Accueil > Que l’homme le plus pertinent pour le 21e siècle soit un homme du 16e (...)

Que l’homme le plus pertinent pour le 21e siècle soit un homme du 16e siècle illustre la faillite de l’humanité

Publie le jeudi 26 août 2010 par Open-Publishing
2 commentaires

Thomas More, le célèbre humaniste anglais du 16e siècle, continue d’être implacablement pertinent pour le monde du 21e siècle.

Malheureusement cela souligne la faillite de l’humanité dans sa tentative de civilisation et de progrès. Autrement dit, l’humanité depuis les cinq derniers siècles a connu des progrès scientifiques et technologiques mais presqu’aucun dans l’aspect d’une vie en société plus civilisée.

Nous n’avons qu’à citer Thomas More dans son ouvrage du début du 16e siècle intitulé "L’Utopie" :

"Mais l’ouvrier, quelle est sa destinée ? Un travail infructueux, stérile, l’écrase présentement, et l’attente d’une vieillesse misérable le tue ; car son salaire journalier ne suffit pas à tous ses besoins du jour ; comment donc pourrait-il augmenter sa fortune et mettre chaque jour de côté un peu de superflu pour les besoins de la vieillesse ?

Ce n’est pas tout. Les riches diminuent, chaque jour, de quelque chose le salaire des pauvres, non seulement par des menées frauduleuses, mais encore en publiant des lois à cet effet. Récompenser si mal ceux qui méritent le mieux de la république semble d’abord une injustice évidente ; mais les riches ont fait une justice de cette monstruosité en la sanctionnant par des lois.

C’est pourquoi, lorsque j’envisage et j’observe les républiques aujourd’hui les plus florissantes, je n’y vois, Dieu me pardonne ! qu’une certaine conspiration des riches faisant au mieux leurs affaires sous le nom et le titre fastueux de république. Les conjurés cherchent par toutes les ruses et par tous les moyens possibles à atteindre ce double but :

Premièrement, s’assurer la possession certaine et indéfinie d’une fortune plus ou moins mal acquise ; secondement, abuser de la misère des pauvres, abuser de leurs personnes, et acheter au plus bas prix possible leur industrie et leurs labeurs.

Et ces machinations décrétées par les riches au nom de l’État, et par conséquent au nom même des pauvres, sont devenues des lois."

"La prospérité ne se calcule pas d’après le bonheur de chacun mais d’après le malheur des autres"

"Ces hommes détestables, avec leur insatiable avidité, se sont partagé ce qui devait suffir à tous..."

"Quant à croire que la misère du peuple soit une garantie de sûreté et de paix, l’expérience prouve assez que c’est la plus grande des erreurs. Où y a-t-il plus de bagarres que parmi les mendiants ? Qui est le plus empressé à bouleverser l’état des choses existant, sinon celui qui est mécontent de son lot ? Qui s’élance plus témérairement dans la voie de la révolution que celui qui n’a rien à perdre et qui espère gagner au changement ? Un roi qui serait méprisé et haï de son peuple au point de ne pouvoir tenir ses sujets en respect que par des rigueurs, des extorsions, des confiscations, un roi qui les réduirait à mendier, mieux vaudrait pour lui abdiquer tout d’un coup que d’user de procédés qui lui gardent peut-être la couronne, mais qui lui enlèvent sa grandeur, car la dignité royale consiste à régner sur des gens prospères et heureux, non sur des mendiants."

La pertinence de More pour notre époque nous fait prendre conscience de l’ampleur de la tâche pour ceux qui désirent un monde plus juste dans lequel tous pourraient avoir une vie décente et heureuse.

Messages