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Quand Manuel Valls règle son compte au peuple

par Alina Reyes

Publie le mercredi 9 avril 2014 par Alina Reyes - Open-Publishing
5 commentaires

Il voulait voir plus de « Blancos » et moins de Noirs dans sa ville. Il stigmatisait cruellement les plus pauvres d’entre les pauvres, les Roms. Il portait la kippa avec les élites, mais songeait à interdire le foulard à l’université. Il usait de sa position pour faire chasser les SDF de sa rue. Il n’a cessé de donner le sentiment de mépriser et détester le peuple. Et lors de son discours de politique générale, mardi, Manuel Valls a dénoncé le peuple, le peuple tel qu’il va mal par la faute de ses gouvernants – sans jamais dénoncer pour autant la corruption et les fautes des puissants.

Il dénonce les communautarismes – ce qui revient à cibler essentiellement les musulmans. Il dénonce l’antisémitisme – mais pas l’islamophobie ni la christianophobie, ne parlant pour les expressions de haine envers les musulmans et les chrétiens que d’actes anti-musulmans ou anti-chrétiens.

Il dénonce la délinquance – celle des pauvres, toujours, sans dire un mot de la mise à sac des peuples par ceux qui détiennent l’argent.

Il dit qu’il veut dialoguer encore avec les Français sur le terrain. Mais quand il le fait, c’est pour les dominer, comme avec ce pompier auquel il rappela qu’il lui était fait obligation de respecter la hiérarchie.

Il annonce, non pas une augmentation du SMIC, mais la suppression totale des cotisations de l’employeur pour les salariés payés au SMIC. Cela n’apportera rien au pauvre, mais incitera les employeurs à ne pas payer au-dessus du SMIC ceux qu’il recruteront. Les jeunes qui arrivent sur le marché du travail, même diplômés, peuvent s’attendre à fournir les rangs des pauvres, plutôt que des classes moyennes.

Il affirme la nécessité de l’Europe, mais sans évoquer autre chose que l’Europe économique, celle qui a prévalu jusqu’à présent, et pour tant de gens avec les conséquences catastrophiques que l’on sait. Rien sur l’Europe politique et culturelle.

Il annonce des économies publiques, et notamment la diminution du nombre de régions et la suppression - sans aucune concertation préalable - des conseils départementaux. Les instances de proximité sur le territoire disparaîtront ainsi, mais il n’évoque pas une possible suppression du Sénat, cette danseuse coûteuse et inutile au peuple.

Il parle de « lutte contre l’échec scolaire » sans en dire davantage, alors que la délinquance et le communautarisme qu’il dénonçait sont directement liés à l’échec grandissant du système scolaire vis-à-vis des plus défavorisés, facteur majeur d’accroissement des inégalités.

Le logement ? Il faut en produire « moins cher, plus vite ». Eh bien, ça va être beau et solide ! Dans quoi vont vivre les pauvres ?

Les Français manquent de confiance en eux-mêmes, martèle le Premier ministre. Ils « doivent se regarder avec lucidité ». À l’entendre, si la France va mal, c’est la faute du peuple. C’est la faute des Français s’ils ne trouvent pas de travail, si les postes sont verrouillés par ceux qui les détiennent et fonctionnent en réseaux garantissant l’existence des uns et l’exclusion des autres, si la corruption aux plus hauts niveaux gangrène le système et détruit les possibilités du vivre-ensemble.

Manuel Valls termine en rappelant ces valeurs de la République qu’il n’a cessé lui-même de bafouer, tolérance, solidarité, respect, liberté. M. Valls annonce comme tant d’autres qu’il va parler vrai, et comme tant d’autres, ment. Avec la bénédiction de tant de béni-oui-oui vivant dans le monde de Mm Valls et consorts, pas dans celui du peuple, leur victime.

Mardi, Manuel Valls a déclaré à propos des Français : « J’ai vu ces visages fermés. Ces gorges nouées. Ces lèvres serrées... » C’est son autoportrait.

Le discours de M. Valls, à part quelques envolées simili-lyriques, a été entièrement technocratique. Comme celui de M. Hollande au soir de son élection, il a dressé un portrait de la France, des Français et de leurs aspirations, qui est aussi un diagnostic. Mais l’ordonnance a semblé délivrée par un laboratoire pharmaceutique.

