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LA SUFFISANCE ÉDITORIALISTE DE COLOMBANI ET DE JULY

Publie le dimanche 12 juin 2005 par Open-Publishing
14 commentaires

par Philippe Corcuff

Les Z’élites acceptent rarement que les gueux puisse entacher en quoi que ce soit la hauteur de vue de leurs esprits incomparables. Les accès de bile de Serge July ("Chef d’œuvre masochiste", Libération, 30 mai 2005) et de Jean-Marie Colombani ("L’impasse, Le Monde, 31 mai 2005) juste après le référendum du 29 mai en sont une nouvelle illustration. Quand l’aigreur se noue ainsi dans l’estomac, on ne sait plus si nos Aigles de la Pensée écrivent ou, plus prosaïquement, vomissent. Avec une aimable euphémisation démocratique, "populace" se dit alors "populisme". Et si "le peuple", en tant qu’ensemble homogène, n’existait pas en dehors de tels fantasmes diabolisants ? Et s’il existait simplement une pluralité de pratiques et d’intelligences populaires ?

Pourtant « le peuple » ne penserait pas, il éructerait. « Cris de douleur, de peur, d’angoisse et de colère » et « désarroi », pour July. « Protestation tous azimuts » et « mécontentement généralisé » pour Colombani. « Xénophobie » pour les deux. Qu’il y ait des traces xénophobes dans certains non (comme dans certains oui, dont des partisans ont agité, par exemple, la fibre anti-américaine), c’est probable. « L’essence » du non serait-elle pour autant xénophobe ? C’est l’arrogance manichéenne qui parle là, indépendamment de l’écoute de la polyphonie du réel. Le sentiment d’avoir un accès privilégié à une Vérité Unique n’a pas grand-chose à voir avec l’humble travail pour saisir des vérités partielles et provisoires. « La certitude est comme un ton de voix selon lequel on constate un état de faits, mais on ne conclut pas de ce ton de voix que cet état est fondé », note prudemment le philosophe Ludwig Wittgenstein dans De la certitude.

À un tel manichéisme de « ceux d’en haut » risque de répondre un manichéisme de la critique. Je pense en particulier à une dénonciation simpliste des médias voyant le monde à travers d’autres pauvres fantasmes : « manipulations », « propagande » et « complots ». Les textes caricaturaux de July et Colombani rendent pourtant mal compte des collectivités composites constituées par les journaux Libération et Le Monde. Et, dans la campagne référendaire, l’intentionnalité supposée malfaisante d’une majorité de journalistes est moins en cause que la bonne inconscience de caste d’Importants du journalisme pensant spontanément des choses analogues sur le néolibéralisme européen. Comme Colombani, nombre d’éditorialistes de nos médias ont transformé, sans guère s’en rendre compte, des a priori idéologiques en « lois de la Raison ». « La compétition internationale est une donnée dont aucun pays ne peut s’abstraire, sauf à faire le choix de l’immobilisme et de la pauvreté », écrit ainsi le patron du Monde, en s’adressant exclusivement aux « classes moyennes » perverties par la tentaculaire ATTAC (les classes populaires, quant à elles, feraient mieux de retourner à l’abstentionnisme, semble souhaiter notre sourcilleux démocrate !).

Mais doit-on répondre au manichéisme des Z’élites par un manichéisme adverse, aux certitudes par d’autres certitudes, à la « pensée unique » par une anti-« pensée unique » unique ? Les deux mâchoires d’un même piège à cons se refermeraient inexorablement sur nos doutes et sur nos raisons relatives. Et on passerait à côté du renouveau du débat citoyen dont le référendum a été l’occasion. En pointillé, de manière lacunaire, avec des contradictions, une autre forme d’engagement n’a-t-elle pas commencé à émerger ? Un engagement non-manichéen dont un beau texte de Paul-Louis Landsberg publié en 1937 dans la revue Esprit a eu l’intuition.

