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CGT : retour sur le 14ème Congrès de la Fédération du Commerce, vécu de l’intérieur

par Cyril LAZARO

Publie le vendredi 30 janvier 2015 par Cyril LAZARO - Open-Publishing
9 commentaires

Chers camarades,
Voici un témoignage qui en dit long sur l’état de la CGT.
Le texte est brut et sans tripatouillage, ce sont les camarades de "où va la CGT" qui viennent de le publier.

Ce témoignage n’est que la confirmation des informations que j’ai reçues par d’autres camarades présents.

Je vous laisse juger en l’état, et apprécier le très très long chemin qui reste à parcourir pour reconstruire la CGT.

J’emploie volontairement le mot reconstruire, car on peut se demander s’il ne va pas être nécessaire de remettre complètement à plat ce qui est en place pour rebâtir, car mettre des emplâtres comme semble être la volonté du moment ne consolidera pas la Vieille Dame, et surtout, cela ne durera pas longtemps.

M’enfin, j’en ai trop dit ou pas assez, je préfère me contenter de lancer le débat en portant à la connaissance des amis lecteurs ce grand moment de démocratie, de fraternité et de convivialité que fut le 14 ème congrès de la Fédération CGT du Commerce et des Services, comme si vous y étiez !

Amitiés à tous et à toutes

Cyril LAZARO

Impressions sur le 14e Congrès de la Fédération du Commerce, de la Distribution et des Services à Vichy (24/28 novembre 2014)

En arrivant au soir du 23 nous sommes déjà étonnés de notre logement dans des hôtels trois étoiles, et plus encore au moment de notre premier repas dans un hôtel cinq étoiles situé en face du Palais des Congrès. Ce luxe est comme même indécent en regard de l’appauvrissement et la précarisation du salariat dans les secteurs du Commerce et des Services. Mais bon pour la fédé cela ne les choque pas apparemment… (Ah la belle aristocratie ouvrière !)

Faire le congrès dans une salle d’opéra où furent votés les pleins pouvoirs à Pétain, en voila une ironie, c’est tellement facile ensuite de dénoncer les idées d’extrême droite quand soi-même on assoit sur des règles d’une vie démocratique et qu’on se traite en pleine de séance de raciste !

Examinons dans un premier acte de cette triste comédie, comment se moquer du monde et mépriser des centaines de congressistes afin de sauvegarder un pouvoir et de continuer en s’en mettre plein les poches (le rapport de la CFC a été très éclairant à cet égard au contraire d’un commissaire aux comptes complètement complice qui a justifié les écarts de près de 100 000€ constatés entre le format papier et la publication sur internet des comptes de la CEF) au détriment de la CGT, de son image et de sa réputation. Comment justifier également l’utilisation d’une « Campagne étude » de plus d’un million d’euros en 2013/2014…

Après la pénible lecture d’un « rapport d’actualité » où sont évoqués pêle-mêle Iraq Syrie et qualité de vie syndicale, car il semble que pour certains la désespérance de jeunes à faire le djihad serait lié à un problème de vie syndicale… Et le rapport d’activité ? Circulez braves gens il n’est pas glorieux pour la fédé. Le règlement intérieur ? Il est transmis le jour même et dans son contenu il impose des membres du CAI dans le bureau du congrès…
Les premières protestations des camarades de l’US et de l’UD de Paris et le refus de toute discussion de la part de la « direction » du congrès soulignent la tension permanente qui sera le fil conducteur de ces cinq jours.
La constitution des commissions soulève aussi des interrogations puisque la liste des membres est déjà actée au moment de sa présentation ; après une vive altercation avec la CEF sortante celle-ci se permet d’élargir contrairement à leur règlement intérieur les commissions afin de pouvoir admettre des délégués de l’US de Paris. Du grand n’importe quoi en somme…

La présentation de la première résolution entraine de nouveau une passe d’arme entre cette CEF et les délégués parisiens car des amendements essentiels n’ont pas été retenus ; notamment en ce qui concerne l’ouverture du dimanche car le terme « s’oppose » est refusé pour maintenir « reste opposé » ce qui n’est pas la même chose. Les Parisiens arrivent à imposer le vote (ce qui la moindre des choses) après un non débat où la majorité des congressistes n’interviennent quasiment pas (cela sera souvent le cas). Une confusion s’installe immédiatement car le résultat est favorable pour l’amendement… alors comme à Poitiers les fédéraux organisent un second vote ! Et là, miracle le vote devient défavorable !
Bonjour l’ambiance et dans les couloirs ça gueule sec contre cette énième manipulation.

