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Le déluge universel

Publie le vendredi 31 décembre 2004 par Open-Publishing
5 commentaires

de MARIUCCIA CIOTTA

La Terre a essayé de se suicider. Elle a explosé quelques heures après Noël au
centre du "paradis" en une apocalypse liquide qui a balayé des milliers de personnes
sur les côtes de l’Océan Indien jusqu’à toucher l’Afrique. L’axe terrestre s’est
mis à osciller et la planète au milieu de l’univers a sonné le glas d’une immense
cloche.

La vague anomale du Tsunami a déjà ravagé et tué dans d’autres régions
mais jamais ainsi et jamais elle n’a transmis des cercles concentriques de peur
au-delà de la zone circonscrite du raz-de-marée. Il y a dans cette catastrophe
le sens d’une tragédie globale qui fait penser aux essais d’une fin du monde.
Le phénomène était prévisible, disent maintenant les experts, et beaucoup auraient
pu se sauver, mais dans cette "partie de monde" n’arrivent même pas les dépêches
de pré alarme, comme si c’était un endroit sur la Lune, fréquenté de temps à autre
par les touristes de première classe qui ont intéressé les médias plus que tant
d’hommes et d’enfants sans nom, pris par l’eau et "disparus".

Tandis que le bulletin est mis à jour et devient de plus en plus long, au-delà de l’incroyable, on découvre que la mer n’a pas fait de distinctions entre des vip et n’importe quels gens, tandis que nos ministres et chroniqueurs oui, parce qu’ils ont mobilisé tout de suite la machine des rapatriements à sens unique et tapissé les kiosques d’affiches sur le danger évité par la star de service. Il y a ceux qui veulent se rendre au Sri Lanka, au contraire, pour chercher leur enfant disparu plutôt que pour fêter le jour de l’an sur la plage. Aidons les immigrés de ces pays à rentrer chez eux et non seulement nos concitoyens bloqués dans les stations balnéaires. Et pourtant cette fois l’angoisse pour les Italiens perdus va au-delà des frontières. Elle unit tout le monde dans une seule douleur. La même vertige et un seul coupable : le degré 9 de l’échelle Richter. De l’île de Phuket, set partagé de phantasmes exotiques, est venue l’horreur qui a exterminé les habitants de sept Pays avec la puissance d’un million de bombes de Hiroshima.

Mais le carnage de dimanche ne ressemble pas à celui de l’école de Beslan, de Bagdad et de Fallouja, il n’est pas humain, et renvoie plutôt à l’imaginaire catastrophique. C’est comme un film, disent beaucoup face à l’avalanche d’eau qui est arrivée à la vitesse de mille Km à l’heure à saisir des vies jusque dans l’arrière-pays. Un film, pour dire l’émotion du regard comme il arriva pour les Twin Towers. Des images du désastre. Un ultimatum à la Terre provenant d’un non-lieu profond, l’espace sidéral sous nos pieds. Le cœur de la planète a volé en éclats. Et beaucoup se souviennent que la colère divine s’était déjà déchaînée il y a un an, exactement le 26 décembre 2003, quand le séisme rasa la ville historique de Bam.

Des choses qui renvoient au jugement universel et font découvrir un seul monde où les corps des touristes occidentaux se mêlent et s’embrassent dans la vase de l’océan avec ceux des pécheurs d’Aceh. Face à tant d’horreur, il y en a qui oublieront la mort "pas naturelle" d’autres milliers d’hommes en ce 2004 marqué par des massacres ordinaires sur les champs de guerre au nom du "choc des civilisations" tandis que - surprise - il y en a une seule de civilisation. Il est difficile de n’y pas penser dans une comptabilité macabre de fin d’année, tant de vie perdues qui valent moins que rien brisées par le "feu ami", homme contre homme.

La nature indifférente nous observe pleurer sur les inconnus tués à Noël par un sursaut de l’océan et se demande pourquoi.

Traduit de l’italien par Karl & Rosa de Bellaciao

 http://www.ilmanifesto.it/Quotidian...

Messages

  • Oui nous pleurons toutes ces morts....bien sur......je suis en Thailande actuellement et ce qui me ferait le plus pleurer n’est pas les milliers et milliers de morts ni les images horribles qui n’arretent pas de defiler ici sur les ecrans de television, mais que tous ces jolis touristes en vacances qui promenent leurs tatouages et leur biere dans les rues les plus touristiques de Bangkok ont l’air de ne rien en avoir a foutre du tout.
    Oui daccord c’est la nouvelle annee, mais qu’est-ce qu’on s’en fout de faire le decompte des secondes avant minuit completement bourre alors que des centaines de milliers d’individus ont tout perdu sauf la vie, mais ce qu’il leur reste est pire que tout puisque ce n’est plus que de la survie et cela dans des pays ou deja souvent l’existence hors catastrophe se resume a ca.
    J’ ai envie de vomir devant tant d’indifference.

    Et puis autre chose, ne pourrait-il pas exister une "organisation" spontanee de gens qui veulent venir en aide ???? Doit-on toujours posseder de nombreuses qualifications pour se rendre sur le terrain et oeuvrer efficacement ?? Vous, nous, les "anarchistes", les "anti-fascistes", les "communistes", les "sociaux", on est tres doue pour faire des manifs et des concerts, pour defendre les squats et gueuler "morts aux cons", mais on ne pourrait pas dans un sursaut de courage et de compassion venir en aide a ceux qui en ont le plus besoin dans des moments extremes ????? Oui c’est dur, oui c’est loin, oui ca pue les cadavres en decomposition mais les efforts ne se font pas dans les duvets et l’odeur des roses. Aucun "alternatif" n’est jamais present lorsqu’il faut risquer sa raison et prendre gros sur soi. Mais peut-etre est-ce beaucoup plus a la mode et utile pour l’humanite de balancer des sofas a la gueule des flics lors des expulsions que de reapprendre a sourire a des etres completement perdus ?

    Natacha.

    • Ce qui est dommage, c’est que l’homme oublie qu’il n’est rien face à la nature et que nous sommes impuissants.
      Les pays développés pensent que l’argent les mettent à l’abri de tout. Mais face à la mort nous sommes malheureusement égaux.
      On considère que la raison du plus fort est la meilleure, mais tous ces événements nous poussent à revenir sur nos acquis et nous amène à nous demander quel est le sens de la vie. La misère dans le monde, la souffrance des autres nous touchent mais tant que nous ne sommes pas touchés directement, on ne sent pas concerné.
      Cela nous donne une leçon d’humilité et il est grand temps que nous fabriquons un monde plus humain car là est à mon avis, le sens de la vie.
      Sophie

    • Réponse à Sophie :

      1. N’étant pas des êtres vivants, les pays développés ne "pensent pas".. ;

      2. Les poncifs sont-ils nécessaires ("on" (et qui est "on" ?) considère que la raison du plus fort est toujours la meilleure, face à la mort, nous sommes tous égaux, etc...) ?

      3. La destruction de l’environnement se fait actuellement pour que les bénéfices des actionnaires des multinationales minières, pétrolières, ou forestières soient maximaux. Au nom de quelle espèce de "péché" de l’homme devrais-tu, Sophie, te sentir responsable ?

      4. Des infos de plus en plus précises indiquent que l’hécatombe AURAIT PU être bien moindre, si l’on avait évacué les populations à temps : on avait des signaux...
      A Cuba, avant chaque cyclone, les populations sont évacuées par millions.

    • "tous ces évènements nous poussent %E

    • "tous ces évènements nous poussent à revenir sur nos acquis"...

      Voilà une réflexion qui va ravir le baron !