Accueil > TGV Picardie-Roissy : interventions des élus communistes de Creil

TGV Picardie-Roissy : interventions des élus communistes de Creil

Publie le samedi 29 mai 2010 par Open-Publishing
4 commentaires


Nous publions ci-dessous les deux interventions des élus communistes de Creil à propos de l’importance stratégique pour la Picardie de la création de la ligne TGV Picardie-Roissy qui ont été prononcées dans le cadre du débat de la commission spéciale du débat public devant environ 250 citoyens et élus à Nogent sur Oise le 29 avril dernier.
Ces interventions sont parues dans le compte rendu officiel de la commission spéciale du débat public présidée par M.Claude Bernet

Intervention de Jean-Paul LEGRAND

"Bonsoir, Jean-Paul Legrand, je suis maire-adjoint à l’urbanisme de la Commune de Creil. Je suis également Président d’une association qui s’appelle ADEROISE, Association pour le Développement de la Rivière Oise. Je veux rebondir sur ce qui vient d’être dit et fort justement dit par la personne qui m’a précédée. S’il s’agit simplement de faire passer unTrain à Grande Vitesse pour emmener des passagers à Roissy, il va de soi que,évidemment, il faut le faire mais ce n’est pas suffisant. Il nous faut envisager infrastructure dans le cadre d’un développement et d’un développementlocal et régional. Il me semble que nous avons de grandes possibilités en Picardie et je n’oppose pas, bien évidemment, la Picardie à l’Ile-de-France. On voudrait mettre en concurrence les territoires. Ce n’est pas, je pense, une bonne chose, au contraire. Aujourd’hui, nous avons des besoins en Europe de développement très important en matière de transport aérien. Quid, par exemple, du troisième aéroport qui pourrait trouver sa place en Picardie ? Je pense que ce sont de grandes questions.

On ne peut pas seulement se poser la question du Train à Grande Vitesse qui va à Roissy. Evidemment, Roissy va peut-être continuer à se développer mais en même temps, il faut qu’on envisage l’avenir. L’avenir, c’est aussi le Canal Seine-Nord qui n’a pas encore été évoqué ce soir. Je pense que, quand on parle d’interconnexion, il faut que nous voyions les enjeux que cela représente, en termes notamment de développement local. La personne qui m’a précédé posait justement cette question. Il n’est pas question de délocaliser l’emploi, au contraire. Il est question d’agir pour développer l’emploi dans notre Région, dans notre bassin d’emploi. Donc, je voulais simplement apporter cette réflexion pour dire : aujourd’hui, ne devrons-nous pas penser cette ligne, cette nouvelle ligne en lien avec aussi tous ces autres projets. Je me prononce évidemment pour, mais je me pose aussi la question. Certes, il faut transporter les voyageurs, il faut transporter les passagers. Mais dans le développement d’une économie, il faut transporter les marchandises.

A aucun moment dans le projet qui nous est présenté, on ne se pose la question du fret. Or, historiquement, Creil, Nogent-sur-Oise, le bassin creillois, c’est un carrefour pour les marchandises et il va l’être, oui, et il va l’être d’autant plus, ce carrefour que nous allons avoir cette liaison par le canal Seine-Nord ; il faut que nous repensions les choses, en ces termes, si nous voulons développer l’emploi. Voilà la contribution que je voulais apporter ce soir, je n’ai pas de réponse toute faite, je pose simplement quelques jalons sur une réflexion qui va au-delà même de la question qui nous est posée ce soir.

Et attention, je n’oppose pas non plus le Train à Grande Vitesse au TER. D’ailleurs, juste une petite parenthèse, cela va, en ce qui concerne le TER, poser des questions très fortes à la nouvelle majorité régionale, puisqu’il a été évoqué pendant la campagne, certains ont parlé de gratuité du TER. Pourquoi pas ? Pourquoi pas ? Comment le financer ? Et amélioration, bien sûr, du service rendu car il y a une forte exigence. Si ce soir, nous sommes réunis, si ce soir, nous débattons, c’est bien parce qu’il y a une exigence de la part des citoyens, des secteurs économiques, des élus, il y a une forte volonté de développer, notamment l’emploi, l’économie en Picardie, en Ile-de-France.