Landsberg, juif allemand converti au christianisme et militant antinazi, quitte l’Allemagne en 1933. Résistant en France, il est arrêté par la Gestapo en 1943. Déporté, il ne reviendra pas des camps. Son texte s’intitule « Réflexions sur l’engagement personnel » (réédité par la revue Vingtième siècle, n°60, octobre-décembre 1998). Il y récuse d’abord le non-engagement : « notre existence humaine est tellement impliquée dans une destinée collective que notre vie propre ne peut jamais gagner son sens qu’en participant à l’histoire des collectivités auxquelles nous appartenons ». Toutefois cet engagement peut être « radical » (au sens de « prendre les choses à la racine ») sans être dogmatique. Il ajoute ainsi : « la valeur d’un engagement consiste en grande partie dans la coexistence et la tension productive entre l’imperfection de la cause et le caractère définitif de l’engagement. C’est par une telle conscience de l’imperfection que la fidélité à une cause se trouvera préservée de tout fanatisme, c’est-à-dire de toute conviction de vivre en possession d’une vérité absolue et intégrale. C’est cette conscience inquiète qui engendre une critique perpétuelle tendant vers une plus grande perfection de la cause qu’on a adoptée ».

Nos fragiles engagements, au service d’une curiosité pour d’autres mondes possibles que le triste capitalisme, suffisent à rendre bêtement ridicule la « gonflette attitude » des July et autres Colombani.

Philippe Corcuff est maître de conférences de science politique à l’Institut d’Etudes Politiques de Lyon.

Paru dans l’hebdomadaire Lyon Capitale, n°528, mercredi 8 juin 2005

Messages

  • Enfin corcuff aprés des années d’aveuglement adopte la critique radicale de l’oligarchie des médiarques et des médias de marché

    pour notre part cela fait 3 ans que nous gueulons médias partout infos nulle part dans toutes nos manifestations et actions

    bravo il était temps mon cher camarade philippe

    brigades antis médiarques officiels paris

  • Un bla bla indigeste (et illisible) pour dénoncer ce que PLPL analyse depuis des années.

    Corcuff, éditorialiste à Charlie-hebdo (il me semble qu’il ne l’est plus). Il y crachait sur PLPL.

  • C’est une sorte d’éloge du centrisme et de la modération, du refus de l’excès d’où qu’il vienne, le "rien de trop" grec à l’heure médiatique. M. Prudhomme n’aurait pas renié ce goût immodéré de la bienséance prudente qui oblige à l’opportunisme, à l’oscillation impuissante autour d’un impropbable point d’équilibre ?
    Un juif non converti, Jacques Derrida écrivait dans "Force de loi" , à propos de la tension originaire en droit et justice : "Cet excès de la justice sur le droit et le calcul, ce débordement de l’imprésentable sur le déterminable ne peut pas et ne doit pas servir d’alibi pour s’absenter des luttes juridico-politiques, à l’intérieur d’une insitution ou d’un Etat, entre des insititutions et des Etats. Abandonnée à elle seule, l’idée incalculable et donatrice de la justice est toujours au plus près du mal, voire du pire car elle est peut toujours être réappropriée par le calcul le plus pervers. C’est toujours possible et cela fait partie de la folie dont nous parlions à l’instant. Une assurance absolue contre ce risque ne peut que saturer ou suturer l’ouverture de l’appel à la justice, un appel toujours blessé."
    C’est une telle assurance "tout risque" que P.Cor... rechercherait finalement en euphémisant à ce point l’engagement - "Nos fragiles engagements, au service d’une curiosité pour d’autres mondes possibles que le triste capitalisme" - ou le désir par nature excessif de Justice (qui excède et qui déborde le droit positif existant) se réduit ici à une triste et plate "curiosité pour d’autres mondes possible" , fuyant comme la peste tout risque de mal ?

    • Au lieu d’utiliser le fantôme de Derrida, notre commentateur ferait mieux de ne pas embrouiller les niveaux d’analyse. Il confond ainsi deux niveaux qui ne sont pas nécessairement associés :

       à un niveau collectif, l’excès de la justice par rapport au droit positif, comme point d’appui pour tranformer, de manière infinie, tout droit positif, toujours en-deçà de la justice (le niveau d’analyse de Derrida) ;

       à un niveau individuel, la fragilité de chaque engagement personnel qui ne peut se caler sur aucune certitude absolue, ce qui n’empêche pas l’engagement, mais conduit à ménager un espace de jeu (de questionnements) à l’écart d’un rapport dogmatique (le niveau d’analyse de Landsberg via Corcuff).

