Accueil > Un engagement farouche au service des valeurs chrétiennes

Un engagement farouche au service des valeurs chrétiennes

Publie le jeudi 21 octobre 2004 par Open-Publishing

Interrogé en 1994 par Le Monde sur son destin politique, Rocco Buttiglione constatait : "On a toujours terriblement besoin d’intellectuels en politique, mais pour un temps terriblement court." Dix ans plus tard, ce philosophe chrétien conservateur, conseiller de Jean Paul II, devrait pourtant sauver son poste de commissaire.

Violemment critiqué, l’homme peut opposer à ses détracteurs un engagement constant dans la défense des valeurs chrétiennes traditionnelles. Ses propos devant le Parlement européen sont dans la suite logique de ses déclarations antérieures.

Mardi 5 octobre, devant les députés européens, M. Buttiglione appelle à la rescousse Emmanuel Kant pour mieux distinguer morale et politique. Il explique ainsi qu’"il peut très bien penser que l’homosexualité est un péché mais que cela n’a aucune influence sur le droit".De même, interrogé sur le mariage homosexuel, il répond que "la famille existe pour permettre à la femme d’avoir des enfants et d’être protégée par son mari". "Cela relève de la philosophie, non de la politique", précise-t-il.

Samedi 16 octobre, la polémique rebondit lorsque le Corriere della Serafait état de propos de M. Buttiglione tenus lors d’un séminaire dans lequel il aurait déclaré que "les enfants qui n’ont pas de père mais seulement une mère sont les enfants d’une mère qui n’est pas très bonne". Le futur commissaire crie à la manipulation et explique qu’il s’agissait là d’une métaphore sur les relations transatlantiques : "Je voulais dire qu’il vaudrait mieux que l’Europe et les Etats-Unis s’entendent bien et que, en conséquence, les enfants aient un père et une mère."

En juin 2001, ministre du nouveau gouvernement Berlusconi tout juste formé, M. Buttiglione soutient la proposition de loi de son parti visant à remettre en cause la législation autorisant l’avortement. Il plaide pour le versement d’une allocation à chaque mère de famille. "Je vais également me battre pour obtenir l’égalité entre école privée et école publique, en particulier pour les financements de l’Etat", annonce-t-il. Le mois précédent, il avait été un des premiers à répondre à un appel de Jean Paul II saluant "le gouvernement ami" de M. Berlusconi. "Oui, nous défendrons la famille. La loi 194 (qui autorise depuis 1978 l’avortement) sera changée, mais l’abolir sera une longue lutte", écrit-il au pape. De même, il s’oppose farouchement à toute recherche sur le clonage thérapeutique.

En mai et juin 2000, M. Buttiglione concentre ses attaques sur la Gay Pride, une "provocation", juge-t-il, qui appelle "à la révolution sexuelle". Prônant une "attitude de compassion envers les homosexuels", il ajoute qu’elle doit s’accompagner d’une "condamnation de l’homosexualité, qui demeure un péché".

En février 1994, dans un entretien au Monde, M. Buttiglione plaide pour "une alliance entre la démocratie et la révélation chrétienne de la dignité de la personne humaine". Il l’oppose à une démocratie en crise, celle d’un "Etat qui va de pair avec une morale relativiste, et qui peut mener tout droit à la corruption et à un régime totalitaire".

En novembre 1989, lors d’un conférence internationale sur le sida organisée par le Vatican, M. Buttiglione déroute son auditoire en expliquant que s’il ne pouvait être à proprement parler considéré comme un "châtiment de Dieu", le sida pouvait malgré tout être l’expression d’un châtiment. Selon lui, la maladie pouvait être d’une certaine manière considérée comme un signe de la présence de Dieu, la souffrance du malade devant avoir une signification positive, pour lui et la collectivité : la maladie n’existe que pour que la guérison puisse survenir.