Accueil > communiqué de l’OCL sur la manifestation contre le racisme du 4 septembre

communiqué de l’OCL sur la manifestation contre le racisme du 4 septembre

Publie le samedi 28 août 2010 par Open-Publishing
1 commentaire

Ne soyons pas amnésiques

La date du 4 septembre pour cette manif antiraciste unitaire, a été choisie parce qu’elle coïncide avec le 140e anniversaire de la fondation de la Troisième République qu’il faudrait « fêter », selon les organisateurs de l’appel « citoyen » : « Non à la politique du pilori ».

Curieusement, jusqu’ici aucun des historiens ou des intellectuels qui fustigent Nicolas Sarkozy pour sa manipulation ou son ignorance de l’Histoire n’a fait remarquer que la Troisième République a été fondée sur le sang des Communards, les persécutions, les condamnations à l’exil, au bagne et à la prison, quand ce n’était pas le poteau d’exécution décidé par les conseils de guerre qui siégeront pendant les quatre premières années de la Troisième République ou les cours prévôtales qui fusillaient les hommes et les femmes pris les armes à la main.


Les rédacteurs et les 30 000 signataires de l’appel "Non au pilori" ont complètement oublié les 20 000 morts de la Commune de Paris, les 38 000 arrestations, les 50 000 jugements qui se poursuivront jusqu’en 1877, les 4000 personnes expédiées au bagne, le tout pour quoi ?


Pour célébrer, le 4 septembre 2010, la Troisième République des bourreaux du peuple parisien.

Le citoyennisme, qui est l’idéologie dominante à gauche, est décidément bien un négationnisme (à peine dissimulé) de l’histoire du mouvement ouvrier et de ses combats, comme de la politique de la République.

Ne soyons pas de ceux qui oublient que la politique actuelle vis-à-vis des Roms en général, comme la menace vis-à-vis de la perte de la nationalité, se situe en fait dans le droit fil de la tradition républicaine. Ceux qui prétendent le contraire et en appellent à cette tradition contre Sakozy sont des menteurs ou des ignorants. Cela fait plus de 200 ans que la République n’accorde pas les mêmes droits à tous ses « citoyens » et en particulier à ceux qu’elle nomme depuis 1978 les « gens du voyage » pour échapper à l’accusation de racisme.



 Ce 4 septembre 2010, si nous descendons dans la rue contre ce pléonasme (faussement) naïf qu’est la «  xénophobie d’Etat » (tout Etat tend à être xénophobe), rappelons au moins le nom des communards et des pétroleuses !

 N’oublions pas qui était Adolphe Thiers, le chef des Versaillais, celui qui a lancé 130 000 soldats contre les ouvriers et les artisans parisiens, le premier président de cette Troisième République qui a commencé aussi mal qu’elle a fini et que nos citoyennistes de la gauche sans mémoire voudraient que nous "fêtions" en enterrant une seconde fois les Communards.



Souvenons-nous qu’après la Commune, des conseils de guerre fusillant les Communards en septembre 1870 aux pleins pouvoirs votés à Pétain en juillet 1940 par les trois-quarts des députés socialistes, des « lois scélérates anti-anarchistes » au « Carnet B » destiné à emprisonné tout opposant à la boucherie de 1914, des massacres coloniaux aux couvre-feu imposés aux Algériens en France qui débouchèrent sur le massacre de 1961, des fichiers de l’immigration les plus sophistiqués
de la planète aux lois restreignant (déjà) les droits des immigrés aux carnets anthromométrique pour les « gens du voyages », la Troisième République et sa suivante la quatrième, ont une belle continuité que les sans-mémoire de la gauche célèbrent en toute bonne (in)conscience !

 Toutes ces mesures, et il y en a bien d’autres, furent des mesures légales prises dans le cadre constitutionnel qui « assure l’égalité de tous les citoyens ».

