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Le pape dans la tourmente

Publie le vendredi 26 mars 2010 par Open-Publishing
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Dans les années 1990, le futur pape Benoît XVI aurait été informé des abus sur mineurs d’un prêtre américain et n’aurait rien fait. Au Vatican, le malaise est vif.

Pour la deuxième fois en quelques jours, Benoît XVI se retrouve la cible d’accusations. Hier, le « New York Times » a affirmé que le cardinal Josef Ratzinger, lorsqu’il était préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi (avant de succéder à Jean-Paul II), était informé d’abus perpétrés entre 1950 et 1974 par un prélat américain, le père Murphy, sur 200 enfants sourds dans une école du Wisconsin.
Et qu’il aurait couvert l’affaire.

Secouée depuis plusieurs semaines par une accumulation d’affaires de pédophilie, voilà cette fois l’Eglise catholique touchée en son coeur même : le Saint-Siège, à travers la personne du pape. Son entourage est monté au front, en expliquant que le Vatican n’avait été informé de ces abus qu’en 1996, soit plus de vingt ans après les derniers faits. Il reste que le père Murphy est mort sans avoir été sanctionné.

Hier, Arthur Budzinski, un Américain de 62 ans qui affirme avoir été victime, a estimé que le pape devait être tenu pour responsable.
Beaucoup voient dans cette affaire une nouvelle preuve de la façon dont l’Eglise s’est longtemps évertuée à couvrir ses religieux soupçonnés de pédophilie.

Il y a deux semaines déjà, Benoît XVI avait dû subir le feu de la polémique pour une autre affaire, datant de 1980. Selon un journal allemand, le cardinal Josef Ratzinger avait à l’époque accueilli dans son diocèse de Munich (Allemagne) un prêtre soupçonné de pédophilie.

Bref, les scandales, souvent vieux, s’accumulent autour du souverain pontife et continueront sans doute, car la congrégation, qu’il a présidée de 1981 à 2005, était justement chargée d’instruire ces affaires. « C’est un effet boule de neige : les victimes des abus n’ont plus honte d’en parler et l’Eglise va devoir changer son attitude, qui consistait avant tout à éviter le scandale », commente le spécialiste du Vatican, Bruno Bartoloni.

C’est tout le sens de la lettre que le pape a adressée samedi dernier aux catholiques d’Irlande, dans laquelle il exprimait ses « regrets » et sa « honte » face au « pire des maux ». La pratique est certes en vigueur depuis dix ans dans de nombreux pays européens dont la France, mais, cette fois, c’est Rome qui l’impose : tous les auteurs d’abus sexuels seront dénoncés aux autorités civiles. Ce changement de cap était attendu, mais a déçu les associations de victimes. Car même si cela fera éclater au grand jour des cas étouffés pendant des années, cette lettre papale ne dit rien sur la chaîne de responsabilités, sur ces évêques et cardinaux qui savaient et se taisaient.

« L’Osservatore Romano » y voit au contraire un nouveau signe de « transparence, fermeté et sévérité » de Benoît XVI à l’égard des actes pédophiles. Hier soir, ce journal officiel du Vatican a même fustigé les médias, dénonçant une « tentative ignoble d’atteindre le pape ».

http://www.leparisien.fr/societe/le-pape-dans-la-tourmente-26-03-2010-863570.php

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