Frédéric Lordon : La bas si j’y suis 27 Mai 2005de : N.H vendredi 27 mai 2005 - 18h29 - ![]()
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![]() Miracolo ! « Une occasion historique d’agir sur les causes structurelles » Interview de Frédéric Lordon, économiste, chercheur au CNRS, auteur de Et la Vertu sauva le monde LBSJS : On a le sentiment que les luttes locales n’agissent pas sur les causes. Ca agit en partie sur les conséquences mais pas sur les causes ? Frédéric Lordon : Le drame c’est que c’est vrai. C’est pas là que ça se joue.J’essaie de promouvoir une différence entre ce qu’on pourrait appeler la politique principale et la politique secondaire, ou la politique majeure et la politique mineure, ou je ne sais pas : la grande politique et la politique résiduelle. Qu’est ce que c’est, la grande politique ? La grande politique, c’est celle qui fixe les structures principales macro économiques à l’intérieur desquelles le jeu économique et social va se développer. Une fois que ces grandes structures ont été posées, ont été configurées, alors presque la totalité de la dynamique économique et sociale s’en trouvent déterminées. Quelles sont ces grandes structures ?
Une fois que ceci a été posé, les marges de manœuvres qui restent à la politique sont quasiment risibles, et là on rentre dans le champ de ce que j’appelle la politique résiduelle. D’une certaine manière on pourrait dire que la politique résiduelle et les alternances qui vont avec, ça porte sur la taille de la serpillière qu’on va passer. La grande politique, la politique principale, celle qu’on fait en général hors la vue des citoyens, à l’OMC, à l’AMI, à l’AGCS, dans la construction européenne énormément, ces politiques principales, ces grandes contraintes structurelles entraînent des dégâts économiques et sociaux. Ce n’est pas la peine de s’étendre là-dessus, c’est connu de tout le monde. Et la politique secondaire, résiduelle, passe derrière avec le seau et le balai pour éponger des dégâts. LBSJS : C’est l’infirmerie un peu ? Frédéric Lordon : C’est l’infirmerie. Alors, voilà : UMP petite serpillière, Parti socialiste grande serpillière. Quant au cas du Parti socialiste, je m’interroge : d’un point de vue méthodologique, en sciences sociales, recourir trop vite aux hypothèses de bêtise n’est pas une bonne chose. En même temps, il ne faut pas complètement les exclure non plus, parce que là c’est vraiment un cas presque type : on entend à longueur de journée des déclarations, des proclamations sur le désir ardent de lutter contre les inégalités mais jamais, à aucun moment, on ne s’interroge sur les véritables causes des inégalités. On veut bien lutter contre les inégalités, mais jamais on ne se propose de lutter contre ce qui produit et reproduit sans cesse ces inégalités. LBSJS : Et vous voyez dans le traité constitutionnel, dans le mode de construction de l’Europe, l’une des causes de ces inégalités ? Frédéric Lordon : Je les y vois toutes, parce que ces grandes contraintes structurelles, celles qui sont l’objet de la politique majeure et que j’ai rappelées tout à l’heure, elles sont toutes explicitement mentionnées dans le traité : déréglementation concurrentielle, libéralisation financière, monnaie unique. C’est une triple tenaille. Toutes ces grandes contraintes structurelles, elles sont répétées, affirmées et gravées dans le marbre du traité constitutionnel. Et alors, c’est ça qui est un petit peu dramatique parce qu’il faut faire le lien entre ces choses qui sont très très lointaines et très très abstraites qui font l’objet de discussions pour macro écnomistes, d’une part, et le vécu des salariés, sur leur terrain d’entreprise, c’est-à-dire au niveau de leur plan social, etc. LBSJS : Mais alors, comment agir sur ces contraintes structurelles ? Frédéric Lordon : Ah, mais alors là, c’est là que c’est formidable, c’est que l’histoire ne nous ouvre pas souvent des fenêtres. Elle ne nous sert pas souvent des opportunités. Or, nous avons, miracolo, un débat référendaire qui, précisément, met en question ces grandes structures et ceci pour la première fois depuis qu’elles ont été installées, depuis vingt ans que nous vivons sous le régime de ces nouvelles contraintes. Nous avons l’occasion de nous prononcer sur cette question, et pour la première fois le débat roule sur les vraies questions, les vraies questions de structures. On ne parle que de ça. On ne parle que de la banque centrale indépendante, on ne parle que des contraintes liées à la monnaie unique, on ne parle que des contraintes liées à la déréglementation. Donc, ce n’est pas comme en 2002 où la question sociale et économique s’était trouvée défigurée sous l’espèce de débat à la con sur « l’insécurité », « l’immigration », « les sauvageons », etc. On revient à la véritable question ! Alors là, attendez : c’est une occasion en or de se prononcer. Si, comme je l’ai dit tout à l’heure, les vrais enjeux se situent au niveau de ces grandes contraintes, alors là, il faut saisir l’occasion de ce référendum : il faut y aller. Un débat de cette nature ne reviendra pas avant deux décennies. Je pense que c’est un scrutin à caractère historique que nous vivons parce que nous avons de nouveau droit à la parole pour poser les questions de la politique majeure, principale, et on sort de la politique résiduelle. Donc il faut se précipiter. http://www.radiofrance.fr/chaines/f... http://www.tv-radio.com/ondemand/fr... ![]()
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mercredi 20 - 19h32
de : Hdm
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mercredi 20 - 15h10
de : joclaude
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mercredi 20 - 15h08
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mercredi 20 - 12h38
de : Jean Clément
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lundi 18 - 16h24