Mais il faut le dire, je crois qu’il faut que nous ayons une grande ambition, notamment pour le bassin creillois qui, historiquement, apporte, je dirais, des réponses
pour l’avenir. Merci."

(Applaudissements)

Intervention de Habib ABBA-SIDICK

Habib ABBA-SIDICK

Habib Abba-Sidick, Maire-Adjoint de la ville de Creil. Alors, évidemment, je félicite l’organisation de ce débat. Je ne reviendrai pas sur l’aspect technique, sur le fond, puisque certains m’ont précédé à cette même place ou ailleurs, en particulier le Maire de Creil, ainsi que le Président du Conseil régional, lesquels ont montré que la connexion entre… la connexion, plus exactement le projet Picardie-Roissy… Donc, le projet Picardie- Roissy revêt une importance fondamentale concernant la Picardie. Alors, loin de moi de vouloir opposer, d’une part, les projets de la Picardie et ceux du Val-d’Oise. J’ai pris avec beaucoup d’attention le temps de lire l’ensemble de la littérature en provenance du Vald’Oise, concernant une opposition à notre projet de Picardie-Roissy. Et, je me suis quand même posé certaines questions.

Peut-être que RFF y répondra en partie, car il existe un projet dans le Val-d’Oise, soutenu d’ailleurs par le Député-maire, Paternotte, Monsieur Paternotte, dénommé CAREX. CAREX, c’est Cargo Rail Express. Ce qui veut dire que l’intention est de permettre le basculement de beaucoup de frets transitant actuellement par la route sur le rail. En fait, c’est le fret à grande vitesse. Et peut-être que dans les années à venir, nos collègues, amis, citoyens du Val-d’Oise, se rendront compte que ces quelques kilomètres permettant de désenclaver la Picardie, en retour, permettront aussi à la plate-forme de Roissy-Charles-de-Gaulle, entre parenthèses, très encombrée, dont une extension ferroviaire est prévue par l’intermédiaire du projet Carex sur la gare de Goussainville. Donc, peut-être que ces quelques kilomètres, permettant à la région picarde de se désenclaver, rendront d’énormes services à l’aéroport Charles-de-Gaulle Etoile, dès lors que le projet Carex sera mis en oeuvre ; d’autant que l’on peut militer en faveur d’une certaine interrégionalité laquelle, en cette matière, me paraît ou me paraîtrait des plus judicieuses, car le projet Carex n’intéresse pas seulement la région sud, le Sud, l’Ouest, l’Est, mais aussi le Nord, et qu’en conséquence, les infrastructures actuelles, même s’il est prévu une extension de Roissy- Charles-de-Gaulle, seront sûrement insuffisantes.

A cela, si l’on ajoute le trafic que va générer la liaison fluviale Seine-Escaut, il me paraît judicieux, dans ces conditions, qu’il y ait des coopérations s’installant entre, d’une part, le Val-d’Oise et, d’autre part, la région Picardie. Et comme on peut le démontrer, ces quelques kilomètres ferroviaires peuvent à la fois rendre service à la Picardie, mais tout autant au Val-d’Oise, d’autant que le projet Carex ne peut s’entendre seulement au seul Val-d’Oise et être confiné à cet endroit, mais devra largement dépasser les frontières du Val-d’Oise et s’en remettre à un moment ou à un autre par un passage sur le territoire picard.

