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En finir avec les illusions de la fausse unité !

par rodrigue

Publie le lundi 22 août 2011 par rodrigue - Open-Publishing
6 commentaires

Alors qu’au nom de leur crise et de leurs dettes, l’UE, le FMI, les gouvernements aux ordres des grands groupes capitalistes imposent aux peuples de véritables « thérapies de choc » antisociales, un communiqué de la direction confédérale de la CGT fait état des appréciations suivantes, suite à la réunion du 18 août des 5 organisations présentes (CGT, CFDT, FSU, Solidaires, UNSA) :

"Les échanges à cinq ont confirmé des différences d’appréciation quant aux causes de la crise et aux solutions à y apporter…

L’intersyndicale a décidé de demander une véritable concertation sociale (organisation syndicale, patronat, gouvernement) et considère indispensable l’intervention des salariés pour peser….

Cette intersyndicale constitue un bon point d’appui pour la mobilisation de la rentrée et permet aux organisations de la CGT de préparer la mobilisation et de prendre contact partout pour une construction unitaire…"

Ces appréciations illustrent l’impasse à laquelle la stratégie du syndicalisme rassemblé conduit et les risques d’un véritable dévoiement du mouvement social plus que jamais nécessaire : aucune perspective d’action crédible ni analyse sérieuse de la crise du système, aucun objectif revendicatif mais demande d’une "d’une véritable concertation sociale" avec le patronat et le gouvernement (le fameux dialogue entre partenaires sociaux !) : où cela peut-il conduire sinon à de nouvelles défaites et de nouvelles désillusions ?

De leur côté, les classes dominantes disposent leurs forces et leur intervention idéologique, utilisent la stratégie du choc et de l’effroi pour présenter la facture au peuple, que ce soit en matière d’emploi, de pouvoir d’achat, de protection sociale, de services publics ou de fiscalité, comme l’illustre la réduction massive des dépenses publiques utiles ("Règle d’or") que l’Union européenne, Sarkozy et Merkel veulent imposer aux peuples et graver jusque dans les constitutions ! La grande bourgeoisie n’a que du sang et des larmes à offrir et ce qu’elle attend d’un mouvement syndical régulièrement qualifié de "responsable", c’est qu’il conduise les travailleurs à accepter les politiques d’austérité draconiennes.

Dociles, les forces réformistes (syndicales et politiques) considèrent ainsi comme nécessaire la réduction de la dette et donc de la dépense publique utile (santé, enseignement, sécurité sociale …) et de garder "la confiance des marchés financiers", ce qui est le mot d’ordre des classes dominantes ET des forces réformistes.

Garder la confiance des marchés financiers, c’est l’acceptation des plans de rigueur et des reculs sociaux considérables que les institutions officielles du capitalisme ont commencé à appliquer (réforme des retraites) et qu’elles s’apprêtent à aggraver considérablement !

En pleine crise systémique du capitalisme, les forces réformistes accompagnent la politique du pire à l’image de la Confédération Européenne des Syndicats appelant il y a deux ans à « sauver le capitalisme de lui-même » ou de la Confédération Syndicale Internationale qui défend sur les privatisations, l’économie de marché, les relations de travail, la santé, l’éducation et le rôle des organisations internationales les mêmes positions que celles du G-20, de la Commission Européenne et du FMI.

C’est donc tromper le peuple et les travailleurs que de faire croire qu’existe une possibilité de dialogue social, fût-ce en en appelant à "l’indispensable intervention des salariés pour peser".

Il n’y aura pas la moindre avancée sociale sans une remise en cause déterminée de la domination des marchés financiers sur l’économie et la vie politique, sans remise en cause du capitalisme qui n’offre plus aux peuples que la régression sans fin et le pourrissement généralisé.

Pour la CGT et ses militants, pour tous les syndicalistes de lutte, il n’y a donc pas d’autre voie que le travail d’explication en profondeur sur la crise, ses causes profondes, le travail unitaire à la base sur les conditions pour commencer à en sortir. Pas d’autre voie que la construction de puissants mouvements sociaux qui s’en prennent frontalement au système et à sa crise, sans illusion sur le dialogue social ou sur la fausse unité de sommet qui a déjà fait tant de dégâts !

