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Matt TAIBI : La guerre de Wall Street (au Congres US).

par dans la jungle de la finance

Publie le samedi 23 juillet 2011 par dans la jungle de la finance - Open-Publishing

Matt TAIBI : La guerre de Wall Street (au Congres US).
L’histoire d’une petite victoire, l’audit de la FED commençée en 2008, aboutie en juillet 2011 et censurée depuis,sur tous les moteurs de recherche du net.Le lobbyng financier a le bras long et les moyens.

"C’est début mai à Washington et il y a quelque chose d’étrange dans l’air. Alors que Chris Dodd, Harry Reid et les autres ’faiseurs de deals’du Sénat se dirigent vers la ligne d’arrivée du "Restoring American Financial Stability Act’,l’énorme effort en cours depuis un an pour nettoyer le marais du crime qu’est devenu Wall Street via ce projet de loi, le mot commence à se répandre sur la colline du Capitole que quelqu’un a oublié de ’tuer’les réformes importantes contenues dans le projet de loi.

La première semaine de mai, le projet de loi contient encore des mesures agressives quipourraient couter aux poids lourds comme JP Morgan ou Goldman Sachs des dizaines de milliards de $.

D’une certaine façon, le projet de loi a réussi à s’échapper de l’orgie de bordel du Sénat de flirts bipartisans, de compromis en petites lettres et les trous grands comme une autoroute qui réduisent à zéro toute chance de changement signifiant

Le plus choquant est connu des insiders du Sénat comme le "716".

Cette section d’un amendement forcerait les méga-banques, soit à renoncer aux énormes avantages de leur accès à la ’fenetre de discount’de la FED, ou renoncer aux risques insensés, types paris de casino, qu’elles ont faites via les ’dérivés’. Ceci pourrait signifier plus de montage de swaps d’interet pourris en Grèce, plus de business liés aux CDO et autres produits conçus sur la merde du subprime, ne plus avoir des bookmakers idiots comme AIG pour assurer leurs CDS ou hypothèques toxiques.

En bref, "716" serait comme la scie électrique pour un des centres de profit les plus lucratifs de Wall Street. Selon certaines estimations, la moitié des revenus de trading de JP Morgan Chase entre 2006 et 2008 provenait de ce segment. Cinq des plus grandes banques américaines ( Golman, JP Morgan Chase, BOA, Morgan Stanley et Citigroup ) auraient gagné 30 milliards l’année dernière. Si "716" venait à passer, cela serait un véritable Hiroshima pour l’ère de l’avidité.

"Quand j’ai entendu parler pour la première fois de "716",j’ai pensé que cela ne pourrait jamais se passser", dit Adam White, un expert en dérivés qui a été l’un des avocats les plus virulents de la réforme.Lorsque je lui parle début mai, il semble légèrement troublé,comme si il ne pouvait croire en sa bonne chance."C’est curieux, dit-il.
Nous continuons à attendre le prochain obstacle, et pour l’instant "716" est encore fort."

Dans les semaines qui précèdèrent le vote du projet de loi, j’entends une variation après l’autre sur ce thème de la part d’’insiders du Sénat’,i.e que le processus habituel de ’miner’le projet de loi n’est pas en cours comme d’habitude,en dépit des pressions de Wall Street.

L’industrie financière a, selon les estimations, envoyé jusqu’à 2000 lobbyistes au Capitole ; meme les vétérans sont stupéfaits de l’intensité du blitz."Ils essaient tout"déclare le Sénateur démocrate de l’Ohio, Sherrod Brown.

L’armée de Wall Street est particulièrement imposante en raison du fait que la principale ( en fait, la seule ) coalition progressiste à l’oeuvre sur l’autre aile, ’Americans for Financial Reform’a moins d’un an d’existence et dispose simplement de 60 lobbyistes bénévoles qui s’activent dans les couloirs du Sénat.

Les banques, qui ont le plus en jeu, sont particulièrement bien connectées.La campagne de lobbying de Goldman Sachs est menée par un ancien directeur de cabinet de Barney Frank, Michael Paese, qui coordonne les efforts de 14 sociétés de lobbying à faveur de Goldman sachs.La banque est aussi ’représentée’par des poids lourds de la Colline du Capitole, comme le précédent leader de la majorité au Congrès Dick Gephardt et l’ancien chef de cabinet de Ronald Reagan Ken Duvertstein. Pour résumer, il y au moins 40 ex-membres du Comité Bancaire du Sénat, et meme un ancien sénateur, Trent Lott, qui lobbyient à faveur de Wall Street. Jusqu’aux ultimes semaines du débat de la réforme, il semblait que tous ces ’insiders’ étaient confrontés à la perspective d’une défaite, rare, et ils n’étaient pas contents.