Et que, enconséquence, si disons le fret ferroviaire devait s’accroître, il est évident que le territoire du bassin creillois et, en particulier, ce que soulignait le Président Grimbert précédemment, l’emprise ferroviaire creilloise aurait aussi son rôle en matière de redistribution ferroviaire, en particulier s’agissant du fret. Et c’est là aussi que l’on peut se dire que le troisième aéroport picard, vilipendé par beaucoup, pourrait à ce moment-là reprendre toute sa valeur, d’autant qu’à Roissy, et c’est le reproche des Val-d’Oisiens d’ailleurs qui disent, j’ai noté : « Aux Picards, les emplois, aux Val-d’Oisiens, les nuisances ». Bien ! Dans ces conditions, disons que l’extension de Roissy, certes, est probable, je ne sais pas si elle est envisageable et acceptable par tous les Val-d’Oisiens. Donc, c’est là où, peut-être, la pertinence dutroisième aéroport revêt toute son importance au jour d’aujourd’hui. Merci !

Messages

  • C’est l’ode au transports !

    Quand parlera-t-on de relocaliser pour justement diminuer le nombre des transports avec toutes leurs cohortes d’inconvénients, écologiques, humaines, expantionistes, etc.

    Quand allons nous commencer à penser autrement, nous décoloniser le "pensé" de la notion productivisme et se dire par exemple qu’en fabricant pour une collectivité locale on va éviter nombre de problémes, car avec de tels discours(les deux, dont apparement ils sont fiers, alors qu’ils vont à contre courant de ce demain devra être) on est pas près d’y arriver !

    On est en plein dans la gestion du système au lieu d’apporter d’autres conceptions, il est évident que avec de telles limites de l’imagination l’avenir soit tout tracé au productivisme capitalisme, c’est désespérant de lire de telles nullités politiques...

    • Les apôtres de la décroissance sont justement partisan de défendre le capitalisme. Il ne s’agit pas d’aller vers une décroissance mais une croissance différente notamment en termes de transports.
      Le débat est ouvert : que les communes soient à l’initiative de projets alternatifs est effectivement une des solutions mais il ne faut pas opposer les grands moyens nationaux et internationaux aux moyens locaux. Les élus communistes de Creil pensent développement, croissance, sur la base d’un développement démocratique et en décidant avec les gens. Mieux ils proposent que ce soient les citoyens qui décident et créent de nouvelles institutions en ce sens qui remettent an cause la capitalisme. Ils sont ouverts totalement au débat dans le respect des avis de chacun.

    • Les apôtres de la décroissance sont justement partisan de défendre le capitalisme.

      Vous avez probablement mal lu Paul Ariès, par exemple. Il faut arrêter de raconter n’importe quoi....

      Pour mémoire lisez : Laboratoire antiproductiviste du Sarkophage N° 18 où vous pourrez y lire textuellement que le capitalisme est sans issue...

