs nous sommes, travailleurs nous resterons.

« Un symbole d’espoir pour tous les peuples opprimés ». Ainsi tricha avec la langue l’un de ceux qui président à l’oppression, pensant ordinairement que ceux qu’il opprime ne sont finalement pas entrés dans l’Histoire – cet objet bien trop vaste pourtant, pour de si mesquins intérêts. Laquais de l’impérialisme le plus brutal à l’extérieur, le même joue au maître à l’intérieur, sur le dos d’un peuple qu’il a cru soumettre. Il peut, grandiloquent, invoquer le « poète national », il ne fera pas oublier que ce dernier n’avait pas accepté de recevoir le ministre des expulsions et des quotas qu’il fut avant que d’être vraiment.

Il peut, prouvant par là que décidément le ridicule ne tue pas, se draper dans les valeurs que prétendument il incarne. « …C’est là le grand reproche que j’adresse au pseudo-humanisme : d’avoir trop longtemps rapetissé les droits de l’homme, d’en avoir eu, d’en avoir encore une conception étroite et parcellaire, partielle et partiale et, tout compte fait, sordidement raciste. »

Nègres fondamentaux sont les Palestiniens, littéralement écrasés par un colonialisme à propos duquel le discours - l’acte d’accusation - reste étouffé par le martèlement de la Grande Caravane Publicitaire qui nous informe. Il y a, paraît-il, des « violences » à Gaza… On y a même tué, parmi des résistants, parmi des civils, parmi des enfants, on y a même tué un journaliste. Des nègres, d’accord, mais parmi eux, un journaliste. Que dit Robert Ménard ? Il pense qu’il s’agit d’une erreur de Tsahal. Alors, « balaie-moi tous les obscurcisseurs, tous les inventeurs de subterfuges, tous les charlatans mystificateurs, tous les manieurs de charabia. Et n’essaie pas de savoir si ces messieurs sont personnellement de bonne ou de mauvaise foi, s’ils sont personnellement, c’est-à-dire dans leur conscience intime de Pierre ou Paul, colonialistes ou non, l’essentiel étant que leur très aléatoire bonne foi subjective est sans rapport aucun avec la portée objective et sociale de la mauvaise besogne qu’ils font de chiens de garde du colonialisme. »

Nous évoquerons les luttes des sans-papiers, diffuserons un reportage issu de la manifestation des salariés de la Redoute vendredi dernier et, dans notre « ¼ d’heure en Palestine », recevrons des membres de l’AFPS du Nord et nous entretiendrons avec Dominique Vidal, journaliste au Monde Diplomatique, qui présentera son ouvrage « Comment Israël expulsa les Palestiniens (1947-1949) » le lendemain à Lille.

Pour suivre l’actualité des sans-papiers du CSP 59, c’est ici :

http://leblogducsp59.over-blog.com/

Et pour connaître les activités de l’AFPS du Nord, visitez leur agenda ici :

http://www.nord-palestine.org/agenda.htm

* les citations entre guillemets et en italiques sont tirées du « Discours sur le Colonialisme », d’Aimé Césaire