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petits cadeaux entre amis !!

Publie le vendredi 16 avril 2010 par Open-Publishing
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Tout le monde n’a pas la chance de Jean-François Gabin, premier président de la cour d’appel. Non seulement il paie rarement ses déplacements en métropole mais, en plus, il vient d’être récompensé comme l’un des meilleurs clients d’Air France avec deux allers-retours pour Tahiti. Un beau cadeau qui fait jaser au sein de la magistrature et qui pose des problèmes de déontologie.

Premier magistrat de la Réunion, le premier président de la cour d’appel Jean-François Gabin est visiblement un homme heureux. A sa place, on ne le serait pas moins. Le patron des juges réunionnais a, en effet, gagné le gros lot lors d’une soirée VIP Air France organisée le 1er avril dernier au Grand Hôtel du Lagon : deux allers-retours Réunion-Paris-Papeete. Un cadeau d’une valeur comprise entre 25 000 et 30 000 euros en première. Rien que ça.

Légalement, Monsieur le Premier président n’avait aucune raison de refuser un tel présent. Déontologiquement et moralement, c’est tout autre chose. Car jusqu’à preuve du contraire, M. Gabin n’est pas M. Tout-le-monde. Il fait partie des trente-cinq plus hauts magistrats de France qui ont été triés sur le volet par le Conseil supérieur de la magistrature pour occuper d’aussi prestigieuses fonctions. Les qualités qu’il est censé incarner devraient donc le rendre particulièrement prudent avant d’accepter une telle offrande.

Que dira-t-on demain de l’impartialité des juges de la cour d’appel dans un procès mettant en cause Air France ? Le plaignant aura beau jeu de crier au scandale. En tendant les mains vers Bénédicte Pellerin, directrice régionale océan Indien, le haut magistrat sera toujours redevable à la première compagnie française de lui avoir fait savoir si les cocotiers de Tahiti sont plus verts que ceux de la Réunion. Cela revient à se placer tout seul en position de faiblesse. Ce qui, convenons-en, n’est pas très habile pour un personnage qui doit faire preuve d’une exemplarité sans faille. Les clichés plein de bonheur pris lors de cette soirée ont bien du mal à passer chez ses collègues plus soucieux de leur devoir de réserve.

UNE IMAGE DÉPLORABLE DE LA JUSTICE

Même s’il a été tiré au sort, le premier président aura du mal à convaincre ses pairs que le hasard fait bien les choses.

La soirée était réservée aux huiles locales mais aussi aux meilleurs clients de la compagnie. Dont fait partie Jean-François Gabin. Sauf que le haut magistrat paie très rarement ses billets d’avion. Appelé régulièrement à Paris pour des rendez-vous à la Chancellerie, il voyage une à deux fois par mois. Des allers-retours aux frais du ministère de la Justice. A ce rythme-là, on accumule très rapidement les miles et on intègre vite le cercle fermé des meilleurs clients d’Air France.

Ce n’est donc pas Jean-François Gabin qui a été tiré au sort mais le ministère de la Justice et donc l’État. C’est pourquoi le haut magistrat n’aurait jamais dû accepter ce cadeau qui ne lui revenait pas.

Et c’est d’autant plus indécent que nous vivons dans une île où beaucoup d’habitants n’ont jamais pris l’avion en raison de leurs très faibles revenus. Malheureusement pour tous ses collègues qui se coltinent la lourde tâche de la justice au quotidien, ce haut magistrat, qui n’a déjà pas la réputation d’un farouche travailleur, offre une image déplorable de l’institution.

Celle des juges durs avec les plus faibles mais toujours à l’écoute des puissants. Celle de la République des copains ; avides de petits et gros avantages, de soirées entre gens bien réservées au premier monde. Difficile ensuite de se défaire des pires clichés de la justice cocotier nostalgique du temps béni des colonies

Jérôme Talpin
in : le J I R - Clicanoo

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