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N°2 de la PJ de Lyon en garde à vue : "on doit des explications"

par Lyon

Publie le vendredi 30 septembre 2011 par Lyon - Open-Publishing
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Au lendemain du placement en garde à vue de Michel Neyret, interpellé dans le cadre d’une enquête sur un vaste réseau de trafic de stupéfiants, la patronne du syndicat des commissaires, tout en reconnaissant "un traumatisme" dans la police, affirme : "On doit à la population des explications".

"Un traumatisme" : c’est en ces termes que la patronne du syndicat des commissaires évoque le placement en garde à vue du directeur adjoint de la police judiciaire de Lyon. Michel Neyret, interpellé jeudi à son domicile avec son épouse par l’Inspection générale des services (IGS, la "police des polices"), était toujours entendu à Paris vendredi matin sur une possible aide apportée à des trafiquants et une présumée participation à des malversations. Ce policier charismatique et apprécié de sa hiérarchie et de ses subordonnés, vu comme efficace et très présent sur le terrain, est connu pour avoir résolu des affaires de drogue et de cambriolages de bijouteries dans la région lyonnaise. Selon des sources policières, qui prédisent un "scandale" ou une "onde de choc" dans la police notamment, d’autres fonctionnaires de police "voire des magistrats" pourraient ou devaient être "rapidement mis en cause". Certains pourraient être interpellés à leur tour dans cette affaire qui a des liens "avérés avec le grand banditisme".

Sylvie Feuchère, secrétaire générale du SCHFPN, le syndicat des commissaires, a estimé vendredi matin sur France info que ce type de comportement, s’il était avéré, résultait d’une dérive liée aux relations entretenues dans le cadre du métier de policier. "La recherche de l’information va conduire à ce que les liaisons du domaine professionnel puissent devenir éventuellement personnelles, l’explication elle est là", a-t-elle dit. "On doit à la population des explications. Très sincèrement, je crois que, passé le traumatisme initial, s’il s’avère qu’un de nos membres a dysfonctionné, nous serons très satisfaits de voir que l’enquête a abouti et nous repartirons d’un bon pied parce que nous savons rebondir", a-t-elle ajouté.

"C’est une énorme trahison"

Selon une source syndicale, Michel Neyret est soupçonné d’avoir rétribué des informateurs avec le produit de saisies de drogue, mais également "aidé des malfaiteurs et fait revendre de la drogue pour son propre compte". L’enquête menée initialement par la Juridiction interrégionale spécialisée de Paris portait sur un trafic international de stupéfiants passant par l’Amérique du Sud et impliquant des trafiquants français et italiens. Une dizaine de personnes ont été interpellées pour le moment dans le cadre de cette enquête et cinq placées en garde à vue. "Outre Michel Neyret, d’autres policiers sont soupçonnés de s’être laissé corrompre", dit-on de source proche de l’enquête.

"Je suis catastrophé, c’est un cataclysme", a commenté pour sa part le directeur interrégional de la police judiciaire de Lyon, Claude Catto, dont Michel Neyret était l’adjoint. "C’est une énorme trahison, une énorme désillusion si les faits qui lui sont reprochés sont avérés", a renchéri une source proche du dossier. Outre Michel Neyret, certains des mis en cause ont "été balancés par le milieu du grand banditisme", des "truands français et italiens", souligne de son côté une autre source qui incite pour cette raison "à la prudence". Un syndicaliste policier a exprimé son incrédulité, évoquant une possible manipulation. "C’est quelqu’un d’intègre, je ne peux pas y croire. Avec mes collègues, on est sans voix depuis qu’on a appris la nouvelle ce matin", dit-il. "J’attends la suite de l’enquête et des éléments positifs. Michel Neyret pourrait être victime d’une manipulation."

Mais le séisme pourrait faire tache d’huile dans la police. L’enquête pourrait "réserver des surprises" et "s’étendre" par exemple à Nice ou à Marseille, soulignent d’autres sources. Des comptes bancaires à destination de la Suisse, vraisemblablement alimentés par l’argent de la drogue, ont été découverts, orientant également les investigations vers du possible blanchiment.

http://lci.tf1.fr/france/faits-divers/n-2-de-la-pj-de-lyon-en-garde-a-vue-on-doit-des-explications-6738674.html

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