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Italie, DECHETS : Une mine d’or pour les écomafias

Publie le vendredi 28 janvier 2005 par Open-Publishing

La toile d’araignée globale de l’écobusiness photographiée par le dossier de Legambiente et des carabiniers.

traduit de l’italien par karl & rosa

Il n’y a pas de déchets qui ne soient appétissants pour les écomafias. On trafique illégalement même les billets broyés par la Banque d’Italie et le papier utilisé pour nettoyer les mamelles des vaches ! On apprend cela et bien plus dans le dixième rapport sur les écomafias rédigé en collaboration par Legambiente et les Carabiniers. Le rapport de cette année, intitulé Déchets S.p.A., radiographie des trafics illicites, photographie une toile d’araignée qui, aux seules exceptions virtuoses du Val d’Aoste et du Trentin Haut Adige, enveloppe l’Italie toute entière. Avec des diramations vers les pays de l’Est et vers l’Afrique, parce que l’entreprise Déchets S.p.A., comme l’observe le président de Legambiente Roberto Della Seta, est "une entreprise globale". Le déficit chronique d’installations de traitement, la coupable désinvolture de nombre d’entreprises, la corruption des bureaucraties, les intérêts criminels : tout cela contribue à faire des déchets une mine d’or pour les écomafias.

Cinq délits par jour, 17 000 infractions vérifié
es entre 1994 et 2003, un chiffre d’affaires de 13 milliards d’euros par an, comparable à celui de la drogue, du trafic d’armes, de la contrebande. Toute sorte de déchets a sa côte en Bourse. Le prix est beaucoup plus bas que celui du marché légal pour les déchets industriels en provenance d’entreprises privées. Il est supérieur à la norme, parce que le coût retombe sur les citoyens, pour les déchets urbains ramassés par les entreprises municipalisées. Traiter un kilo de terre "de cimetière" coûte 30 lires (10 centimes de franc, NdT) il en faut 185 pour le fluff (les parties non métalliques d’une voiture, on dépasse les mille lires pour les matériaux les plus dangereux. Etant donné le manque total de respect des règles les plus élémentaires de sécurité et de protection de l’environnement, les profits sont toujours élevés.

En 2002, 14 millions de tonnes de déchets spéciaux ont manqué à l’appel, c’est-à-dire sont "disparus" on ne sait pas où, l’équivalent d’une montagne avec une base de 3 hectares et presque 1500 mètres de hauteur. Une montagne qui va s’ajouter aux 5 autres accumulées dans les cinq années précédentes. Les déchets qui ne disparaissent pas, changent souvent et volontiers d’ "identité" : de dangereux, ils deviennes spéciaux grâce à l’arnaque du "tour des bulletins" ou à la complicité d’un laboratoire d’analyse. La brigade pour la protection de l’environnement des Carabiniers suit avec une attention particulière un millier de personnes du milieu. Les 32 enquêtes réalisées dans les trois dernières années ont donné 200 arrestations et 647 dénonciations ; les entreprises "pincées" ont été 192.

Face à cette photo déprimante et alarmante, le ministre de l’Environnement, Matteoli, affirme que "la conscience environnementale du pays a remarquablement grandi, même dans les secteurs comme celui de l’entreprise, qui dans le passé ont eu des problèmes avec le respect des normes". Aussi bien le général des Carabiniers Raffaele Vacca que le procureur national anti-mafia Pier Luigi Vigna ont une autre opinion au sujet des entreprises. "L’entrepreneur qui donne de l’argent à une activité criminelle finit par s’étrangler avec ses propres mains", dit Vigna, qui propose de "mettre au pilori" les entreprises socialement irresponsables". "Tant que l’on ne touche pas aux patrimoines, la lutte aux écomafias sera toujours à bout de souffle", dit le général Vacca. Ils applaudissent tous les deux quand le président de la commission parlementaire d’enquête sur le traitement des déchets (le député de Forza Italia Paolo Russo) affirme que "il y a une absolue nécessité d’introduire dans le code pénal les délits environnementaux". L’indication que la Commission donnera au Parlement satisfait aussi Vigna sur un autre versant : ne pas confier les enquêtes sur le business des déchets à tous les parquets mais seulement aux 26 qui font les enquêtes anti-mafia à un niveau territorial plus large.

Matteoli est resté de l’avis que "on ne protège pas l’environnement en faisant seulement recours à des normes pénales, il est au contraire important de viser la prévention, la culture et l’éducation des citoyens.

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