Un lobbyiste se plaignit meme au Washington Post que le projet de loi était débattu en session, au lieu des habituelles coulisses."Ils ont réussi à faire décoller ce débat et sans une discussion raisonnable en coulisses, dit il."Prenons quelques sages pour s’asseoir autour d’une table dans une pièce tranquille’ pour travailler dessus"

Comme il s’approchait de la ligne d’arrivée, le projet de loi ’Restoring Americian Financial Stability Act’ était d’une échelle sans précédent, surpassanr la réforme du système de santé par sa taille et son impact sociétal.

Il encadrerait le marché de 600 trillions de $ des dérivés, créerait une nouvelle énorme agence fédérale pour protéger les clients, ouvrirait les livres de la FED pour la première fois de l’histoire et peut-etre meme démanteler les banques ’Too Big too fail’de Wall Street.

L’histoire récente du Congrès U.S suggère que c’était presque sur qu’ils foutraient en l’air cet effort pour mater et tuer le dragon de la corruption qui non seulement dévoré notre économie mais notre façon de vivre ces vingt dernières années.

Cependant, à quelques semaines de l’échéance dans le processus en cours depuis douze mois pour passer cette nouvelle loi, les mauvais de la pellicule couraient encore.Meme les Sénateurs semblaient étonnés de leur comportement inhabituel. Ce nouveau bébé, la réforme financière, allait etre ce rare enfant qui se tira de la saleté et du crime organisé afin que tout le monde en soit fier.

Ensuite la ’réalité’reprit ses droits

Il vous faut vous imaginer le projet de loi comme un énorme conflit mené sur plusieurs fronts, avec le ’petit’,le très influentiel lobby de Wall Street d’un cote et de l’autre pratiquement toute la planète.Pour etre précis,pensez à la II e Guerre Mondiale, avec ses batailles gagnées au terme de longues marches et des campagnes brutales, d’autres par des attaques de ’blitzkrieg’, ou encore décidées par l’ espionnage et les mouvements clandestins.

A chaque fois, au dernier moment,l’axe de Wall Street a transformé des positions perdues en des victoires surprises ou, au pire, en des ’nulles’ amèrement disputées.La seule façon de rendre compte de la taille du comeback de Wall Street est d’esquisser l’ensemble des mouvements fous de dernière minute sur les 4 fronts majeurs du conflit.

FRONT 1 : L’AUDIT DE LA FED

La partie avec le plus de succès de la réforme était probablement le mouvement "Audit the Fed" mené par Bernie Sanders, Sénateur indépendant du Vermont. Pendant presque un siècle,la FED a été, à l’intérieur de nos frontières, une nation en elle-meme, avec des pouvoirs étendus pour dessiner l’économie et pas de réelles limites à son autorité si ce n’est la capacité du Président de nommer son directeur.Dans l’ère des bulles, elle s’était transformé en une machine de ’bail-outs’ automatiques, aidant Wall Streeet à se renflouer en fournissant les me’gabanques avec de l’argent bon marché après l’effondrement de chaque bulle spéculative.

Mais tous d’un coup, Sanders parvint à faire passer un amendement voté 96-0 pour obliger la FED à ouvrir ses livres à l’examen du Congrès.

Si A.Greenspan et B.Bernanke ne prennnent pas ce vote 96-0 comme un coup dans les parties témoignant de l’effroyable impopularité de la FED,ils devraient. Quand 96 Sénateurs se mettent d’accors sur quelque chose, soit ils affirment leur foi en la bannière ou commémorent la mort de Mère Theresa.

Mais comme il va s’avérer, les deux trillions et plus en prets que la FED a distribué en secret après l’effondrement de 2008 est quelque chose que les deux partis en présence n’ont aucun problème à pisser desssus.