      La confusion ajoutée au fantômes, ça n’aide pas le débat. Encore quelqu’un qui a du avoir du mal avec l’épreuve de philo au Bac !

      un gars qui a le désir d’être curieux

    • Le "Encore quelqu’un qui a du avoir du mal avec l’épreuve de philo au Bac " relève de la pédanterie et du mépris de classe, dans le cas d’espèce de la bouffonnerie du Diafoirus. Mais passons (j’avais eu 19/20 à cette minable épreuve, la passant en candidat libre sans rien "potasser", je n’avais eu donc "aucun mal", mais cela ne montre ni ne démontre rien). Derrida, dans "Force de Loi" n’introduit pas cette dichotomie simpliste entre "niveau individuel" et niveau "collectif" (cà c’est "l’individualisme méthodologique" de la philosophie libérale qui le fait).Mais si l’on en restait à cette opposition abstraite (alors même que l’individu s’indivue par et dans des processus sociaux et que le collectif est constitué par les individus), pour simplifier à l’extrême, alors ce serait plutôt l’inverse, c’est l’individu qui serait du côté de l’excès (celui qui réclame justice la révendique pour lui, pour sa cause particulière, non pour l’idée de justice ou pour la justice "universelle" immédiate), le politco-judiciaire dans son devenir médiatisant ces multiples et contradictoires revendications pour en produire la synthèse, la régulation, en donnant la "mesure".
      Je maintiens que cet article est symptomatique d’une position fustigeant les excès, et dénonçant l’intolérance comme excès néfaste qui est typiquement celle de l’idéologie dominante, qui prétend interdire de penser en dehors d’un système de coordonnées pré-établiees considéré comme seul raisonnable et rationnel - "’économie de marché", la démocratie représentative et leur système d’information médiatique -. Tout ce qui prétend penser en dehors et contre ce système, et donc à le récuser radicalement, et vouloir l’abolir, à travers un antagonisme qui ne peut connaître aucun accomodement ou réconciliation, est récusé comme totalitarisme. En ce sens que M. Corcuff raisonne comme un Jean-François Revel ou un Jean-François Kahn c’est son droit le plus absolu. Qu’il prétende préempter une "image" de révolutionnaire et de libertaire est une autre chose, qui s’appelle une imposture.
      Sur ces questions, je renvoie l’éventuel lecteur, non à Derrida, qui en la circonstance serait un peu ardu et surtout un peu long, mais à un récent petit ouvrage du philosophe Slovène Slavoj Zizek paru en français en 2005 sous le titre "Que veut l’Europe ?", ainsi qu’à son "Plaidoyer en faveur de l’intolérance" (les deux aux éditions climats).

    • "à un niveau individuel, la fragilité de chaque engagement personnel qui ne peut se caler sur aucune certitude absolue, ce qui n’empêche pas l’engagement, mais conduit à ménager un espace de jeu (de questionnements) à l’écart d’un rapport dogmatique (le niveau d’analyse de Landsberg via Corcuff)."

      En gros dans cette philosophie du "p’tre ben qu’oui, p’tre ben que non", il faut certes s’engager... mais tout en ménageant ses arrières. S’engager, mais pouvoir à tout moment se dégager ! Certes encore, c’est sans doute ainsi qu’on mène une carrière universitaire ou une carrière médiatique. Et qu’en même temps on invoque - d’une façon ici obscène - les auspices d’un juif et d’un résistant persécuté et assassiné. De plus ce n’est pas l’engagement qui doit être nécessairement fragile, c’est effectivement la "certitude", absolue ou non, qui l’est. Mais une "certitude" (une croyance) hyperhypothétique et "fragile" peut aussi bien fonder un engagement absolu (cf. à la limite Landsberg)

