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RETOUR DES ZONES DE DAECH (EI).

Publie le samedi 20 janvier 2018 par Open-Publishing
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Une campagne est en cours pour demander le retour en France de françaises qui ont rejoint les zones gouvernées par EI (Daech) en Irak et en Syrie (Dans un second temps ce sera sans doute le retour de combattants français, suivant l’accueil de ces demandes).
Ces femmes sont principalement emprisonnées par des groupes kurdes, mais toujours sur les territoires de ces pays avec leurs enfants.
Il est bon de rappeler que leur choix de partir dans ces zones a été fait en toute conscience quelque soit leur degré d’engagement vis-à-vis de la cause défendue par EI. Ce qui signifie un engagement politique vis-à-vis d’un projet de société que nous, communistes, pouvons qualifier de réactionnaire et même fasciste par certains aspects. Projet construit à partir d’une lecture intégriste de la religion et que nous combattons ici et là-bas pour certains de nos camarades.
Donc devant l’histoire elles sont déjà jugées et doivent assumer ce choix ; même si maintenant certaines le regrettent.
Pour autant, leur demande de rapatriement est-elle justifiée ?
Non car en droit, le lieu du jugement est le lieu du crime. Il est donc normal qu’elles soient jugées en Irak ou en Syrie.
Peut-on faire confiance dans la justice de ces pays ?
Je ne pense pas. Mais quel pays à ce jour peut-il prétendre avoir une justice impartiale ? Il y a de fortes chances que les jugements soient obérés par un désir de vengeance mais, à la limite, cela est vrai de tout jugement n’importe où. Ce qu’il faut garantir, par contre, c’est un procès équitable avec un respect du droit de la défense. Mais cela peut très bien être surveillé par une commission internationale ad ‘hoc et/ou des ONG de type LDH.
Qui est la manœuvre derrière cette demande des avocats, des familles et des amis ? Il y a de fortes chances que ce sont les intégristes musulmans qui veulent sauver leurs soldats en comptant sur une justice française plus clémente et plus douce car déconnectée des terrains de guerre. Sans compter que les atermoiements et les alliances douteuses des gouvernements européens à l’époque, laissent à penser qu’ils ont pu être les alliés objectifs de EI pour se défaire de Bachar El Assad ; et cela dans un procès peut atténuer la peine encourue.
Or, que se passerait-il si ces personnes étaient jugées en France ?
Ce serait déjà désavouer les capacités de l’Irak et de la Syrie à juger leurs criminels sur leur territoire. Ce serait donc un dénie international de démocratie. Ca signifierait que la France se substituerait à la justice de ces pays pour juger à leur place. A quel titre ? En quoi la justice française et ses hommes politiques donneraient des leçons aux autres ?
Plus grave encore, ce serait enlever aux peuples de ces pays, qui ont eu à subir les méfaits de EI , leur droit à une justice sur leur territoire. Ce serait laisser à penser que ces peuples sont incapables de juger correctement et sereinement malgré leur colère et supposer leur incapacité à contrôler leur gouvernement de façon à ce que cela se passe au mieux (et malgré les crimes commis par EI, ne l’oublions pas). Ce serait la double peine pour eux : subir les crimes de EI et se voir retirer le droit de juger ces criminels après les avoir combattus. Et pour les syriens c’est triple peine car à cela s’ajoute le fait de subir la répression de son gouvernement. En quoi les européens sont supérieurs à ces peuples pour s’autoriser cela ?
Le fait que beaucoup soient détenues par des milices kurdes et que le Kurdistan n’existe pas (et donc n’est pas reconnu), n’enlève en rien que ces crimes fascistes se sont déroulés sur des territoires reconnus où les kurdes opéraient avec le soutien d’une bonne partie d’autres pays dont les occidentaux.
Côté pratique, un jugement se fait avec des témoins. Ne doutons pas que certains qui réclament leur retour vont produire des témoignages à décharge parmi leurs amis restés en France ou d’autres personnes détenues pour les mêmes raisons qu’elles en Irak ou en Syrie.
Mais les victimes comment témoigneront-elles ? Auront-elles les moyens de venir en France ? Et les éventuels témoins à charge dans leur quartier de départ, pourront-elles parler en toute quiétude sans craindre des menaces ?
Les communistes ne doivent pas accepter ce déni de justice orchestré par des faux-amis de la démocratie, pas plus qu’ils ne doivent laisser le refus de cette démarche aux mains des réactionnaires et fascistes qui voient là l’occasion d’épancher leur racisme.
Par solidarité avec les populations syriennes et irakiennes qui ont eu affaire avec EI, par solidarité avec les combattants du progrès et de la démocratie qui se sont opposés à EI et à Bachar Al Assad, nous devons refuser que la justice française juge ces militantes françaises.
Tout au plus, nous pouvons demander à ce que leur peine soit purgée en France.
L’idéal serait un tribunal international.
Là au moins les crimes seraient jugés mais aussi les complicités européennes, américaines et des autres pays de la région. Car EI existe aussi que parce qu’il a été soutenu par des puissances étrangères qui ont joué leur carte régionale. Et ces puissances doivent aussi partagés le jugement. Mais ce tribunal n’existe pas ; et pour cause.

Messages

  • En regardant le 19/20 sur la Deux (le sujet sur les djihadistes français), cela confirme que des combattants de nationalité françaises sont en passe de demander leur rapatriement pour être jugés en France plutôt que là-bas.
    Voir également dans ce reportage la réaction du militant français engagé auprès des YPG dans le Rojava et qui sert de gardien au prisonnier interviewé.
    Je confirme, que dans la situation actuelle, à mon avis la position des communistes est de s’opposer au jugement en France.