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Electoralisme et absence de projet

Publie le vendredi 29 octobre 2010 par Open-Publishing
6 commentaires

Des millions de Français défilent dans les rues et bloquent le pays. A chaque journée de manifs, on aperçoit les dirigeants politiques des partis dits de gauche dans les cortèges.

La droite, propriétaire des médias par patronat interposé, ne cesse de clamer que le mouvement est inutile et qu’il va s’essouffler. Interrogés, les dirigeants de gauche ne cessent de renvoyer à 2012. Pire, à bien les écouter, ils n’ont pas, sur la question de la réforme des retraites, la même approche ni la même perspective.

Ainsi va, ce mouvement, de manif en manif et de perte de salaire en perte de salaire, vers son maigre destin.

Mais pourquoi cette réforme ?

Le capitalisme mondialisé poursuit sa stratégie de redéploiement. Il trouve, dans les pays dits en voie de développement, une main d’oeuvre à très bon marché. Aussi, procède-t-il aux délocalisations, désertant les pays où les entreprises industrielles virent le jour pour s’installer là où l’exploitation sociale est bien plus rentable : salaires plus bas et charges sociales nettement moindres.
Notons que la hauteur des salaires et l’importance des charges sociales, dans ces pays industrialisés, sont la conséquence des luttes syndicales. Durant 2 siècles de luttes et de révolutions, les travailleurs ont arraché des acquis sociaux. La bourgeoisie capitaliste joue délibérément le jeu de la trahison nationale. D’aucuns diraient : patriotiques.

Et c’est bien parce que les entreprises délocalisent que se développent un chômage de masse et une paupérisation certaine, de sorte que, d’un point de vue capitaliste, il importe d’autant plus de laisser aller les délocalisations, le chômage de masse, et de maintenir au travail, le plus longtemps possible, les salariés âgés, sachant qu’ils partiront avec les 65 ans, pénalisés par les décotes... D’autant plus de bénéfices...

Or, nos partis de gauche ne soulèvent aucunement ce point. C’est dire s’ils ne contestent nullement l’orientation économique du capitalisme mondialisé. Chacun y va de sa proposition pour plus ou moins aménager des réformettes au dedans de ce contexte économique.

Du coup, les luttes en cours n’ont aucune perspective politique. Elles se proclament d’un "jusqu’au bout" indéterminé, non nommé, opaque et indéfini. Politiquement, il n’y a aucune issue, aucun objectif, aucun projet de ralliement.

Non seulement il n’y a rien mais c’est à désespérer que conduit, du coup, le mouvement social. Sortir d’un long conflit, sonné, perdant, sous le sourire arrogant du patronat et de la droite, c’est se condamner à la désespérance et à des révoltes ulcérées et improductives. 2012, 2012, crient dérisoirement les partis de gauche. Les candidats ténors passent à la télé. Voyez Hollande : costumé, cravaté et coiffé, il joue son destin perso. DSK affame les peuples mais ne désespère pas venir nous la jouer socialo pour enfin bouger les choses. Ségo s’est elle aussi déguisée, jetant aux orties sa tenue de prêtresse rose invitée au music hall politique pour se grimer en ténor féminin moins hystérique. Mélenchon multiplie les coups de gueule et mouline de son épée un brin populiste qui défonce les portes ouvertes. Quoi qu’il en soit, citoyens, citoyennes, revenez dans un an et demi, là, c’est un peu trop tôt. Vous allez voir ce qu’on va vous concocter : un remember de mitterrandisme mâtiné de jospinisme, genre Blair, Papandréou, Zapatero. Hein ? Elle est pas belle, la vie ?

Alors qu’il faut dire : le capitalisme nous vole notre travail et tous nos acquis sociaux. N’abandonnons pas nos droits, abandonnons le capitalisme !...

Messages

  • Tu dis N’IMPORTE QUOI !!! Renseigne toi , ça nous fera gagner du temps ; on évitera de lire tes délires pro-sark

    Marco

  • Tu as entièrement raison, il faudrait être aveugle pour ne pas voir que de gauche à droite on ne remet pas en cause le fond du problème mais plutôt qu’on essaye de "faire avec".

    IL n’y a aucune raison de se contenter de "faire avec", car ce système n’est rien sans nous travailleur de tout poil.
    Ce système n’est pas, comme certain essaye de nous le faire croire l’aboutissement naturel et immuable de la société humaine.

    Ce système pour parler en terme presque religieux (bien que je ne le sois aucunement , mais l’image est forte) se présente comme la bête immonde, l’autre côté du miroir, la face la plus sombre de l’homme celle qu’il nous appartient et nous à toujours appartenu de combattre pour améliorer notre monde, notre espèce.

    mais au lieu de condamner comme dans ce post, il serait sans doute plus constructif de proposer.

    Je suis entrain d’écrire un article avec des propositions concrètes sorties de mon utopie personnelle, je vous livre ca très bientôt.

  • Ton post critique justement le réformisme mais sans aller jusqu’au bout puisque nos syndicats sont précisément on ne peut plus réformistes.
    Evidemment que nous n’avons d’autre choix que de nous syndiquer et d’agir en nous appuyant sur les syndicats mais les actions lancées sur des bases erronées peuvent coûter cher et l’absence de contrôle de la bureaucratie aussi.

    Bases erronées : l’intersyndicale fonctionne sur des objectifs a minima, en l’occurrence non pas lutter contre l’exploitation généralisée non pas contre la régression, le départ plus tardif, la baisse des pensions, mais contre "cette réforme" parce "que tout le monde sait qu’il faudra réformer" ( ce qui est faux : sur cette base-là, on peut dire aussi : nous devons être compétitif et rapprocher nos salaires de ceux du tiers-monde).

    Avec ce genre d’objectif, impossible d’étendre la lutte aux salariés en lutte dans tel ou tel secteur et la bureaucratie de la CFDT peut condamner sans vergogne les blocages au non de "la liberté de circulation "des biens et des personnes" sans que la bureaucratie de la CGT ne moufte "parce qu’il faut préserver l’unité"

    Avec ce genre d’objectif, on continue jusqu’à ce que la loi soit votée, puis jusqu’à ce qu’elle soit promulguée, limites imbéciles des légalistes. Oui, et après ? Après, on fait risette à Parisot, nous dit Chérèque !

    La bureaucratie syndicale a été définie comme "l’organe de direction de l’État bourgeois sur les ouvriers." par quelqu’un que je ne cite pas à cause de Kronstadt. Est-ce faux ?

    Le moment est peut-être venu d’être clair : la lutte ne peut pas être limitée à des objectifs ponctuels, le syndicalisme ne peut se défendre d’être politique ou il se condamne.
    Il n’y a pas de grain à moudre comme disait l’autre et si les bureaucraties se défendent de vouloir changer le système, c’est qu’il leur convient !
    Et ce n’est pas ceux qui attaquent ces bureaucraties qui affaiblissent le mouvement syndical ! C’est le contraire !

    • Les syndicats sont réformistes ? C’est vrai, je ne l’avais pas dit, mais je croyais à tort que cela s’en dégageait.

      J’ignorais la citation du chantre de la 4ème, mais ce qui m’étonne moins, c’est que rien d’elle ne résonne, ni raisonne, en moi.

      J’en reste, pour ce qui me concerne, au constat qu’aucun parti n’a politiquement voulu expliquer les raisons de l’actuelle situation économique et sociale, ce qui démontre clairement qu’aucun d’eux n’est l’ennemi de classe de la bourgeoisie, de la droite et de l’extrême-droite...