Le lendemain matin Thierry Lepaon intervient dans un discours insipide où il récite mécaniquement un texte passe partout. La présentation de la second résolution ne suscite pas d’intervention particulière ; en revanche pour la troisième, le conflit revient en force car le débat se place sur les notions de syndicalisme de service et de syndicalisme de lutte ; là aussi c’est l’incompréhension qui prédomine car les Parisiens passent pour des emmerdeurs aux yeux de la salle, même si en off beaucoup disent que le travail revendicatif à Paris est remarquable et que les dénonciations de la passivité de la fédé sont justifiés. Comme lors de l’intervention du camarade de Virgin qui dénonce avec force l’abandon pur et simple des salariés de sa boite (en vérité c’est l’US de Paris qui a du organiser la mobilisation nationale pour tenter de sauver les emplois puis permettre aux salariés de partir avec de meilleures indemnités). D’ailleurs la date du 16 décembre pour la mobilisation (initiée par cette même US) contre le travail du dimanche et le travail de nuit a été retenue comme une manif nationale par la fédé…mais la question se pose : pourquoi elle ne mobilise pas dans les régions alors que les moyens en matériel et en militant existent comme l’a démontré celle organisée par la seule US à Paris le 14 novembre où près de 2000 salariés ont défilé. Elle était autrement plus conséquente que cette pauvre manif artificielle devant la sous préfecture de Vichy…

En réalité le manque de réactivité de la salle peut dissimuler une gêne à intervenir dans le débat, à prendre position car n’oublions pas qu’après le congrès de Poitiers une purge a été faite contre les congressistes qui s’étaient opposés aux tricheries et aux violences ; a contrario la séance sans grande intérêt consacrée à l’encadrement dans la CGT a suscité pas mal d’interventions sur la difficulté à être cégétiste et agent de maitrise voir cadre. Plus problématique a été ce moment où durant le visionnage d’un clip de la fédé sur la grève des Mc Do aux USA l’extrait d’un discours d’Obama qui prétend adhérer à un syndicat s’il avait bossé dans un resto a soulevé un torrent d’applaudissements dans la salle… le comble de la bêtise et de l’ignorance.

Dernier acte et pas des moindre fut celui où le syndicat HPE a dénoncé la candidature d’Amadou N’Diaye à la CEF ; en distribuant les jugements concernant ce personnage aux congressistes le syndicat a mis les pieds dans le plat (voir « Des Thierry Lepaon il y en a des centaines à débarquer à la CGT, l’exemple d’Eurodisney »). Revendiquant son acte après qu’Amar Lagha ait estimé que ceux qui ont fait çà ne sont pas digne de la CGT, le syndicat a courageusement tenu tête à la réprobation générale.
Rappelons à ce sujet que la veille, la secrétaire générale de l’US de Paris Céline Carlin avait également dénoncé la candidature d’Amadou N’Diaye lors d’une pitoyable réunion de la commission des candidatures ; pas un seul des quatorze membres présent n’a soutenu la camarade qui a préféré retirer les candidats de l’US Paris de cette sinistre CEF.

L’apothéose fut le lendemain lors des résultats connus de l’élection des membres de la CEF ; les scores médiocres des sortants sont réjouissants ; Amadou N’Diaye a fini avant dernier… Dans une ambiance faussement star acadamy les heureux élus sont alors invités sur le podium mais alors qui va les applaudir dans une salle presque vide ? La nature ayant horreur du vide une Internationale retentit sur une tribune où personne ou presque n’en connait les paroles… Prenant la balle au bond, Karl Ghazi et Remi Picaud les ennemis jurés de la fédé (encore pire que les patrons !) poursuivent la chanson et comble de l’ironie leurs visages apparaissent à l’écran sur un tonnerre d’applaudissements. Comment retourner une salle en quelques minutes après cinq jours d’hostilités !

Source ouvalacgt.over-blog.com

Messages

  • une Internationale retentit sur une tribune où personne ou presque n’en connait les paroles

    Ah ben ouais, ils ne pouvaient aller jusqu’à chanter :

    « S’ils s’obstinent, ces cannibales,
    À faire de nous des héros,
    Ils sauront bientôt que nos balles
    Sont pour nos propres généraux »

    ...et sur l’air de la Marseillaise, s’il vous plait (car Pottier n’a jamais connu la musique de Degeyter).

  • C’est bien d’un congres CGT dont tu parles ???

    Et bien ,on est pas sorti de la m... !
    Du soucis a me faire pour mes petits enfant.
    J’ai mal a ma classe.