      Mais un peu de Derrida encore :
      "Or la justice, si imprésentable qu’elle demeure, n’attend pas. Elle est ce qui ne doit pas attendre. Pour être direct, simple et bref, disons ceci : une décision juste est toujours requise immédiatement, sur le champ, le plus vite possible. Elle ne peut pas se donner l’information infinie et le savoir sans limite des conditions, des règles ou des impératifs hypothétiques qui pourraient la justifier. Et même si elle en disposait, même si elle se donnait du temps, tout le temps et tous les savoirs nécessaires à ce sujet, eh bien, le moment de la décision , en tant que tel, ce qui doit être juste, il faut que cela reste un moment fini d’urgence et de précipitation ; cela ne doit pas être la conséquence ou l’effet de ce savoir théorique ou historique, de cette réflexion ou de cette délibération juridico- ou ethico- ou politico-cognitive qui la précède et qui doit la précéder. L’instant de la décision est une folie, dit Kierkegaard. C’est vrai en particulier de l’instant de la décision juste qui doit aussi déchirer le temps et défier les dialectiques. C’est une folie. Une folie car une telle décision est à la fois sur-active et subie, elle garde quelque chose de passif, voire d’inconscient, comme si le décideur n’était pas libre qu’à se laisser affecter par sa propre décision et comme si celle-ci lui venait de l’autre. les conséquences d’une telle hétéronomie paraissent redoutables mais il serait injuste d’en éluder la nécessité. Même si le temps et la prudence, la patience du savoir et la maîtrise des conditions étaient par hypothèse sans limite, la décision serait structurellement finie, si tard qu’elle arrive, décision d’urgence et de précipitation, agissant dans la nuit du non-savoir et de la non-règle. Non pas de l’absence de règle et de savoir mais d’une réinstitution de la règle qui, par définition, n’est précédée d’aucun savoir et d’aucune garantie en tant que telle." [Force de Loi - Le "Fondement mystique de l’autorité" 1. Du droit à la justice ; p.57-58, Paris 1994, Ed.Galilée]

      "D’une part il [Walter Benjamin] aurait probablement tenu la "solution finale" pour l’extrême conséquence d’une logique du nazisme qui, pour reprendre les concepts de notre texte, aurait correspondu à une radicalisation multiple :
      1. La radicalisation du mal liée à la chute dans le langage de la communication, de la représentation, de l’information (et, de ce point de vue, le nazisme a bien été la figure la plus marquante de la violence médiatique et de l’exploitation politique des techniques modernes du langage communicatif, du langage industriel et du langage de l’industrie, de l’objectivation scientifique à laquelle est liée la logique du signe conventionnel et de l’immatriculation formalisante).
      2. La radicalisation totalitaire d’une logique de l’Etat (et notre texte [cf. Le texte de Benjamin "A propos de la critique de la violence" de 1921 que commente Derrida] est bien une condamnation de l’Etat, voire de la révolution qui remplace un Etat par un autre Etat, ce qui vaut aussi bien pour d’autres totalitarismes (...))
      3. La corruption radicale mais aussi fatale de la démocratie parlementaire et représentative par une police moderne qui en est inséparable, qui devient le vrai pouvoir législatif et dont le fantôme commande la totalité de l’espace poltique. de ce point de vue, la "solution finale" est à la fois une décision historico-politique d’Etat et une décision de police, de police civile et militaire, sans qu’on puisse jamais discerner entre les deux et assigner de véritables responsabilités à quelque décision que ce soit.
      4. une radicalisation et une extension totale du mythique, de la violence mythique, à la fois dans son moment sacrificiel fondateur et dans son moment le plus conservateur. Et cette dimension mythologique, à la fois grecque et esthétisante (le nazisme, comme le fascisme, est mythologique, grécoïde, et s’il correspond à une esthétisation du politique c’est dans une esthétique de la représentation), cette dimension mythologique répond aussi à une certaine violence du droit étatique, de sa police, de sa technique, d’un droit totalement dissocié de la justice, comme la généralité conceptuelle et propice à la structure de masse par opposition à la considération de la singularité et à l’unicité[ souligné par moi : c’est une opposition général/ singulier, masse/unicité qui traverse ici la tension droit/justice et non collectif/individuel. Voilà pour la "confusion dans l’analyse", professeur diafoirus !]. Comment expliquer autrement la forme institutionnelle, voire bureaucratique, les simulacres de légalisation, le juridisme, le respect des compétences et des hiérarchies, bref toute l’organisation juridico-étatique qui a marqué la mise en oeuvre techno-industrielle et scientifique de la "solution finale" ? Ici une certaine mythologie du droit s’est déchaînée contre une justice dont Benjamin pensait qu’au fond elle devait rester hétérogène au droit, au droit naturel comme au droit historique, à la violence de sa fondation comme à celle de sa conservation. Et le nazisme fut une révolution conservatrice de ce droit." [[Force de Loi - Le "Fondement mystique de l’autorité" 2. Prénom de benjamin - Post-Scriptum p.139-140]

