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Le syndicalisme réformiste, instrument des régressions sociales

par Par CGT Veolia Water Information Systems

Publie le mardi 30 décembre 2014 par Par CGT Veolia Water Information Systems - Open-Publishing
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Si la CGT s’est longtemps opposée aux réflexes réformistes consistant à faire croire que seule la négociation permet de résoudre les antagonismes entre capital et travail, ses dirigeants syndicaux semblent parfois tentés de privilégier le dialogue social (1) au détriment d’une lutte syndicale redoutée par le patronat. Pourtant, les régressions sociales qui sont justement le fruit de négociations successives et de rapprochements avec les pouvoirs montrent bien que le dialogue social ne mène à rien sans la construction d’un rapport de force favorable.

À l’heure où le patronat remporte la mise sur bien des domaines, la démonstration d’une illusion du progrès social par la concertation n’est plus à faire, tant les conditions des travailleurs sont devenues précaires. CFDT en tête, engluée par un pouvoir que d’aucuns osent encore qualifier de gauche, les autres syndicats se rallient volontiers aux longues discussions autour d’une table, menant finalement à la pente descendante que subissent les salariés. Ainsi, paralysés par un processus normé de circonstance, les syndicats réformistes ne voient pas d’autre issue que le « réalisme syndical » pour reniveler l’immense déséquilibre des enjeux entre patronat et salariat. Rien d’étonnant que les salariés perdent confiance et se désengagent progressivement pour se retrancher vers des solutions individuelles qui sont autant de pièges. Car il est d’autant plus simple de constater les dégâts que les conditions des travailleurs ne progressent plus depuis la loi sur les 35 heures, voire les lois Auroux, soit depuis plus de trente ans !

Alors, avec le temps qui passe et les habitudes qui s’installent, les syndicats réformistes se permettent désormais d’ironiser sur « l’archaïsme » de la lutte des classes, combat d’un autre temps qui n’aurait plus sa place dans notre monde moderne, avec son économie mondialisée... capitaliste en somme. Or, les travailleurs, eux, en prise quotidienne avec les difficultés qu’imposent les nouvelles règles légales et celles futures servant à « fluidifier » les rapports sociaux et à intensifier la compétitivité de notre activité économique, sont bien conscients du combat à mener contre les pouvoirs dominants. Lorsque ces derniers organisent, avec le concours implicite de leurs syndicats favoris, la précarité et la pression salariale, les salariés identifient parfaitement les origines de leurs malheurs. Il ne sert à rien alors de dénoncer l’archaïsme supposé d’une situation vécue au jour le jour par des millions de travailleurs. Ou plutôt, il ne sert qu’aux soutiens de notre monde néolibéral de déclamer une réalité sociale qui ne doit plus contenir sa force originelle. La lutte des classes (2) est bien une réalité. Si elle a évolué pour ne plus correspondre strictement à la vision purement marxiste du concept, on constate bien des forces contraires entre une classe dominante et une classe dominée. Cette subdivision spécifique permet d’ailleurs d’identifier immédiatement l’appartenance à une classe, contrairement à celle intégrant « classe populaire », « classe moyenne », « classe dirigeante », etc., termes dont les sens diffus sont d’ailleurs exploités par la classe dominante à travers ses vecteurs favoris, les médias. Ignorer l’évidence de la lutte des classes aujourd’hui, c’est participer activement aux intensions de la classe dominante, consistant à étouffer cette réalité pour soutirer à la classe dominée les clefs de compréhension nécessaires à son combat.

Comprendre que la mondialisation n’est pas le cours naturel des choses qui nous oblige à nous soumettre aux dures réalités du travail, c’est comprendre en même temps que ce sont les détenteurs du pouvoir et les contre-pouvoirs félons qui organisent la pression sur les travailleurs, pression qui ne peut être acceptée comme une fatalité. Le chômage endémique et les reculs sociaux ne sont pas les dures conséquences de carences d’une société qui ne sait s’adapter, mais le résultat d’une « construction européenne » qui ne valorise que les intérêts de la classe dominante. Lorsque la République n’est plus capable de pourvoir aux intérêts du peuple et en particulier de la classe dominée, les travailleurs, les chômeurs, les sans-papiers, bref, tous ceux qui ne disposent que de leur force de travail pour vivre, comment cultiver l’intérêt de cette classe opprimée pour la chose publique ? Il est pourtant essentiel de ne pas se laisser intimider par les injonctions d’un patronat qui se croit omnipotent. Cette puissance apparente n’est qu’un affichage grossi par des médias complices. Elle ne révèle rien du pouvoir effectif d’un patronat revendicateur qui sera bien exposé à sa propre réalité lorsqu’il sera, à la manière des syndicats de salariés, contraint à son tour de témoigner de sa représentativité.
Nous compterons les points...

En attendant, la CGT reste toujours le syndicat de lutte qui ne se laisse pas impressionner par les coups de menton de la classe dominante. Si les syndicats réformistes ont abdiqué à l’idée que la lutte pourrait porter ses fruits, les salariés ne se trompent pas en suivant la CGT, car la majorité écrasante de ses militants renonce toujours à l’appel insistant du réformisme. Il ne s’agit pas d’une attitude de défiance sans contenu, mais d’une réaction adaptée aux agressions sur la classe opprimée qui ne se limite pas simplement à une réponse stratégique, mais constitue la seule alternative pour sauvegarder ce qui nous reste du soi-disant « vivre ensemble ».

1. http://www.frontsyndical-classe.org/2014/02/charles-hoareau-%C3%A0-thierry-lepaon.html

2. https://fr.wikipedia.org/wiki/Lutte_des_classes

Site du syndicat CGT Veolia Water Information Systems :
http://www.les-eaux-troubles.net/

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