Banksters, nous ne vous devons rien, nous ne paierons pas votre crise !

Le Front syndical de classe

21 août 2011

Messages

  • oui, mais le terme de Bankster a été popularisé par d’extrême droite belge Léon Degrelle

    et utiliser le terme de "capitalisme financier" (simple évolution du capitalisme) n’est pas très judicieux, donne caution aux socio-démocrates qui s’abstiennent de combattre globalement le capitalisme

    Comme s’il existait un capitalisme moins nocif : "écologiste", "humaniste", "durable", tant qu’on y est ?


    Il n’y a pas d’unité entre les confédérations, rien de commun avec un syndicalisme de collaboration, si ce n’est conserver à tout prix l’illusion d’un certain pouvoir

    Disons le tout net : ces confédérations sont des ennemis de classe

    La direction de la CGT nous entraine dans une impasse idéologique

    • Il n’y a plus d’alternatives, si la gauche ne s’unie pas pour au moins taxer le capitalisme à outrance, prendre vraiment position pour une plus grande part de l’état dans les banques afin de reconstruire un état fort, sans oublier de mettre fin à tout ces paradis fiscaux ou règne l’opacité complète .je ne donne pas cher de la classe ouvrière

  • La levée contre la règle du veau d’or de Fillon et des attaques massives contre les travailleurs et la classe populaire appelle plusieurs remarques sur les expériences passées :

    Les stratégies, les hommes et femmes, les types d’organisation et les stratégies portées par les directions des factions syndicales ne sont pas adaptées au cours nouveau hyper-agressif de la bourgeoisie et ses dirigeants (le gouvernement, l’état, etc).

    C’est un fait.

    La question de l’unité est mal posée si on pense que ce qui a posé problème l’automne dernier c’est l’unité syndicale en soi.

    Car divisées par le passé, les directions syndicales n’avaient pas non plus développer des stratégies efficaces.

    L’impuissance travaille plusieurs questions (détermination, indépendance politique vis à vis de l’idéologie capitaliste, etc) mais la question organisationnelle mérite qu’on s’y arrête.

    On l’a vu une série de fois, même ici, l’attachement aux boutiques syndicales dépasse souvent l’entendement en conduisant l’essentiel des militants qui préfèrent se ranger derrière leur direction plutôt que d’accepter que celle-ci est un obstacle important telle qu’elle est.

    Divisées ou pas, les stratégies portées par les factions syndicales ne sont pas efficaces . C’est un fait.

    D’un autre côté l’unité, même derrière des directions de factions syndicales aide à la mobilisation, mais ce qui est en cause c’est bien l’unité du bas vers le haut, et surtout l’absence de cadres unitaires organisationnels de mobilisation des travailleurs .

    Les directions syndicales peuvent diviser car aucune forme d’organisation supérieure de la part des travailleurs n’est supérieure à elles. De plus quand l’unité se fait elle se fait sur la base du moins disant sans que le phénomène dynamique unitaire ne puisse au final contraindre à un grand prix les directions syndicales qui chercheraient à souffler dans leur manche .

    Il faut donc ces cadres unitaires organisationnels à la base qui permettent une véritable unité et une évolution plus fluide des positions des militants sans qu’elles soient figées suivant d’abord l’appartenance à telle ou telle faction.

    L’unité par la base ne va pas sans que, dans ses gènes créateurs, il n’y ait la démocratie, l’unité organisationnelle mais également la centralisation des volontés.

    La démocratie unitaire à la base n’est rien sans volonté centralisée de celle-ci. Ou du moins si la démocratie à la base existe mais qu’elle n’est pas centralisée, d’autres (politiques, nomenclaturas, etc) se chargeront de confisquer par en haut la centralisation des volontés.

    • D’un autre côté l’unité, même derrière des directions de factions syndicales aide à la mobilisation, mais ce qui est en cause c’est bien l’unité du bas vers le haut, et surtout l’absence de cadres unitaires organisationnels de mobilisation des travailleurs .