    • Je ne suis pas du tout convaincu par les thèses de la gauche anti-productiviste défendues par Aries, Bové, les Verts, le Parti de gauche voire certains membres du PCF. C’est justement parce que l’évolution des forces productives rentre en contradiction avec le capitalisme que celui-ci pour résoudre ses crises doit détruire des capacités de production et anihiler des compétences humaines par le chômage de masse et l’exploitation renforcée. Des d’idéologues du capitalisme s’appuient sur les thèses des anti-productivistes pour justifier la crise actuelle, on produirait trop, on consommerait trop d’énergie etc...Marx avait vu juste en écrivant avec Engels dès 1847 dans le Manifeste du Parti communiste : " Le système bourgeois est devenu trop étroit pour contenir les richesses créées en son sein. La bourgeoisie surmonte ses crises d’une part en détruisant par la violence des masses de forces productives et d’autres part en conquérant de nouveaux marchés et en exploitant à fond les plus anciens. Cela aboutit à préparer des crises plus générales et plus formidables et à diminuer les moyens de les prévenir" Nous sommes arrivés à l’époque de la crise la plus grave de l’histoire du capitalisme où la contradiction entre la capital et le travail est telle que le taux de profit ne peut plus se réaliser comme dans les conditions antérieures, toute recherche d’élévation de rentabilité du capital accroit de façon exponentielle les destructions de forces productives (usines, machines, emploi et formation des hommes, services publics, etc...), où les peuples sont frontalement victimes de cette crise. et où en France plus de 70% des gens considérent le capitalisme comme négatif. Et Marx de conclure : " La bourgeoisie n’a pas seulement forgé les armes qui la mettront à mort, elle a produit aussi les hommes qui manieront ces armes, les ouvriers modernes, les prolétaires". Evidemment les mêmes idéologues de la bourgeoisie vont expliquer que la classe ouvrière n’existe plus : c’est une pure ineptie. Qui produit, qui participe à la conception et à la réalisation des produits, qui les transportent, qui les distribuent ? La classe laborieuse n’a jamais été aussi importante à l’échelle mondiale. Des millions d’êtres humains sur cette planète ne souffrent pas de trop de croissance, de trop de production ou de trop de consommation, ils souffrent de l’absence du minimum pour vivre et vivent dans des conditions effroyables.
      Le business vert autour de l’idée du Développement durable s’appuie sur ces idéologies dominantes en tentant de récupérer des aspirations qui sont celles d’un développement socialement maîtrisé de la production. Il est évident que l’enjeu est cette maîtrise du développement par les peuples et les producteurs par l’appropriation sociale des moyens de production en renversant le capitalisme.
      Etre pour le TGV voyageurs et fret, le développement des lignes ferroviaires transversales, le maillage du territoire avec un vrai service public du chemin de fer, l’utilisation des péniches pour le transport des marchandises, la création de nouveaux aéroports pour transporter les gens et les biens, tout cela est indispensable pour un développement moderne dans la perspective que ce soient les peuples qui maîtrisent ce développement.
      Les élus communistes de Creil ne partagent pas la stratégie du PCF engagé dans le front de gauche car pour eux il s’agit d’une énième combinaison politicienne loin du peuple, loin de ce qui est en train de bouger dans les consciences dans une nation qui a rejeté massivement l’europe capitaliste (référendum de 2005), où plus de 70% des gens considérent le capitalisme comme négatif, où existent des traditions révolutionnaires et d’organisation des luttes exemplaires, un peuple qui a potentiellement les capacités de remettre en cause le système, étant donné son expérience acquise ces dernières décennies qui a mis en évidence l’incapacité de la gauche à construire une alternative mobilisatrice. Nous pensons que lorsque l’abstention a atteint l’ampleur d’aujourd’hui dans un pays où le vote représentait un bien démocratique reconnu et utilisé par le peuple voilà encore une quarantaine d’années cela traduit une nouveauté historique dans notre nation. Ce refus de participer au système politique qui accompagne la crise et défend le capitalisme, voire tente de le sauver, ce refus est gros de potentialités pour préparer une intervention massive et créatrice du peuple qui demain, si il le décide peut renverser le système et créer de nouveaux rapports sociaux y compris dans la production en devenant les propriétaires et les décideurs dans les entreprises.
      Qu’il faille produire autrement devient alors une évidence et c’est donc tout le contraire des apôtres de la décroissance comme tout le contraire des défenseurs du capitalisme en déclin : les discours qui consistent à exiger des salariés, des populations d’adhérer à la décroissance sous couvert que produire davantage mènerait à la catastrophe sont dénués de toute analyse de classe et nient aux peuples leurs droits de devenir les propriétaires et les gestionnaires des moyens de production. Le renversement du capitalisme peut ouvrir une ère où le rationalisme économique sera au sein de la production, parce que la production aura pour but enfin de satisfaire les besoins de tous les être humains de cette planète. En consacrant les richesses créées au développement des hommes, à leur éducation , leur formation, le caractère de la production prendra une autre orientation que le productivisme destructeur du capitalisme. Mais il est totalement réactionnaire de tenter de combattre l’irrépressible développement des forces productives à l’échelle mondiale dans lesquels les travailleurs avec les populations doivent impérativement devenir la classe dominante sous peine de destructions encore plus graves et d’une plongée de l’humanité dans une techno-barbarie.

      Jean-Paul Legrand