Une des alliances les plus étranges du ’bailout’ quand Sanders et le Sénateur Jim de Mint, un conservateur de la Caroline du Sud, irent sur CNBC débattre avec Larry Kudlow et les trois se mettre d’accord sur la nécessité de contraindre la FED à la transparence. "Des gens venant d’horizons très diférents sont d’accord sur le fait que cela ne devrait pas etre fait en secret"dit Michale Brigg, un aide du Senateur Sanders.

Si l’amendement Sanders devait survivre,il menerait à des ’disclosures’’délicieux.Il y a environ un an, Sanders interrogea Bernannke lors d’une audition budgétaire au Sénat,lui demandant de citer les banques qui avaient été sauvées par la FED.Sanders demanda "Allez vous dire au peuple américain à qui vous avex preté 2.2 trillion de leurs dollars ?". Bernanke,après un moment d’hésitation, dit brutalement "Non". Ce serait "contre-productif’ expliqua-t-il, si les clients et les investisseurs venaient à apprendre que ces pauvres banques étaient suffisamment dans la mouise pour avoir besoin d’un secours gouvernemental.

La performance de Bernanke ce jour-là contraria tant le sénateur Sanders qu’il écrivit spécialement l’amendement pour amener le chef de la Fed à l’humilité.

La nouvelle loi forcerait Bernanke à poster sur le site de la FED les identités des entités ayant bénéficié de prets. Elle obligerait le ’Accountability Office’du Gouvernement à enqueter sur les potentiels conflits d’interet pendant le ’bail-out’, comme la présence du CEO de Goldman L.Blankfein dans la pièce durant la négociatio du bail-out d’AIG , qui eut pour résultat Goldman recevant 13 milliards d’argent public via le sauvetage d’AIG.

L’amendement Sanders pourrait bien avoir été la victoire qui ferait les gros titres dans la guerre en cours de la Réforme financière, mais meme cette batailledonna lieu à des pertes sévères.

Sanders à l’origine avait déposé un amendement beaucoup plus proche que la version du Congrès poussée par Ron Paul, une version qui aurait ouvert en permanence les livres de la FED au Congrès.Mais comme le Sénat avançait vers le vote,le camp de Sanders commenca à entendre que l’administration d’HBO était oppposé à l’amendement, craignant qu’il ne donne trop de pouvoir au Congrès trop d’implication dans la politique de la FED .

"La Maison Blanche disait combien la transparence était merveilleuse, mais ils avaient encore des réserves, dit Briggs, en l’espace de quelques heures ces réserves furent résolues.

"Le résultat final fut un accord qui restreignait l’audit à un fusil à un coup:Le Congrès pourrait seulement examiner les prets de la FED effectués après Décembre 2008. Une fois cet ’audit’ achevé, les livres de la FED seraient de nouveau scellés à jamais face à tout examen public.

Le Sénateur David Vitter, un Démocrate de Louisiane, répliqua avec un amendement visant à ouvrir les livres de la FED de façon permanente, mais l’amendement fut vaincu au terme d’un vote 62-37.

Lors d’une des retraites les plus absurdes et indéfendables de la guerre, une majorité de sénateurs vota pour se dénier le pouvoir d’auditer la FED au profit du peuple américain. Quand il s’agit de protéger l’une des banques les plus riches du monde de l’examen public, il résulta que les Démocrates et les Républicains n’avaient aucun problème pour parvenir à un accord bi-partisan...

FRONT 2 : La protection des clients

L’élement le plus simple de la réforme financière devait etre le ’Consumer Financial Protection Bureau’.L’idée était simple : la création d’une agence fédérale dont la seule mission devaiit etre de s’assurer que les preteurs financiers ne ’violent’pas leurs clients avec des produits avec des défauts, des commissions injustes et d’autres cauchemars familiers à tout Américain avec une carte de crédit.

En théorie, la CFPB devait freiner les prets de prédateurs en interdisant aux preteurs de faire des prets dont ils savent que les emprunteurs ne pourront repayer, soit en raison des commissions hors de vue ou à cause de remboursements se gonflant peu à peu.

Wall Street savait qu’il serait impossible de procéder à un lobbying du Congrès sur cette question en adoptant l’angle "Nous sommes une méga-banque rapace qui aimerait abuser de ses clients à l’aide de prets incompréhensibles pour eux et prédateurs dans leur essence.