de : jean1
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lundi 18 - 15h30
de : joclaude
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lundi 18 - 09h29
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dimanche 17 - 17h44
de : CADTM Eric Toussaint
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dimanche 17 - 10h03
de : Par Michèle Dessenne, Présidente du Parti de la démondialisation
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samedi 16 - 23h00
de : reporterre
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vendredi 15 - 11h30
de : joclaude
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vendredi 15 - 10h49
de : joclaude
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jeudi 14 - 19h45
de : France 3 Régions
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jeudi 14 - 17h37
de : joclaude
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jeudi 14 - 17h31
de : joclaude
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jeudi 14 - 17h14
de : Jeune Afrique - 03 février 2011
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mercredi 13 - 20h15
de : jy.D
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mercredi 13 - 17h43
de : Hdm
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mercredi 13 - 11h27
de : joclaude
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lundi 11 - 15h31
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dimanche 10 - 15h58
de : jy.D
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samedi 9 - 19h02
de : Jean Clément
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samedi 9 - 15h20
de : jean1
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samedi 9 - 14h41
de : joclaude
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vendredi 8 - 17h45
de : jy.D
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vendredi 8 - 17h42
de : joclaude
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vendredi 8 - 15h29
de : nazairien
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jeudi 7 - 16h38
de : joclaude
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jeudi 7 - 12h11
de : joclaude
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jeudi 7 - 11h24
de : nazairien
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jeudi 7 - 10h02
de : Jean-Luc Mélenchon
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mercredi 6 - 19h49
de : Hdm
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mardi 5 - 11h21
de : azard
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lundi 4 - 12h39
de : jean1
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dimanche 3 - 23h47
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dimanche 3 - 11h28
de : jean1
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dimanche 3 - 09h31
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samedi 2 - 18h15
de : jean1
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vendredi 1er - 13h35
de : Hdm
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jeudi 31 - 21h28
de : joclaude
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27 mai 2005 - 18h35
Frédéric Lordon intervient à peu près à la 22éme minutes :
Rencontre avec les salariées de ECCE, à Poix du Nord, près de Maubeuge : sous-traitant de LVMH, la marque Kenzo va déplacer la confection de ses costumes vers les pays de l’Est. D’où la chronique d’une fermeture annoncée. Elles voteront non.
Et Frédéric Lordon, économiste, leur donne raison.
Dans le "9 3", Olivia Gesbert rencontre une classe de Terminale et contrairement aux idées reçues, ces jeunes ont autres choses à dire que "z y va". Pour nous, ils parlent "constitution".
27 mai 2005 - 18h37 - Posté par
(transcription écrite de l’entretient )
Miracolo !
« Une occasion historique d’agir sur les causes structurelles »
Interview de Frédéric Lordon, économiste, chercheur au CNRS, auteur de Et la Vertu sauva le monde
LBSJS : On a le sentiment que les luttes locales n’agissent pas sur les causes. Ca agit en partie sur les conséquences mais pas sur les causes ?
Frédéric Lordon : Le drame c’est que c’est vrai. C’est pas là que ça se joue.
J’essaie de promouvoir une différence entre ce qu’on pourrait appeler la politique principale et la politique secondaire, ou la politique majeure et la politique mineure, ou je ne sais pas : la grande politique et la politique résiduelle.
Qu’est ce que c’est, la grande politique ?
La grande politique, c’est celle qui fixe les structures principales macro économiques à l’intérieur desquelles le jeu économique et social va se développer. Une fois que ces grandes structures ont été posées, ont été configurées, alors presque la totalité de la dynamique économique et sociale s’en trouvent déterminées.
Quelles sont ces grandes structures ?
1ère grande structure : la concurrence généralisée, c’est-à-dire la déréglementation des marchés de biens et de services.
2ème grande structure : la libre circulation des capitaux et la libéralisation financière.
3ème grande structure : la monnaie unique.
Une fois que ceci a été posé, les marges de manœuvres qui restent à la politique sont quasiment risibles, et là on rentre dans le champ de ce que j’appelle la politique résiduelle. D’une certaine manière on pourrait dire que la politique résiduelle et les alternances qui vont avec, ça porte sur la taille de la serpillière qu’on va passer. La grande politique, la politique principale, celle qu’on fait en général hors la vue des citoyens, à l’OMC, à l’AMI, à l’AGCS, dans la construction européenne énormément, ces politiques principales, ces grandes contraintes structurelles entraînent des dégâts économiques et sociaux. Ce n’est pas la peine de s’étendre là-dessus, c’est connu de tout le monde. Et la politique secondaire, résiduelle, passe derrière avec le seau et le balai pour éponger des dégâts.