Accompagnée d’incantations rimant avec France : souffrance, confiance, croissance.
Pensée technocratique et pensée magique sont dans un bateau, qu’est-ce qui tombe à l’eau ? La confiance. Parce que la confiance ne vient que s’il y a, entre la souffrance et elle, la compassion. Non une compassion en paroles, de surface, mais une compassion réelle.

Non une pensée qui s’adresse à la maladie, comme si les hommes se réduisaient à leur maladie – qui n’est d’ailleurs pas la leur, mais d’abord celle des politiques. Ce qui donne la confiance nécessaire à la croissance, une autre croissance que la vieille mécanique croissance économique, c’est une pensée qui parle à l’homme, avec l’homme, tout l’homme et tous les hommes.

Non une pensée qui fait des exceptions parmi les hommes, toujours dénonçant les dérives du peuple mais ignorant celles des puissants, toujours appelant le peuple à sortir du portrait qu’il en fait alors que ce portrait est d’abord celui du ministre de l’Intérieur que nous avons connu, et du nouveau Premier ministre qui prétend nous « rendre la confiance » que lui-même, tendu, criard, stressé, stressant, pressé, méprisant, allergique et maniaque, n’incarne absolument pas.

Messages

  • L’antisémitisme ne critique pas une doctrine religieuse mais le droit de vivre d’individus.
    La "christianophobie" c’est critiquer les dogmes chrétiens,pas empêcher les chrétiens de vivre comme ils l’entendent.

    Attention de ne pas tomber dans l’interdiction de blasphémer.On doit pouvoir continuer à critiquer les religions,toutes les religions.
    Et qu’on ne parle pas d’"intégrisme laïcard".Si on compare le nombre de morts à travers l’histoire causés par les intégrismes des diverses religions et par l’"intégrisme laïcard",on verra comme une différence de proportion.

    • Vos propos ne sont que des sophismes. Démontrez-moi quelle différence il y a entre l’agression d’un juif parce qu’il est juif, d’un chrétien parce qu’il est chrétien, d’un musulman parce qu’il est musulman. Entre un pogrom et un autre. Une injure et une autre. Ce sont des expressions d’une contestation du droit de vivre d’individus en fonction de leur religion et de la culture qui s’ensuit, quelle qu’elle soit. Comme il existe et a existé des contestations du droit de vivre des homosexuels, des communistes, etc. Les juifs ne sont pas soumis à une autre condition que la condition humaine de tous, prétendre le contraire, voilà de l’antisémitisme.

    • heu..Interessant..

      Mais voilà un débat qui ne dérange pas M.GATTAZdont j’ignore s’il est juif, musulman chrétien ou athée comme moi.

      "Gattaz est Grand et Manuel est son prophète" , c’est le discours religieux que j’ai entendu.
      Pas très "catholique" comme annonce faite aux TRAVAILLEURS ( expression plus claire que"peuple")

      Le reste, kippas et foulards, petite croix ou percieng jem’en b..e !

      Même si je sais très bien que les laïcards intégristes ciblent les musulmans baptisés islamistes -pour faire"peur et évoquer le terrorisme" et qu’en fait les chmpions de l’UFAL et autre auberges de ce type abritent pas mal de contaminés au virus "anti arabe"..

      (J’essaie de ne pas trop utiliser le terme de"raciste" qui renvoie hélas aux théories racialistes )

      Les mots ne sont pas neutres.

      Objecivement l’"antisémitisme" devraient donc englober les Arabes de PALESTINE.(chrétiens musulmans athées ou juifs..)..., sémites pour la plupart, beaucoup plus que des Israéliens de confession JUIVE qui ont rejoint, venant de leur RUSSIE natale, , l’ETAT sioniste....

      A.C

    • Quand est-ce qu’on admettra que le racisme est une arme redoutable dirigée exclusivement contre les faibles, contre les plus pauvres d’entre nous : Valls a démontré qu’il était un petit coq catalan, tête au ciel , les pieds dans le fumier xénophobe, voire raciste en particulier contre les faibles. Il est plus facile et plus classe de porter la kippa à Paris que le keffié noir et blanc à Tel Aviv, ce que lui et Hollande ne se permettraient pas de faire même à Paris...

    • La critique du racisme est importante mais elle ne doit pas empêcher la critique des religions, de leur contenu réactionnaire, sexiste, homophobe, de leur prétention à poser des normes aux autres, à empêcher le blasphème anti-féchisant, etc...