Donc se mit en place une autre stratégie-une qui déploya le non-sens des plus inspirés jamais observés. Le bras tout puisssant du lobbying de la Chambre de Commerce US, qui a été féroce dans
sa défense des interets de Wall Street tout au long de la Guerre de la Réforme financière, mit en place une campagne de publicité de 3 millions de $ pour montrer que la CFPB aurait la ’capacité de collecter des informations qui joueraient en défaveur du consommateur en leur retirant nombre de leurs choix financiers.

Présent au Sénat une après-midi peu avant le vote, j’ai meme entendu le sénateur Mike Enzi, républicain du Wyomoing, affirmer que la CFPB pourrait signifier que ’quelqu’un devant faire face à des soins dentaires et payant en plusieurs échéances pourrait se voir contraint à payer l’ensemble de la facture de suite...,ceci bien que le mandat de la CFPB explicitement exclut les commerçants ou offreurs non engagés dans la fourniture de produits ou services financiers aux consommateurs.

La CFPB fut toujours un bon pari, la création d’une nouvelle agence avec les mots ’protection du consommateur’était destiné dès l’origine pour etre l’effort le plus ’visible’de la réforme financière, qui est pour le reste ( 3000 pages ) un ensemble de nouvelles régulations hautement techniques.

Mais ceci n’empecha pas les Démocrates de faire ce qu’ils pouvaient pour évider la chose. Au cours du processus, Chris Dodd, le chairman du Senate Banking Commmitte, établit de nouveaux standards en matière d’illusionisme, jouant le role de briseur de banque éclairé tout en acceptant les millions de contributions de Wall Street. Dodd fit des heures supplémentaires essayant de mettre en place une législation bi-partisane avec la minorité républicaine-en particulier avec le Sénateur R.Shelby, le Républicain en titre du Comité....

J’étais au Sénat le jour où Shelby proposa un amendement visant à enterrer la CFPB au sein de la FDIC, mettant effectivement en cause sa puissance et son indépendance.L’amendement fut finalement défait par un vote 61-37 mais Dodd et lui parvinrent à un nombre de compromis importants pour réduire les compétences de la CFPB.

L’idée majeure était de constituer autant d’exemptions que possible pour des secteurs déterminés, tous ayant contribué généreusement à l’action de leurs sénateurs favoris. A la mi-mai, les Républicains et les Démocrates s’étaient mis d’accord pour exclure du champ de l’agence les banques avec moins de 10 milliard en dépots, les concessionaires automobiles, quand bien meme ceux-ci sont la deuxième catégorie de preteurs aux Etats-Unis après les preteurs immobiliers..

Le cadre d’action de la CFPB fut limité aux mégabanques et aux preteurs hypotécaires.

Si c’est une victoire importante contre Wall Street,il sera difficile d’etre impressionné si le Congrès ne parvient meme pas à voter une protection du consommateur contre les vendeurs de voitures d’occasion...

FRONT 3 : METTRE FIN AUX "TOO BIG TO FAIL"

Peut-etre la bataille la plus féroce de la réforme financière, inclus dans une partie de projet de loi nommée ’autorité de résolution’..

Dans sa forme originelle, le projet de loi prévoyait d’exiger que les banques contribuent à un fonds de 50 milliards de dollars qui serait utilisé pour aider les institutions financières en difficulté.

Le fonds était a peine un placebo-comme le fait remarquer un analyste-"la somme ne suffirait pas à sauver le desk de trading de Citigroup-mais au moins il établissait un précédent au terme duquel les banques devraient financer
leurs propres suavetages, au lieu d’utiliser l’argent des contribuables.

Le fonds avait été mis en place au terme d’une sévère bataille l’automne dernier, quand les Démocrates à la Chambre réussirent à faire dérailler une proposition apparemment dénuée de raisoon de l’administration Obama qui aurait payé pour les ’bailouts’en empruntant aux contribuables et récupérant l’argent plus tard de Wall Street au terme d’un processus assez mystérieux.

Cette position héroique à la Chambre, qui fut marquée par de longues nuits de négociations, fut effacée le 5 Mai, après que Dodd et Shelby, au terme d’une de leurs sessions,parvinrent à un accord pour retirer le fonds du projet de loi.Le retrait fut introduit par le leadership du Sénat un mercredi soir tard, et vote trois heures après : les contribuables étaient de retout pour financer l’argent aux plus grosses banques si elles venaient à se trouver en difficultés financières.