  • a la CGT je croyais etre comme un peu chez moi
    mais je m aperçois que je n y suis pas du tout
    pognon, pognon, pouvoir
    ils ont vraiment rien compris a la vie ces gens là
    avec le mepris d autrui ou ils se sont enfermez .

    personnellement c’est fini la CGT, je rend ma carte
    et je coupe les prélèvements d adhérents

    (JE NE CAUTIONNERAIS PLUS CETTE MAFIA)

    • TRANSPARENCE ? DEMOCRATIE ? OUI MAIS PARTOUT DANS LA CGT !!!!

      Lettre ouverte à Thierry LEPAON

      Suite à notre courrier du 5 juin, et au vu des méthodes employées par Amar LAGHA et l’UD lors des réunions du collectif élargi du 10 juin et de l’AG du 19 juin à Lyon, nous revenons vers toi, afin que tu puisses te faire une opinion rationnelle.

      Nous ne nous sommes pas opposées à une AG ou un congrès des syndicats, où il est décidé DEMOCRATIQUEMENT des équipes de direction. Mais, à Lyon, les méthodes employées sont inacceptables pour notre organisation.

      Nous avons été mises au banc des accusés, alors que nous ne demandions que de pouvoir exercer notre mandat à l’US commerce dans les meilleures conditions. Démocratie, transparence financière, proximité avec les autres structures de la CGT et proximité avec nos adhérents, sont des valeurs qui nous chères.

      Suite à notre découverte des comptes de l’US, nous avons fait réaliser un audit des états annuels de 2012.

      Celui-ci relève des anomalies de gestion :

       non respect comptable et législatif de la loi du 20 août 2008.

       manquements des originaux des pièces comptables

       mouvements de fonds (retraits d’espèces) non justifiés.

       nombre important de rejets de prélèvements (environ 40 chaque mois) entraînant des frais bancaires importants.

       présentation annuelle des comptes non sincère, puisqu’elle ne tient compte que du compte courant, et occulte les opérations (débits) portées sur le compte sur livret.

      Tu trouveras en PJ la note de synthèse ainsi que la liste des anomalies constatées par l’expert comptable.

      Nous tenons aussi à dénoncer les prises de décisions unilatérales d’Amar Lagha. Durant son mandat, il n’a en effet que très rarement réuni le bureau exécutif, quant aux réunions du collectif exécutif, .....n’en parlons pas !! De ce fait, il prenait les décisions seul avec la trésorière Ratiba Hamache.

      C’est ainsi que des décisions contraires à nos règles démocratiques et qui ne respectent pas les valeurs de la CGT ont été prises.

      Ainsi, il apparaît, dés 2012, une opération pour l’association "la paix pour tous" (dont nous te joignons les statuts) dans la trésorerie de l’US. En regard de la ligne comptable, nous avons trouvé une facture de réparation d’un ordinateur portable. (Nous tenons à préciser qu’en 2012, l’US ne possédait pas ce type de matériel informatique).

      Si nous partageons les valeurs de solidarité, l’aide financière à une association à caractère religieux pose un problème d’indépendance, ce qui est contraire aux statuts de la CGT.

      Amar Lagha, membre actif de l’association, a renouvelé son aide financière en 2013, sans consultation du bureau exécutif et encore moins du collectif exécutif. Pour se donner bonne conscience aux yeux de tous, il a expliqué que le don effectué en 2013, était pour aider à organiser un voyage à Disney pour des enfants défavorisés. Selon lui, de nombreuses structures de la CGT ont participé à cette action : l’US, l’UD du Rhône (qui n’a pas démenti), la fédération du commerce, la confédération et quelques syndicats tels que la SNCF et Eurodisney.... même l’avocate de l’US commerce aurait participé à hauteur de 100€. Lorsque nous l’avons contactée, il s’avère qu’elle a fait un don..........par charité pour l’organisation de la nuit du ramadan !

      Durant le mandat d’Amar Lagha, nous avons relevé d’autres anomalies concernant le fonctionnement de l’us, qui vont dans le sens opposé aux statuts de la CGT :

       le dernier congrès a été tenu 5 ans après le précédent, ce qui fait que le mandat qu’il a exercé à duré 2 ans de plus que la durée préconisée par les statuts

       le bureau exécutif, le collectif exécutif n’étaient réunis que très rarement, les AG tenues une fois par an au maximum. Aucun relevé de décisions ou procès verbal n’était établi à la suite de ces réunions.

       pas de CFC

       tenue plus qu’aléatoire du cogitiel (aucune collecte des adhérents depuis 2008)

      Nous ne pouvons tolérer qu’un membre de la direction confédérale, secrétaire fédéral, par ces agissements, mette en danger notre organisation.