    • 19/20 : mazette ! La confusion à l’air de plaire aux correcteurs de l’épreuve de philo du Bac.

      Mais le flot de citations (l’esbrouffe pour correcteurs d’épreuves de philo ? Mais personne ne va te noter sur Bella Ciao) n’élimine pas la confusion, elle en rajoute même. On ne voit toujours pas en quoi la prise de conscience de la relativité de toute cause, et de sa propre faillibilité dans le rapport à un engagement, condamnerait l’excès (l’excès de la justice sur tout droit positif, à un niveau général, et l’excès de tout sentiment d’injustice vis-à-vis de tout ordre social, à un niveau individuel). Pourquoi mêler les couples existant/excès et relatif/absolu ici ? La position de Landbsberg peut être au contraire comprise comme une suite logique de l’élimination de toute transcendance (d’une cause) dans la prise en considération du caractère simplement immanent du monde. Et finalement, en pratique, l’engagement de Landsberg a bien été radical, et non modéré ou "centriste".

      Le reste est polémique secondaire, qui marque soit une absence de culture historique (l’opposition individuel/collectif inventée par la philosophie libérale ?), soit de la mauvaise foi (Landsberg et Corcuff pour "la démocratie de marché" ? mais le texte dit justement l’inverse), soit les deux, associées à la confusion. Ca nous pousse moins à lire Derrida qu’à nous précipiter sur le tube d’aspirine.

      Un gars qui a le désir d’être dans l’excès, sans se prendre pour un Absolu (et qui n’a pas eu 19 à l’épreuve du bac en philo)

    • Bon il va bien falloir arrêter un jour... mais quand même, il se trouve que la citation du PS de "force de loi" infirme pleinement ce que tu disais dans ta première réponse "confusion dans l’analyse", ou tu affirmais doctement que le débordement et l’excès originaire de la justice sur le droit positif, selon Derrida, se situerait au "niveau collectif". Confronté simplement au texte même de Derrida, tu as été pris en flagrant délit de contre-sens ! N’importe quel "correcteur du bac" l’aurait noté dans la marge de votre copie ; l’exercice philosophique c’est d’abord le respect du sens des textes, et quand on ne sait pas ou qu’on a rien à dire sur un auteur, on se tait et on parle d’autre chose, tout simplement. Je ne suis pas mécontent finalement de vous avoir attiré dans ce petit piège, auquel votre présomptionet votre pédanterie vous a conduit à tomber naïvement. Maintenant je ne me livrerai pas ici à "l’analyse de la confusion", cela ne m’intéresse pas franchement. Deux choses simplement : qu’est ce qui peut justifier d’une présomption de philosophie commune entre "Landberg" et "Corcuff", à part que celui-ci le cite et l’utilise (de même qu’il est évident - et ce n’est pas simple modestie et humilité - , que Derrida n’est pour rien dans les détournements sauvages que je pratique avec lui dans mon premier commentaire- mais seulement dans celui-là, puisque qu’ensuite, je ne l’ai utilisé que pour infirmer votre 1er commentaire parfaitement erroné à son endroit ) ? Ensuite ce terme "confusion", répétée comme quasi unique argument (finalement discréditer la légitimité d’une position adverse : "c’est confus tu dis absolument n’importe quoi, tu es un âne", en usant donc d’argument d’autorité plutôt que de raison), et le terme même "confusion", qui dans sa répétition même ici, relève très clairement de la rhétorique jésuite, indique assez clairement que les conditions minimales de dialogue sont évidemment absentes. Et que les si tolérants "corcuffiens", pratiquant le doute méthodologique et ennemi de tout fanatisme, se révèlent ici d’hystériques contradicteurs, qui ne polémiquent qu’avec les arguments de la disqualification de la position même de l’adversaire (et non de ses arguments, pertinents ou impertienent), en ajoutant de la confusion, non à la confusion, mais à un propos, qui je l’avoue, est sans doute beaucoup trop subtil pour les habitués des grosses Bertha anti-philosophiques de la pensée "sciences popo". Vous critiquez parce que vous en seriez à un niveau "d’individualisme méthodologique" et de philosophie libérale, est bien en dessous de la vérité. C’est du pur dogmatisme de mauvaise scholastique. Il n’y a pas pire dogmatisme que celui qui s’avance sous le masque de l’"anti-dogmatisme".
      Ciao