Un jour après le ’gommage’ Shelby-Dodd, une autre réforme clé fut massacrée. C’etait l’amendement ’Too big too fail’introduit par deux réformeurs novices,le Sénateur Ted Kaufman du Delaware et Sherrod Brown de l’Ohio.

La mesure aurait obligé au démantèlement de toute banque détenant plus de 10% des dépots assurés, ou représentaient un risque équivalent à deux % du PIB US.L’amendement était exactement le type de loi de bon sens, sans passe-droits et sans bullshit qui, tristement, ne passe presque jamais au Sénat dans sa version moderne. Brown est un caractère intéressant...

Mais quand je le rejoins dans l’une des anti-chambres du Sénat le jour où leur amendement doit faire l’objet d’un vote,il semble préoccupé et tendu..

Dans les dernières semaines, dit-il,il a du faire face aux deux corps du lobbying bancaire."Il y a 1500 lobbyistes bancaires dans cette ville et ils viennent à vous tout le temps", dit-il."Et ce n’est pas seulement les lobbyistes.

Quand le lobbyiste de Columbus passe, il amène 28 banquiers avec lui. A ce moment-là, Brown faisait face à un problème plus urgent.

Lui et Kaufman se montrent dans la chambre du Sénat, et la raison illustre bien l’absurdité de la procédure sénatoriale.A la différence de la Chambre, où un comité décide à l’avance quels amendements seront soumis au vote, les Sénateurs ne disposent d’aucune façon ordonnée et précise de savoir si leurs propositions seront votées un tel jour.

Au lieu de cela, ils sont à la merci d’un processus étrange et nébuleux qui les oblige à contacter avec les leaders, qui ont le pouvoir discrétionnaire de décider quels amendements feront l’objet d’un vote.

Ainsi Brown en est réduit à attendre et essayer d’obtenir qu’un membre du comite comme Chris Dodd accepte de soumettre l’amendement au vote avant que d’autres amendements ne consommement tout le temps disponible accordé aux débats.

A la fin de la journée, à la surprise de Brown, Dodd autorise que l’amendement soit soumis au vote. Finalement, la proposition de démanteler les banques les plus risquées est votée contre 61-33, avec étonnamment 27 Démocrates votant contre.

Kaufman, un avocat agressif de la réforme fiancière, semble curieusement non surpris que ses collègues démocrates perdirent la meilleure chance de bloquer les grands monstres bancaires de Wall Street."Pour certains d’entre eux, c’était un pont trop loin’. dit-il.

"Il y a un vieux dicton : Ne jamais investir dans quelque chose que vous ne comprenez pas.". Compte tenu des standards bizarres de la bureaucratie au Sénat, Kaugman considère comme une victoire d’avoir obtenu le vote sur l’amendement, pour se faire étriller.

Je retrouve cette meme vibration "simplement content d’etre là" chez le Sénateur Jeff Merkley, un Démocrate de l’Orégon qui est l’un des auteurs de la poignée de réformes des bail-outs dans l’intégralité du projet de loi. L’amendement Merkley-Levin était le plus important : il appelait à la restauration partielle du Glass-Steagal Act,la loi votée lors de la Grande Dépression qui empechait les banques commmerciales,les banques d’investissements et les compagnies d’assurance de fusionner.

Le rejet de Glass-Steagal en 1999 ouvrit la voie à la création des monstres ’Too Big to Fail’comme Citigroup, qui entraina l’économie dans son ensemble dans un trou pendant les dix dernières années.

L’amendement Merkley-Levin est la version au Sénat de la ’Volcker Rule’conçue par l’ancien chef de la Fed et conseiller d’Obama Paul Volcker, qui empecherait les banques commerciales de s’engager dans des activités spéculatives de ’prop-trading’qui aidèrent à déclencher la crise financière.

Quand je rencontre Merkley, il est dans la meme position que Brown et Kaufman, attendant anxieusement une chance que l’amendement soit soumis au vote, sans aucune idée sur quand ou si c’est une possibilité. Tout ce qu’il espère est un vote-meme si cela signifie la défaite. Quand je lui demande s’il est impatient face à la perspective de restaurer une loi historique comme Glass-Steagall, il sourit : "Je ne dis pas que je sois réellement optimiste.