      Soucieuses que ni des personnes externes à notre organisation, ni la presse ne se saisissent des faits pour affaiblir notre organisation, nous te demandons d’intervenir.
      Dans une période où la CGT représente l’un des derniers remparts pour défendre l’intérêt des salariés, il nous semble important que les dirigeants de notre organisation ne confondent pas intérêts personnels et intérêt général.

      Nous sollicitons un rendez-vous afin de te remettre le rapport complet de l’expertise comptable, et te donner toutes les explications nécessaires afin que tu puisses te faire une opinion juste et objective de ce qui se passe dans le Rhône.

      Les membres du bureau confédéral nous lisent en copie

    • Je suppose que Thierry Lepaon n’a jamais répondu à ce courrier... il était sans doute lui même trop occupé à rénover son appartement de fonction...
      Comment est-ce qu’un tel syndicalisme peut fonctionner ?
      D’ailleurs s’agit-il encore de syndicalisme ?
      J’avais entendu parler de ce courrier, mais je n’avais pas encore eu l’occasion de le lire. C’est édifiant !
      J’espère que le CCN aura le courage d’aller jusqu’au bout et de provoquer un Congrès extraordinaire pour chambouler le désordre établi.
      C’est sans aucun doute le meilleur choix pour l’avenir de la CGT.
      Amitiés à tous et à toutes
      Cyril LAZARO

    • 40 ans d’adhésion , C’est vrai que durant ces années quelquefois difficile de distinguer les voyous des syndicalistes

    • Soucieuses que ni des personnes externes à notre organisation, ni la presse ne se saisissent des faits pour affaiblir notre organisation, nous te demandons d’intervenir.

      Lol ben ici c’est mort...
      M.lazaro êtes vous un émissaire du medef ou de l’ump ?
      Ce monsieur c’est apparemment donner pour mission de détruire la CGT ou plutôt d’essayer d’influencer le peu de syndiqués CGT qui traîne ici
      .
      C’est quoi ton syndicat déjà ? Ah oui CNT..

    • Vous lisez toujours tout au premier degré, 92.**.26.*** ?

      Le passage que vous commentez "lol", moi je le comprends comme une formule de politesse :o) Une interprétation possible serait :

      Nous savons bien que tu feras le mort, FDP. Ne t’étonnes pas qu’on lâche le morceau, puisqu’aussi bien on n’aura pas le choix...

      Sinon... vous vous interdisez aussi toute révélation concernant le PS ou le MEDEF ? Fair play !


  • CGT : la transparence financière telle qu’elle était en 1901

    Chers camarades,

    Voici un extrait du Congrès de 1901, où il est fait état de l’aspect financier pour l’organisation du Congrès par la commission en charge.

    L’Histoire nous permet de mesurer le chemin parcouru ou les chemins de traverse empruntés depuis et qui nous ont éloigné du but initial, et nous invite à retrouver le bon chemin, celui qui doit conduire à l’émancipation des travailleurs !

    Cela m’a pris un peu de temps, mais j’espère que vous saurez en tirer profit.

    Amitiés à tous et à toutes

    Cyril LAZARO

    Séance d’ouverture du 23 septembre 1901

    D’accord avec le Comité confédéral, la Commission s’inspira, dès le début, de ces deux idées maîtresses qui la guidèrent constamment dans le cours de ses travaux.
    Rendre le Congrès
    Important comme nombre de délégués.
    Intéressant et utile pour la classe ouvrière.
    Pour exécuter ce programme, la bonne volonté et le dévouement ne suffisaient pas. Il fallait de l’argent.
    La Commission, s’inspirant de cette idée que les caisses de l’Etat sont constituées par un prélèvement sur les travailleurs et qu’il ne pouvait y avoir aucune abdication ni aucun froissement d’amour propre à participer quelque peu aux ressources prélevées sur nos salaires, adressa trois demandes de subventions :
    La première, au Conseil municipal de Lyon ;
    La deuxième, au Conseil général du Rhône ;
    La troisième, au Ministre du commerce et de l’industrie.
    Les deux premières demandes devaient être pour les frais du Congrès. La troisième était destinée à rembourser aux délégués leurs frais de voyage.
    Le Conseil général du Rhône, statuant sur notre demande, repoussait celle-ci sans discussion.
    Le Conseil municipal, après les explications multiples fournies par la Commission, votait au contraire une somme de sept mille francs dans sa séance du 21 mai, sous cette rubrique : Subvention à la Commission d’organisation du Congrès annuel de la Confédération générale du travail pour la tenue à Lyon dudit Congrès en 1901 :
    Nous n’aurions qu’à remercier le Conseil municipal de Lyon de ce vote, si nous n’étions obligés d’ouvrir une parenthèse sur des faits qui motivèrent certains tiraillements et que notre devoir est de mettre à jour.

