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Communion et libération, mouvement de "restauration" catholique

Publie le jeudi 21 octobre 2004 par Open-Publishing

de Henri Tincq

Communione e liberazione (Communion et libération) dont Rocco Buttiglione est - avec son fondateur Don Luigi Giussani - la tête pensante, fait partie de ces mouvements de laïcs italiens qui sont la courroie de transmission de l’Eglise dans la vie politique. Hier dans la Démocratie chrétienne, aujourd’hui dans les "miettes" de la DC défunte : le Centre chrétien-démocrate, de Pierfernandino Casini, président de la Chambre, et le parti des Chrétiens-démocrates unis, dont Buttiglione est le secrétaire, depuis qu’il a rompu avec le Parti populaire italien, aile gauche de l’ex-Démocratie chrétienne.

C’est dans les années 1960 de luttes étudiantes à Milan que s’est développé Communion et libération (CL), qui regroupe aujourd’hui 80 000 membres, préside, à travers Roberto Formigoni (Forza Italia), la région lombarde, possède des journaux influents (Trenta Giorni dont le directeur est Giulio Andreotti) et tient chaque année en août un "meeting" de masse convoité par la classe politique et intellectuelle.

Le mouvement a bénéficié du déclin de l’Action catholique, de la crise de l’Eglise après l’échec du référendum contre le divorce en 1974 et de l’effondrement du système politique et culturel issu de l’après-guerre. Il propose à ses militants une vision "intégraliste" de la société, où l’engagement politique ne se distingue pas de l’appartenance catholique. Un tel mouvement repose sur un "intransigeantisme fortement critique du monde moderne", (Salvatore Abbruzzese), en phase avec le modèle de "restauration" encouragé par Jean Paul II, dont CL et Buttiglione épousent toutes les positions contre l’avortement ou l’homosexualité. Très implanté à Milan, il a longtemps indisposé le cardinal Martini, ancien archevêque de la ville, au profil plus progressiste.

Dès 1983, dans le Monde, Rocco Buttiglione récusait les accusations d’intégrisme : "Il ne s’agit pas de faire coïncider foi et politique, mais de juger la réalité en fonction de catégories morales."

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-383668,0.html