A la fin, Merkley est forcé de recourir à l’équivalent sénatorial de forcer les portes : son amendemement sera attaché à celui qui contient la proposition d’exempter les concessionnaires autos du domaine de la CFPB, dont il a déà été décide’qu’il serait soumis au vote. Que Merkley doive recourir à une ’cascade’ de procédure juste pour qu’une telle réforme vitale soit soumise au vote témoigne de l’état de la démocratie américaine quand elle atteind le floor du Sénat.

Comme pour les victoires sur l’audit de la FED et le ’Consumer Finance Protection Bureau- et la défaite brutale de l’amendement ’Too big too fail’, la situation face à la ’Volcker Rule’ illustre la dynamique du Sénat.

Avec des accords passés par consensus dans des backrooms, et des leaders comme Dodd comme Reid et Doodd controlant étroitement quels amendements seront soumis au vote, le système permet à quelques membres puissants, dont les bureaux ont des portes ouvertes en permancence aux lobbyistes, de piloter er controler le processus du début à la fin.Un assistant démocrate me dit qu’il n’a pas eu acces aux négociations depuis des mois, alors qu’un lobbyiste de Wall Street qu’il connait est capable d’obtenir un entretien avec le leadership.

Le show entier est orchestré avec attention du début à la fin : aucun amendement ’sérieux’dans ses implications avec une chance d’etre approuvée ne recoit un vote honnete-pour ou contre.

"Tout ceci n’est qu’une sorte de faux débat", dit-il.

FRONT 4 : La régulation des dérivés

Quand toute l’obfuscation dans les anti-chambres ne marche pas, il reste une dernière ressource au Congrès pour tuer la réforme : les modifications du corps des amendements.

Et jamais un amendement n’a été aussi altéré à mort avec autant d’habilité que la proposition de réforme des dérivés.

Imaginez un monde sans NYSE, sans NASDAQ ou Nikkei : aucun échange ouvert du tout, et toutes les actions tradées dans le noir...

Ce monde existe.Il s’appelle le marché des dérivés óver-the-counter. Cinq des plus grandes banques représentent plus de 90% du marcjé, où les swaps de tous types et tailles s’échangent plus ou moins dans le noir.

Si vous voulez savoir comment la Grèce se retrouva banqueroutée par des swaps, ou une ville d’Alabama paya un surcout de 93 millions de $ pour financer un système d’égouts, voici l’explication : Personne, hormis une poignée de dealers de gros swaps, n’a une vision précise de ce que cela coute vraiment, ce qui veut dire qu’ils peuvent abuser leurs clients à volonté.

Cette folle expansion du ’capitalisme de jungle’ perdit toute forme de controle depuis 2000, quand le Congrès dérégula le marché des dérivés.

Ce marché aujourd’hui est 100 fois plus grand que le budget fédéral et 20 fois plus grand que le marché des actions et le PIB combinés. Des deals sur les dérivés coulèrent AIG,Lehman Brothers et la Grèce et contribuèrent à la crise financière de 2008.

Le controle des dérivés est la bataille clé pour la Réforme Financière. Sans régulation de ce marché critique, Wall Street peut provoquer l’explosion d’un champignon nucléaire dont le risque menace la planète entière à n’importe quel moment.

Le principe fondamental de la régulation des dérivés est simple : à partir de maintenant, au lieu de s’échanger dans le noir,la plupart des dérivés doivent etre ’tradés’sur des plateformes spécifiques et passer par des chambres de compensation .

L’an dernier,les lobbyistes réussirent à noyer le poisson de la chambre de compensation faisant avancer une série d’exemption pour les ’utilisateurs finaux’,i.e quiconque a recours aux dérivés pour couvrir / hedger un risque commercial légitime, comme une compagnie d’aviation achetant des swaps pour se prémunir de fluctuations de prix du kérosène.

Mais la Chambre alla encore plus loin, étendant l’exemption afin de pouvoir y inclure quiconque souhaite couvrir un risque de bilan.

Comme toute société a un bilan, incluant les assureurs géants comme AIG ou des heddge-funds qui prennent des risques sur les dérivés, le ’passedroit’couvrait à peu près tous les acteurs excepté quelques mégabanques.