    • * "Il n’y a pas pire dogmatisme que celui qui s’avance sous le masque de l’"anti-dogmatisme"."

      Après ça, on ne peut plus bouger, puisque face à celui qui A NECESSAIREMENT RAISON ("Parce que c’est moi", chante Axelle Red), on ne peut qu’être dogmatique...Encore, le bon vieux goût métaphysique pour les vérités définitives !

      *""N’importe quel "correcteur du bac" l’aurait noté dans la marge de votre copie ; l’exercice philosophique c’est d’abord le respect du sens des textes, et quand on ne sait pas ou qu’on a rien à dire sur un auteur, on se tait et on parle d’autre chose, tout simplement. Je ne suis pas mécontent finalement de vous avoir attiré dans ce petit piège, auquel votre présomptionet votre pédanterie vous a conduit à tomber naïvement."

      Quand un tel Génie des Carpates, abreuvé à Derrida version Axelle Red, prononce ainsi la sentence, l’Idiot n’a qu’à bien se tenir dans l’Ordre (au deux sens du terme, de cadre rigide et de commandement) du Génie...

      Mais pendant que notre Axelle Red de la philosophie disserte un peu répétitivement ("parce que c’est moi", "parce que c’est moi", "parce que c’est moi"...), on n’a pas beaucoup avancé dans les questions posées, comme la différence entre :

      * "à un niveau collectif, l’excès de la justice par rapport au droit positif, comme point d’appui pour tranformer, de manière infinie, tout droit positif, toujours en-deçà de la justice (le niveau d’analyse de Derrida) ;

      à un niveau individuel, la fragilité de chaque engagement personnel qui ne peut se caler sur aucune certitude absolue, ce qui n’empêche pas l’engagement, mais conduit à ménager un espace de jeu (de questionnements) à l’écart d’un rapport dogmatique (le niveau d’analyse de Landsberg via Corcuff)."

      On a un peu avancé quand même (heureusement notre Génie abandonne par courts moments Axel Red et pointe de réelles limites de la distinction ci-dessus), puisqu’il ne s’agit pas que de l’opposition collectif/individuel, mais que le deuxième terme introduit la question du rapport à son propre engagement (qui ne renvoie pas à l’individuel en général, mais apparaît plus spécifique) et que le couple justice/droit chez Derrida agit aussi au niveau individuel. Mais sur la différence entre le rapport justice/droit positif et soi/son propre engagement (à la lumière de la conscience de la faillibilité de cet engagement, et donc de l’abandon de tous les absolus), on n’en sera pas plus. Axelle Red est revenue. Quand à savoir si cela autorise à "mêler les couples existant/excès et relatif/absolu", il faudra attendre que le disque de la chère Axelle soit rayé, peut-être...

      Un gars qui sait pas grand-chose, qui espère en savoir un peu plus, mais qui se méfie des Génies axellerediens (il a de mauvais souvenirs de lycée de révolutionneurs de concepts en chambre)

    • Là j’avoue, je ne comprend plus rien du tout, mais alors plus rien du tout... ("axelle reid" dont je n’ai jamais entendu parler et tout le reste me sont parfaitement hermétiques). Tu dois sans doute avoir raison tu es vraiment trop fort pour moi.

  • Enfin une petite lueur de lucidité quant aux médias dominants... Va falloir que tu en parles à ton "ami" VAL...C’est bientôt l’été et il plus que temps de retourner sa veste...