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Élection présidentielle, inventaire lucide et nécessaire au-delà des affaires

par Info’Com-CGT

Publie le mardi 14 mars 2017 par Info’Com-CGT - Open-Publishing

Notre 6e lettre du CMP analyse et prend parti concernant les enjeux de l’élection présidentielle. Nous ouvrons également le débat sur la nécessité de préparer dès maintenant une mobilisation originale et inédite, la veille du 1er tour, sous le thème du premier tour social le 22 avril prochain à 14h à Paris, place de la République.

Comme tout espace de débats et réflexions, vous pouvez réagir ci-dessous afin d’échanger et confronter nos idées sur le sujet.


Élection présidentielle

Inventaire lucide et nécessaire au-delà des affaires

 

Le couvercle électoral posé sur la marmite sociale ne l’empêche pas de bouillir. La réalité des luttes de tous ordres et de toutes tailles justifie bien la tenue d’un 1er Tour social le 22 avril. C’est une réponse à ceux qui désignent salaires, protection sociale et droit du travail comme facteurs de crise, ceux-là mêmes qui veulent le pouvoir pour interdire de séjour la question sociale et d’user de la répression envers ses militants. En somme, le 1er Tour social est la poursuite de l’action collective et solidaire dans la situation qui va être déterminée par le résultat des élections.

Il y aura bien un 23 avril, 1er tour électoral. C’est bien là que les ennuis commencent. Une formation politique d’un type très particulier a le vent en poupe. Elle prétend parler au nom du peuple. Le Pen parvient à faire croire que le drapeau politique des mouvements sociaux est celui de son parti rassemblé autour d’un chef qui en défend la pureté raciale, religieuse et nationale. Le Pen remplace la lutte des classes par la lutte nationale et raciale  ? Bonne diversion pour les patrons qui n’ont cure que le pays soit à feu et à sang du moment que le parti d’extrême-droite défende au mieux leurs politiques.

L’un des dangers majeurs tient dans cette imposture nationaliste. Il aura fallu toute la force destructrice de l’Union européenne pour propulser Le Pen à ce niveau-là. Le 23 avril fonctionne comme une loupe grossissant les dégâts du transfert de souveraineté. Les clés du budget du pays, de ses normes antisociales, de la circulation des capitaux ont été rendues non pas à un Etat européen, mais à une banque privée dédiée à l’euro, la BCE, à un corps de commissaires européens dévoués aux intérêts de la finance et du FMI.

Ce dispositif européen a réalisé le casse du siècle. Lors de la grande «  crise  » financière de 2007-2008, il a renfloué les banques et le système financier avec l’argent des contribuables. Une fois les profits restaurés, les banques ont pu transformer cette dette financière en dette des Etats. Et cette dette est elle-même devenue objet de spéculation financière. Le Pen proclame sa rupture avec l’euro, mais elle ne s’en prend qu’à la couleur du billet, pas aux banquiers. C’est l’une de ses supercheries majeures.

L’argent circule sans entrave, pas les migrants. Tandis que les paradis fiscaux sont ouverts aux capitaux, les migrants sont priés de garder leur misère loin des barbelés européens. Aux uns, les comptes à numéro pour accueillir toute la richesse du monde, aux autres le cimetière marin, la Méditerranée. Et les procès frappent les militants solidaires pour mieux épargner les activistes identitaires et racistes.

Le Pen a reçu tous ces cadeaux de l’Union européenne. Les formations politiques qui ont pratiqué au gouvernement la servitude volontaire à l’égard de l’euro-libéralisme lui servent la même soupe. Le FN est le produit de la décomposition du projet européen qui a été réduit au marché financier continental. Le phénomène n’est pas un simple avatar national, passible d’une tactique électorale, genre front républicain new look, parce que c’est toute la République qui s’est offerte au libéralisme européen. Et la supposée adhésion majoritaire des forces dites de l’ordre au FN savonne la planche démocratique. 

Il y a du Le Pen dans Fillon, parce que la droite se divise par le FN. Le Trocadéro a été garni en grande partie par les 40 000 fidèles des réseaux intégristes catholiques, ceux de «  la Manif Pour Tous  ». Fillon fractionne la droite par son radicalisme d’extrême droite. Sarkozy faisait du Le Pen au gouvernement. Il a été haï pour ça. Fillon reprend la recette putschiste, parce que son intention est de mener la guerre totale contre la protection sociale. L’ordre moral très chrétien vient en complément de son totalitarisme libéral.

Macron, la voix de son maître, continue l’œuvre libérale de L’Union européenne. Le prendre pour le candidat anti FN consiste à confondre la nuit avec le jour. Macron est le produit d’une fin, pas d’un début. La fin d’une social-démocratie qui finit ici éclatée entre une fausse gauche et une vraie droite. Le FN est un fascisme en devenir, ne pas lui confier notre avenir, ce n’est pas rallier ceux qui lui ont servi de marchepied.

Le temps n’est plus aux coquetteries de langage. Le sort des urnes peut être favorable à Fillon, Macron, Le Pen. L’ascension des forces de la réaction est la résultante de causes lointaines. L’inversion passera par de grands mouvements offensifs, qui restent à construire. Mais aujourd’hui, il faut être lucide  : Le Pen au pouvoir, c’est un cataclysme, une régression telle qu’elle n’est assimilable à aucun autre prétendant au pouvoir.

La lucidité commande l’action en résistance. Elle se prépare maintenant. Le 1er Tour social est un avertissement et un engagement  : nous ne sortirons de l’impasse réactionnaire que par nos luttes et leur convergence vers l’exigence d’une société solidaire et sans frontière, vers l’émancipation sociale. L’espoir tient dans nos capacités de résistance.

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