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Quand les riches détruisent des bâtiments publics, avec le soutien de la justice

par Louisette

Publie le vendredi 6 décembre 2019 par Louisette - Open-Publishing
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On le savait déjà, l’argent permet tout. Alors que notre pays connait une mobilisation sociale contre une réforme des retraites qui affaiblira toute la fonction publique mais aussi les salariés du privé, certains milliardaires continuent d’imposer leur loi dans nos villes, au grand mépris de l’intérêt général. Pendant que des centaines de milliers de travailleurs battaient le pavé pour défendre leur droit à une retraite digne et des conditions de travail acceptables, certains avaient des préoccupations bien différentes.

Chacun connait François-Henri Pinault. Au moins, de nom. Le richissime patron du groupe de luxe Kering, dont la fortune familiale était, en 2019, évaluée à 34,7 milliards de dollars, ne connait pas la crise. Il semble d’ailleurs être bien étranger aux problèmes des jeunes, des précaires, des femmes, des fonctionnaires et de tous les travailleurs.

La presse a dévoilé, hier, une affaire inimaginable. Richement logé au sein de son hôtel particulier, François-Henri Pinault voyait sa vue gênée par des bâtiments préfabriqués, installés il y a 18 ans au sein de l’école des Beaux-Arts de Paris. Rappelons que les Beaux-Arts ont le statut d’établissement public national à caractère administratif et, qu’à ce titre, ils dépendent de l’État et, plus précisément, du Ministère de la Culture. Les textes leur confèrent même une « mission d’intérêt général ».

En 2001, la Préfecture avait autorisé la construction provisoire de deux bâtiments préfabriqués de 1 036 m2, affectés à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-Malaquais. Là encore, une institution publique. Problème, ces bâtiments donnent sur la résidence du patron de Kering qui, visiblement, ne les trouvent pas à son goût. Après plusieurs échecs judiciaires, François-Henri Pinault se pourvoit devant le Conseil d’État qui lui donne finalement raison en invoquant le fait que, le maintien de ces bâtiments affecte « les conditions de jouissance de son bien ». Entre parenthèses, un nouvel exemple de la capacité des ultra-riches à mobiliser l’ensemble du système judiciaire pour arriver à leurs fins. Ces bâtiments qui servaient donc à l’accueil d’étudiant.e.s devront ainsi être détruits avant le 31 décembre 2020. Quant au sort de ces centaines d’étudiant.e.s, personne ne semble vraiment s’en soucier.

Avec la fortune de François-Henri Pinault, l’État pourrait financer, chaque année, la scolarité de 5 147 456 lycéenn.e.s, de presque 10 millions d’élève de primaire ou encore de 3 748 288 étudiant.e.s. L’État pourrait aussi financer la construction de 1 300 hôpitaux flambants neufs et en finir avec la précarité des personnels soignants ou le manque d’accès aux soins. L’État pourrait aussi construire 362 369 logements sociaux et contribuer à mettre un terme définitif au mal-logement.

Cet exemple, goutte d’eau dans un océan d’abus, nous prouve que la lutte des classes est un combat de tous les jours, que certains ne se privent, jamais, d’abuser de leurs moyens au détriment de l’intérêt commun.

Sources :

https://www.lavoixdunord.fr/675698/article/2019-12-05/le-milliardaire-francois-henri-pinault-obtient-la-destruction-d-une-partie-d-une

https://www.lexpress.fr/actualite/immobilier/des-batiments-qui-gachaient-la-vue-de-francois-henri-pinault-vont-etre-detruits_2109658.html

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