Accueil > Éloge du communisme

Éloge du communisme

par Bertolt Brecht

Publie le jeudi 1er janvier 2015 par Bertolt Brecht - Open-Publishing
3 commentaires

Il est raisonnable. Chacun le comprend. Il est facile.
Si tu n’es pas un exploiteur, tu peux le comprendre.
Il est bon pour toi ? Renseigne toi sur lui
Les ignorant dissent qu’IL est ignorant
Et ceux qui sont sales qu’IL est sale
Il ist contre le saleté et l’ignorance.
Les exploiteurs l’appelant un crime,
Mais nous le savons :
Il est la fin des crimes,
Il n’est pas une folie, mais
La fin de la folie.
Il n’est pas le mystère
Mais la solution.
Il est le simple
Qui est difficile à faire.

Bertolt Brecht – 1932

Portfolio

Messages

  • Merci pour cet excellent texte de Berthold Berscht "Éloge du communisme"

    " "Or, s’il n’est pas vrai que le monde entier considère le communisme comme son affaire personnelle, l’affaire du communisme n’en est pas moins le monde entier.

    Le communisme n’est pas une manière de jouer parmi d’autres.

    Ayant pour objectif l’abolition de la propriété privée des moyens de production, il s’oppose à toutes les tendances qui, au-delà de tout ce qui les différencie, s’accordent à vouloir conserver la propriété privée, comme à une seule tendance.

    Il prétend être le prolongement unique et direct de la grande philosophie occidentale, et dans cette mesure transformer radicalement la fonction de cette philosophie – de même qu’étant l’unique prolongement pratique de l’évolution (capitaliste) occidentale, il transforme radicalement la fonction de cette économie évoluée.

    Nous pouvons et devons indiquer que ce que nous disons n’a pas une valeur limitée et subjective, mais objective et générale.

    Nous ne parlons pas en notre nom, au nom d’une toute petite partie de l’humanité, mais au nom de l’humanité tout entière, étant d’elle la partie qui représente non pas ses intérêts particuliers mais ceux de l’humanité tout entière.

    Nul n’a le droit, sous prétexte que nous luttons, de nier notre objectivité. Si, de nos jours, quelqu’un tente de passer pour objectif en donnant l’impression d’être à l’écart de la lutte, il suffira d’y regarder d’un peu plus près pour le prendre en flagrant délit de subjectivisme incurable : ce sont les intérêts d’une fraction infime de l’humanité qu’il défend ; il trahit objectivement les intérêts de l’humanité tout entière en défendant les rapports de propriété et de production capitalistes.

    Le bourgeois de gauche, avec son scepticisme pseudo-objectif, ne reconnaît pas ou ne veut pas qu’on reconnaisse qu’en ce grand combat il est lui aussi engagé, dans la mesure où il refuse d’appeler combat cette violence qu’exerce en permanence une minorité, mais que la consécration des siècles empêche de percevoir consciemment comme un combat.

    Il est nécessaire de déposséder cette classe possédante, cette clique dégénérée, répugnante, objectivement et subjectivement inhumaine, de tous les « biens de nature idéelle », sans se soucier de ce qu’en veut faire une humanité exploitée, mise hors d’état de produire, luttant pour ne pas sombrer dans l’avilissement.

    Avant tout, il importe de s’opposer à la prétention qu’ont ces gens de faire partie de l’humanité. Quelle que soit la signification de mots tels que « liberté », « équité », « humanité », « instruction », « productivité », « audace », « régularité » – nous nous interdirons de les employer jusqu’à ce qu’ils aient été purifiés de tout ce dont, en s’en servant, la société bourgeoise les a maculés.

    Nos adversaires sont ceux de l’humanité.

    Ils n’ont pas « raison » de leur point de vue : c’est leur point de vue qui est leur tort.

    Sans doute ne peuvent-ils être autrement qu’ils ne sont.

    Mais ils peuvent ne pas être.

    Il est compréhensible qu’ils se défendent, mais ils défendent le vol et les privilèges, et on peut les comprendre, non leur pardonner.

    Celui qui est un loup pour l’homme n’est pas un homme, mais un loup.

    Être bon, en ce temps où des masses gigantesques ne peuvent assurer leur légitime défense qu’en s’emparant de haute lutte des postes de commandement, c’est anéantir ceux qui rendent impossible la bonté. "

    * Bertolt Brecht, « Le communisme est-il une exclusivité », dans Écrits sur la politique et la société, Éd. L’Arche, Paris, 1970, pp. 65-67.

    • ...Complétons par cet autre poème :

      Le communisme est chose moyenne

      Qu’on appelle à renverser tout l’ordre établi
      Semble effrayant
      Mais ce qui est établi n’est point l’ordre.

      Avoir recours à la violence
      Semble mal.
      Mais puisque la pratique quotidienne est la violence.
      Ce n’est là rien de de bien particulier.

      Le communisme n’est pas chose extrême
      Que l’on ne peut réaliser que pour une petite part
      Au contraire, tant qu’il ne sera pas réalisé en tous points,
      Il n’y aura pas de situation
      Que même un insensible puisse supporter.

      Le communisme est vraiment la revendication minima,
      La chose la plus immédiate, chose moyenne et raisonnable.
      Celui qui s’y oppose n’est pas un homme qui pense différemment
      Mais quelqu’un qui ne pense pas ou qui ne pense qu’à lui

      Un ennemi du genre humain
      Effrayant
      Méchant
      Insensible
      A part,
      Voulant une chose extrême dont le moindre début de réalisation
      Conduirait l’humanité entière à sa perte.

      Bertolt Brecht, 1934.

      POÈMES 8, p.143 ;
      l’Arche Éditeur, 1967.
      Trad. Jean-Paul Barbe.

    • (Correction l.7 :

      "Ce n’est là rien de bien particulier.")