      Les directions syndicales peuvent diviser car aucune forme d’organisation supérieure de la part des travailleurs n’est supérieure à elles. De plus quand l’unité se fait elle se fait sur la base du moins disant sans que le phénomène dynamique unitaire ne puisse au final contraindre à un grand prix les directions syndicales qui chercheraient à souffler dans leur manche .

      Il faut donc ces cadres unitaires organisationnels à la base qui permettent une véritable unité et une évolution plus fluide des positions des militants sans qu’elles soient figées suivant d’abord l’appartenance à telle ou telle faction

      C’est bien un des principaux problèmes, effectivement.

      Mais je ne vois pas comment faire bouger ça hors période de crise, de dynamique de lutte, dont l’énergie permet de dépasser les boutiques et de donner la puissance nécessaire aux ag, coordinations... Lancer ça "à froid" s’avère souvent improductif (beaucoup d’énergie pour un résultat décevant, c’est du vécu).

      C’est sans doute une vision un peu mécaniste, mais j’ai l’impression qu’il faut surtout "se tenir prêt" pour ne pas rater la "fenêtre de tir".

      Chico

  • Très bon sujet pour préparer la rentrée.

    Plusieurs choses à redire.

    D’abord il existe une structure à l’échelle nationale, c’est la coordination interpro, qui a commencé à Tours, et qui se réactivera sûrement dès la prochaine lutte. Mais pour que cette coordination interpro fonctionne, il faut faire fonctionner les structures locales. Le meilleur exemple étant Le Havre, qui russit dès le premier jour de grève à faire paraître un journal. http://www.michelcollon.info/La-Coordination-de-Tours-un-espoir.html

    Tout le travail consiste à préparer le terrain, en rejoignant dés maintenant une structure politique et/ou syndicale, et à tisser des liens. Au PCF il existe "La Riposte" pour ceux qui veulent allier révolution, mouvement de masse (et "unité" ?). Il y a donc surement moyen pour les militants CGT plus haut de trouver des copains un peu décidés.

    Des commentaires sur internet, c’est bien, mais faut s’organiser collectivement, en avance, le plus possible.

    Et attention au vocabulaire, en période de crise, le discours fasciste se rapproche du notre, un peu de rigueur permet de les dévoiler, de les éloigner.

    A bas le capitalisme, hasta la revolution

  • L ’unité par le haut, ça ne fonctionnera jamais car les syndicats réformistes sont majoritaires en conséquence les mots d’ordre et les actions proposées par cette unité doivent faire plasir à cette majorité et sont donc édulcorés et "tirés par le bas" ...

    La véritable unité mobilisatrice doit partir du bas , de la base , être construite dans les usines , les bureaux , les ateliers , ce sont les travailleurs qui doivent en être à l’origine , choisir les revendications et les modes d’actions , les confédérations comme leur nom l’indique ne devrait qu’ assurer la coordination de ces actions , il n’appartient pas à ces confédés de siffler le départ et la fin des actions ; ce sont les travailleurs qui doivent décider comment et jusqu’ou ils sont prêts à aller .

    IL FAUT EN FINIR AVEC LA DELEGATION DE POUVOIR , mais pour cela tout le monde doit jouer son rôle à sa place , et il est exact que souvent comme le relèvent plusieurs intervenants et comme lors de la lutte contre la réformedes retraites, les travailleurs ne s’expriment pas ou pas assez dans les réunions et ce sont donc les propositions réformistes des directions syndicales qui l’emportent .

    IL ne sert à rien de critiquer BT , la CGT , les autres syndicats si tout un chacun ne se sert pas de sa situation de syndiqué pour exprimer haut et fort sa volonté de lutte et que ce qui est nécessaire c’est de combattre le système , pas de lui servir la soupe

    il faut que lors des prochaines réunions de rentrée , les travailleurs expriment leur désaccord avec cette unité de sommet et exigent que la base soit partie prenante de toute décision concernant les actions à mener contre la politique d’austérité qui va encore se renforcer .