LBSJS : C’est l’infirmerie un peu ?
Frédéric Lordon : C’est l’infirmerie. Alors, voilà : UMP petite serpillière, Parti socialiste grande serpillière.
Quant au cas du Parti socialiste, je m’interroge : d’un point de vue méthodologique, en sciences sociales, recourir trop vite aux hypothèses de bêtise n’est pas une bonne chose. En même temps, il ne faut pas complètement les exclure non plus, parce que là c’est vraiment un cas presque type : on entend à longueur de journée des déclarations, des proclamations sur le désir ardent de lutter contre les inégalités mais jamais, à aucun moment, on ne s’interroge sur les véritables causes des inégalités. On veut bien lutter contre les inégalités, mais jamais on ne se propose de lutter contre ce qui produit et reproduit sans cesse ces inégalités.
LBSJS : Et vous voyez dans le traité constitutionnel, dans le mode de construction de l’Europe, l’une des causes de ces inégalités ?
Frédéric Lordon : Je les y vois toutes, parce que ces grandes contraintes structurelles, celles qui sont l’objet de la politique majeure et que j’ai rappelées tout à l’heure, elles sont toutes explicitement mentionnées dans le traité : déréglementation concurrentielle, libéralisation financière, monnaie unique.
C’est une triple tenaille. Toutes ces grandes contraintes structurelles, elles sont répétées, affirmées et gravées dans le marbre du traité constitutionnel. Et alors, c’est ça qui est un petit peu dramatique parce qu’il faut faire le lien entre ces choses qui sont très très lointaines et très très abstraites qui font l’objet de discussions pour macro écnomistes, d’une part, et le vécu des salariés, sur leur terrain d’entreprise, c’est-à-dire au niveau de leur plan social, etc.
LBSJS : Mais alors, comment agir sur ces contraintes structurelles ?
Frédéric Lordon : Ah, mais alors là, c’est là que c’est formidable, c’est que l’histoire ne nous ouvre pas souvent des fenêtres. Elle ne nous sert pas souvent des opportunités. Or, nous avons, miracolo, un débat référendaire qui, précisément, met en question ces grandes structures et ceci pour la première fois depuis qu’elles ont été installées, depuis vingt ans que nous vivons sous le régime de ces nouvelles contraintes.
Nous avons l’occasion de nous prononcer sur cette question, et pour la première fois le débat roule sur les vraies questions, les vraies questions de structures. On ne parle que de ça. On ne parle que de la banque centrale indépendante, on ne parle que des contraintes liées à la monnaie unique, on ne parle que des contraintes liées à la déréglementation. Donc, ce n’est pas comme en 2002 où la question sociale et économique s’était trouvée défigurée sous l’espèce de débat à la con sur « l’insécurité », « l’immigration », « les sauvageons », etc.
On revient à la véritable question ! Alors là, attendez : c’est une occasion en or de se prononcer. Si, comme je l’ai dit tout à l’heure, les vrais enjeux se situent au niveau de ces grandes contraintes, alors là, il faut saisir l’occasion de ce référendum : il faut y aller. Un débat de cette nature ne reviendra pas avant deux décennies.
Je pense que c’est un scrutin à caractère historique que nous vivons parce que nous avons de nouveau droit à la parole pour poser les questions de la politique majeure, principale, et on sort de la politique résiduelle.
Donc il faut se précipiter.
27 mai 2005 - 18h48 - Posté par
Nous "communions" ensemble autour de Mermet pour le NON les amis !
Je viens juste de poster un messsage semblable
"Le pire ennemi des profits, c’est le plein emploi...or, nous somme loin du plein emploi.." François Chevalier, "stratégiste" chez VP finances"...
..une perle à diffuser !!!
Amitiés à tous et VIVE LA FRANCE DU NON !
Tous nos espoirs reposent sur vous.
Bon courage à vous tous !
Albert Jenhai (Belgique)
27 mai 2005 - 19h17 - Posté par
Nuance, cher Albert. Je ne communie pas, même avec des guillemets, et pas non plus autour de qui que ce soit.
27 mai 2005 - 19h29 - Posté par
... Bon, Bon...
Albert
27 mai 2005 - 19h46 - Posté par
pas grave albert :)
l’internaute ci-dessus est juste un peu moins lyrique :)
27 mai 2005 - 20h30 - Posté par
...merci.
Albert.
28 mai 2005 - 00h19 - Posté par
Ah oui , à diffuser, certes...
C’est extrait de France Infos, journal de la Bourse, 27/05 à 12h59...
Rigolo aussi cet extrait de De Gaulle par H.Tisot
(je propose plutôt : Communons ensemble, les amis...)
28 mai 2005 - 06h45
Sur LBSJS, le canular téléphonique de l’émission de jeudi vaut tous les discours