    Lorsque la demande de crédit fut faite, certains Congrès spéciaux et corporatifs devant avoir lieu, la Commission stipula dans tous les pourparlers préliminaires que la subvention demandée par elle était exclusivement réservée pour le, grand Congrès syndical, et que seules les menues fournitures de papeterie seraient fournies aux Congrès corporatifs qui pourraient avoir lieu et que la Commission ne pouvait encore connaître.
    On insista très vivement et à diverses reprises sur ce point et le texte du vote cité plus haut ne laisse aucun doute.
    Pourtant, lorsque des camarades chargés de demander des crédits pour leurs Congrès de corporabon se présentèrent à la Mairie, il leur fut répondu que le crédit affecté à la Commission d’organisation l’avait été parce que celle-ci avait caché la possibilité d’autres demandes.

    Des camarades, naïvement, tombèrent dans le piège et certains même s’élevèrent plus que vivement contre la Commission du Congrès général.
    Nous n’avons pas l’intention de soupçonner ici la bonne foi du maire, qui nous fit toujours bon accueil, mais en la circonstance, un oubli regrettable des faits faillit amener entre des camarades des divisions et des polémiques qui, certainement, auraient été regrettées par leur auteur involontaire.
    II ne peut y avoir doute, ni erreur. Voici-les faits ;
    A la Commission des finances, lorsque nous fûmes appelés à fournir la justification de notre devis, M. Lavigne, conseiller municipal du 5e arrondissement, nous posa la question suivante : « Vous demandez 10,000 francs, mais pouvez-vous nous assurer qu’il n’y aura pas d’autres demandes ? » A quoi nous répondimes : « Nous vous assurons, au contraire, qu’il y en aura d’autres pour les Congrès de métiers ou d’industrie » et nous citâmes à ce moment l’Ameublement. M. Lavigne poussa alors cette exclamation : « Voilà la question I »
    A la délibération, lorsqu’il fut question de fixer le crédit, M. Marietton, adjoint au maire, proposa d’allouer 9,000 francs en chargeant notre Commission de la répartition d’une somme de 2,000 francs aux divers Congrès.
    M. Fagot, conseiller du 6e arrondissement, ouvrier cordonnier, demanda alors qu’on se contente de voter les 7,000 francs pour le grand Congrès et qu’on examinerait ensuite les demandes qui pourraient parvenir, et qu’on affecterait alors les 2,000 francs à celles-ci et davantage -si ce n’était suffisant.
    Voila la vérité sur ce point. Nous avons tenu à la dire toute entière, sans passion, ni haine contre quiconque, ne connaissant pas dans nos . luttes économiques la couleur des dirigeants qui, demain, sur le terrain politique, peuvent être nos amis ou nos adversaires.

    Cette digression terminée, il nous restait un troisième point, notre demande au ministère.
    En 1886, M. Lockroy étant ministre, il fut alloué aux congressistes de Lyon une subvention qui leur permit de rembourser la moitié des frais de voyage à tous les délégués.
    Nous avions fait la même demande. Après plusieurs lettres restées sans réponse, après avoir chargé M. Colliard de démarches qu’il ne s’empressa pas beaucoup de faire, après une délégation envoyée à Paris pour traiter ce point, nous avons le regret de déclarer que, malgré. une nouvelle lettre de rappel, nous n’avons même pas pu obtenir une réponse.
    Nous n’insisterons pas. On nous accuserait là encore peut-être d’allusions aux idées politiques et nous voulons éviter ces reproches, Les représentants des Syndicats apprécieront.
    Mais sur ces entrefaites le Conseil général du Rhône avait subi une sérieuse Modification. La Commission décida de renouveler la demande déjà faite et fut assez heureuse d’obtenir un crédit de 2.000 francs qui n’est pas encore touché, mais sur lequel nous pouvons compter.
    Et voilà terminée la grosse question argent.

    Extrait du Compte Rendu des travaux du Congrès National Corporatif de la Confédération Générale du Travail de 1901.