Quand le Sénat prépara sa version, en revanche, les lobbyistes furent surpris. Blanche Lincoln, Sénateur de l’’ Arkansas, connue pour avoir eté l’une des rares parmi les élus démocrates à avoir voté les réductions d’impots de Bush-soudainement se découvrit une religion et ferma le trou géant du ’passedroit’. Faisant face à une bataille dure lors de primaires face à un adversaire faisant voeu de s’attaquer à Wall Steet,Lincoln modifia le vocabulaire afin que la réforme des dérivés s’applique à n’importe laquelle des compagnies financières voraces qui gagnent des millions en tradant des swaps risqués dans le noir.

Les Républicains devinrent fous, utilisant les memes tactiques qu’ils avaient mis en oeuvre contre le CFPB.Le meme Sénateur, de retour au pupitre, s’exclama devant la galerie du Sénat que la proposition de Lincoln ne ferait pas de mal aux dealers de swaps de chez JP Morgan ou Goldman Sachs, mais au cultivateur de céréales du Wyoming. Sans etre ébranlés par ce type de rhétorique, le Sénat dégomma un amendement républicain qui aurait remplacé la réforme de Lincoln au terme d’un vote 59-39.

Ensuite les avocats de la réforme commencèrent à lire les provisions de l’amendement Lincoln, et réalisèrent que tous ces lobbyistes de Wall Street avaient bien fait leur travail.

Le meme jour que l’échec de l’amendement républicain, l’expert en dérivés Adam White étudiait une version révisée de l’amendement Lincoln, dans laquelle les changements dans le corps de l’amendement sont en caractères gras.

Quand il parvint à un passage clé page 570, il s’aperçut que cette partie du texte avait été supprimée.Le texte disait :"Ëxcepté ce qui est décrit dans le paragraphe 3, il sera illégal d’entrer dans un swap qui doit passer par la chambre de compensation à moins qu’un swap de ce genre soit soumis au passage par une chambre de compensation."

Traduction : il n’était plus illégal de trader de nombreux swaps qui ne requerraient pas le passage par une chambre de compensation. Wall Street serait libre de continuer à trader ces horreurs, pour la plus grande partie toujours dans le noir."Les régulateurs ne peuvent plus dire que si vous ne le passez pas par la chambre de compensation, il est illegal", dit White.

Une fois qu’il eut identifié cette ’lacune’, White découvrit toute une série d’autres vides juridiques dans le texte qui aboutissaient de facto à vider de toute substance l’amendement Lincoln.Page 574, une nouvelle section avait été ajoutée déniant à la CFTC le pouvoir de contraindre les chambres de compensation d’accepter des swaps.Page 706, deux lignes étaient ajoutées, rendant impossible aux acheteurs de swaps non ’compensés’ d’annuler la transaction.

Pris dans leur ensemble, ces changements représentent que ce que White décrit comme un amendement "Cheval de Troie":des centaines de pages de règles rigides concernant le ’clearing’des swaps, avec une poignée de clauses habilement dissimulées qui permettent de passser outre toutes ces règles sans trop de problèmes

Michael Greenberger, un ancien officiel de la CFTC qui a combattu pour la réforme des dérivés, décrit la tricherie textuelle comme "" un cercle d’apocalypse. En dépit de pages et de pages de règles,les violer est sans risque."

Le 18 Mai, comme le temps se réduisait vers le deadline pour enregistrer des amendements, les Démocrates réformistes mirent en oeuvre une action concertée pour fermer les ’lacunes’du texte. Mais quand Maria Cantwell, Sénateur de Washington soumit une proposition afin d’éliminer toute la partie Cheval de Troie de l’amendement,
Reid essaya de luu claquer la porte à elle et à tous ceux travaillant à renforcer la réforme.Le leader de la majorité appela à un vote pour clore le débat-un mouvement qui expulsait de fait les amendements en suspens.

Cette décision extra-ordinaire de couper court à toute discussion concernant l’une des meilleures tentatives de changer les règles du jeu de la finance américaine contemporaine fut prise en partie, pour permettre aux Sénateurs de rentrer chez eux pour le long week-end.

Mais ensuite quelque chose d’inattendu eut lieu : Cantwell se révolta, rejoint par le Sénateur Russ Feingold de Wisconsin.Ceci contraint Reid à convaincre trois Républicains de venir à ses cotés pour réduire au silence un membre de son propre parti.