Mais il ne s’agit pas seulement d’Histoire mais aussi de présent. Derrière cette amnésie se cachent à peine un objectif et une stratégie pour préparer 2012 et un grand front républicain destiné à remettre au pouvoir, à la place de l’actuel, ceux qui ont toujours mené les mêmes politiques sur tous les plans y compris celui de l’immigration, du racisme et du sécuritaire. Pour ce faire on nous refera le coup de la montée du fascisme et du racisme, comme en 2002, alors que précisément si la droite est aussi arrogante c’est parce que les 80 % que lui ont accordé alors les votants ont eu valeur de quitus pour mener à bien cette offensive politique au service du patronat et des grands groupes financiers.

Il est particulièrement significatif que quelques jours après ce 4 septembre aura lieu la manifestation sur les retraites (alors que tout est déjà joué sur ce terrain, sans combattre). On sait pourtant que le seul moyen d’enrayer le racisme et le fascisme c’est précisément le développement de grands mouvements sociaux. Il ne faut pas mélanger les choses, nous dit-on… Eh bien si, justement il faut les mélanger et les mélanger encore.

Ne marchons pas dans la combine. Nous ne chasserons pas Sarko pour mettre le PS à sa place, pas plus que n’importe qui. Nous ne serons pas amnésique vis-à-vis des années de plomb que furent les années Mitterrand que l’on voudrait nous faire oublier.

Oublions seulement nos nationalités et construisons un internationalisme contre les patrons, contre le capitalisme, pour le communisme.

Organisation communiste libertaire : http://oclibertaire.free.fr/

Messages

  • Il est parfaitement exact qu’il y a une cohérence entre l’assaut généralisé de la bourgeoisie contre les droits des travailleurs dans le contexte de crise du capitalisme et les désignations de boucs émissaires à la crise, la propagande et les mesures pour renforcer les moyens d’écraser physiquement les résistances et les rebellions.

    La propagande des grands médias ne rentre pas dans le cadre du hasard mais est sophistiquée avec une mise en scène méthodique et permanente.

    Sarkozy, là, est dans son rôle de chef de cette guerre sociale et manœuvre, fait propagande pour que les travailleurs se jettent à la gorge les uns contre les autres, pour que soit acceptée idéologiquement dans la classe populaire les droits neo-fascistes que le régime donne à l’appareil répressif de l’état.

    Il faut aller à toutes les manifs et mobilisations mais il est vital et important d’expliquer la politique de Sarko au service de la bourgeoisie, comment le thème de l’insécurité est au service des patrons et des plus riches, afin de faire oublier ce qui mettrait en furie une classe populaire si le quart du dixième de la propagande en faveur de la sécurité et du racisme était remplacé par une info honnête sur la bourgeoisie et ses actes, les Bettencourt et Woerth and co.

    On ne peut mener une bataille sur les retraites sans rappeler que derrière la tentative d’agression il y a la bourgeoisie et les bourgeois qui essayent de récupérer une part de plus des richesses.

    On ne peut mener une politique contre la propagande de journalistes policiers sans expliquer les raisons pour lesquels des employés de gros trusts des médias mènent ce genre d’enflage des consciences.

    Et ces raisons sont des raisons de domination et maintenant de ce qu’il faut appeler une guerre sociale, un assaut généralisé et planétaire d’une petite classe parasite, dans la forge de la grande crise.

    Les questions sordides de propagande en faveur du racisme et de la xénophobie ressortent de cet assaut dans une crise terrible afin qu’on se jette à la gorge les uns contre les autres.

    Ce ne sont pas des dérives, ni des déviations , ces thèmes de propagande et ces politiques menées ne sont pas de la drague vers le FN et son électorat, mais quelque chose de plus grave, un enjeu stratégique pour la bourgeoisie, une nécessité impérieuse sans laquelle les hommes et les femmes auraient envie de monter des guillotines sur chaque place publique devant le pillage global et les junkies du pouvoir.

    La prise en compte de l’importance des deux béquilles actuelles de la propagande bourgeoise (racisme et insécurité) dans la politique de la bourgeoisie est une nécessité de la contre -offensive.

    Comprendre ce qui se passe et l’expliquer , sans chichis