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France : Médecins du Monde : « La fréquentation de nos centres d’accueil a augmenté de 17 % ».

Publie le mardi 12 octobre 2010 par Open-Publishing

L’ONG Médecins du monde, qui vient de rendre son rapport 2009-2010, constate que l’accès aux soins des plus démunis s’est « brutalement dégradé » en France l’an dernier.

Olivier Bernard, son président, pointe la politique menée en matière d’immigration et la crise économique.

Liberation.fr : Quel bilan Médecins du Monde tire-t-il de ses opérations en France pour 2009 ?

Olivier Bernard : Le bilan est très inquiétant pour des raisons objectives. Trois chiffres suffisent à se rendre compte de cette dégradation de la situation. Par rapport à 2008, la fréquentation de nos centres d’accueil a augmenté de 17 %. Plus grave, nous constatons un doublement des recours aux soins avec retard, en passant de 11 % en 2007 à 22 % l’an dernier. Enfin, et c’est une nouveauté pour nous, le nombre de patients enfants ou adolescents a bondi de plus de 30 % ! C’est énorme, mais nous espérons y remédier.

Liberation.fr : Comment l’expliquez-vous ?

Olivier Bernard : Il y a deux facteurs aggravants : la politique du gouvernement, et la crise économique. Si les gens tardent aujourd’hui à se faire soigner, c’est essentiellement pour des raisons administratives, économiques et d’ordre sécuritaires. Soit les malades n’ont pas les moyens de se faire soigner, soit ils ont peur de se faire interpeller. À Médecins du Monde, nous ne voulons pas nous substituer aux services publics. Nous voulons plutôt faire de l’accompagnement.

Liberation.fr : Quelles sont les perspectives d’avenir ?

Olivier Bernard : En 25 ans, nous sommes devenu un acteur important avec nos 22 centres et notre centaine de projets sur tout le territoire, DOM-TOM compris. Notre activité de base est de soigner toute personne venue nous voir dans nos dispensaires, quelque soit ses ressources. Mais nous allons aussi à la rencontre des publics qui n’osent pas venir nous voir avec des programmes mobiles. Toutefois au regard de la situation économique, politique et sanitaire du moment, nous avons de vraies inquiétudes pour l’accès aux soins des plus fragiles. La ministre de la Santé Roselyne Bachelot souhaite lutter contre les inégalités et je pense qu’elle est sincère. Mais dans le même temps, on réduit l’accès aux soins. C’est un paradoxe...

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