Le 20 Mai Reid obtint les votes nécessaires pour enterrer le débat.

Quelques heures plus tard,le Sénat vota l’amendement, avec tous ses trous et lacunes, au terme d’un vote 59-39.

Dans une démonstration qui fait chaud au coeur de l’appui bi-partisan du Sénat à l’égard de Wall Street,le Sénateur Sam Brownback-Républicain du Kansas-intervint pour aider les Démocrates à enterrer une des réformes les plus vitales de la législatiom.

A la dernière minute,Brownback retira son amendement visant l’exemption pour les concessionaires automobiles de la régulation de la CFPB-une manoeuvre qui empecha de fait l’amendement Merkley-Levin sur le trading à fins spéculatives-qui y était attaché-d’etre meme soumis au vote.

Le vote forcé signifiait aussi que le leadership démocrate fut incapable d’enterrer le "716", la partie agressive de l’amendement Lincoln qui priverait d’argent public toute grande banque prenant part au marché risqué des dérivés.

Non qu’ils n’essayèrent pas.

Trois minutes avant la fin, Dodd enregistra un amendement hilarant qui aurait reporté l’interdiction des dérivés de deux ans-et donné le pouvoir à un panel composé de neuf membres de le ’tuer’unilatéralement. Sur le panel Bernanke, Geithner, et Mme Sheila Bair, chef de la FDIC, tous violemment opposés au "716". Dodd fut contraint de retirer son amendement après que Wall Street se soit plaint du fait que cette tactique provoquerait trop d’incertitudes sur le marché.Cela laissait "716" encore vivant pour le moment, mais meme ses suppporters s’attendaient à ce que le leadership trouve une faille pour le retirer en conférence, tout particulièrement parce que le Président y était opposé

Le Trésor et la Maison Blanche sont en mode action, assurant à tout le monde que cela réglé, i.e quand ils disent réglé,cela signifie enterré.

Quel que soit le résultat final,la guerre de la Réforme financière illustre parfaitement comment le pouvoir au Sénat se concentre aisément entre les mains de quelqu’uns.

Les Sénateurs du Parti majoritaire-Brown,Kaufman, Merkley, meme un membre de comité comme Blanche Lincoln, furent coontraints de prendre un siège arrière face à Reid et Dodd, qui manipulèrent les amendements sur les quatre fronts de façon suffisante pour qu’ils soient vidés de tout réel contenu."Ils travaillent pour produire un texte de loi que Wall Street peut supporter, ce qui, par définition, est une mauvaise loi", explica un assistant démocrate dans les derniers jours de négociations

D’un cote positif, la loi resteindra certaines formes de prets prédateurs, et contient la décision historique d’auditer la FED.Mais le contenu le plus important-le démantèlement des ’TBTF’, le fait que les géants financiers payent pour leurs propres bail-outs, la régulation des dérivés- ne prendra pas forme probablement d’une facon signifiante.Le Sénat est conçu pour fonctionner comme une négociation entre l’opinion publique et les interets financiers du secteur, une guerre de position sans fin dans laquelle les Sénateurs manoeuvrent pour atteindre un équilibre délicat entre les votes et l’accà à l’argent pour financer leurs campagnes.

Le problème est que quelques fois quand le système est vraiment en pièces, le concept meme d’un terrain conciliant les interets de la population et les ’interets spéciaux’ corrompus, devient grotesquement fallacieux.

Dans des moments comme ceux ci nous avons besoin de politiciens, pas pour combler ce type de terrain, mais de prendre position et combatttre.

Dans cette bataille historique de la Réforme Financière, quand nous avions une chance qui vient une fois par génération de mettre un terme aux pires abus de Wall Street, de nombreux sénateurs firent le jsute choix.

AU final, néanmoins, ceux qui importaient le plus firent le mauvais choix, et une guerre qui paraissait gagnable continuera pendant des années, générant
plus de ravages et détruisant plus de vies avant qu’elle ne prenne fin."

Débat en cours : 3,000 Pages of Financial Reform, but Still Not Enough / 3000 pages de réforme financière, mais toujours pas assez 28 Mai

http://www.nytimes.com/2010/05/30/business/30gret....

http://www.rollingstone.com/politics/news/;kw=[36899,157778] ?RS_show_page=0

repost de

http://www.pro-at.com/forums-bourse/bourse-111-30072.html