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Maif : du mutualisme au consumérisme

par Citoyen Ordinaire

Publie le mercredi 22 avril 2020 par Citoyen Ordinaire - Open-Publishing
2 commentaires

Dans un élan de bonté, la Maif a décidé, début avril, de rembourser pas moins de 100 millions d’euros à 2,8 millions de ses sociétaires. Un noble geste en apparence, mais qui répond à une logique plus consumériste que mutualiste.

Début avril, la Maif annonçait, non sans une certaine fierté, le remboursement de ses assurés auto à hauteur de 30 euros en moyenne par véhicule assuré. «  La Maif décide de prendre part à l’effort de solidarité collectif par un geste très fort  », s’est alors congratulé l’assureur dans un communiqué de presse.

Un élan de bonté, de la part de l’un des assureurs les plus chers du marché, qui trouve sa justification dans la baisse de la sinistralité liée à la crise sanitaire actuelle et plus particulièrement au confinement décrété par le gouvernement en mars dernier : la baisse du nombre de voitures sur les routes françaises a mécaniquement fait baisser le nombre d’accidents de la route.

Poussons cette logique plus loin : la baisse de la sinistralité permet à la Maif de rembourser 30 euros par véhicule assuré à ses sociétaires. Or, chacun de ces véhicules ne connaît pas, en temps normal, le même niveau de sinistralité. Confinement ou pas, bon nombre d’assurés Maif n’auraient ainsi connu aucun sinistre durant les mois de mars et avril. Dès lors, pourquoi tous les assurés peuvent bénéficier de ce remboursement  ? Simplement, car bon nombre d’entre eux payent plus cher qu’ils ne le devraient.

Une réalité qui explique sûrement la frilosité des autres assureurs à suivre la Maif sur ce terrain. En effet, un assureur pratiquant des prix justes peut difficilement rembourser ses assurés d’un tel montant sous prétexte qu’ils n’ont pas eu d’accident sur le mois écoulé. Morale de l’histoire, si vous désirez économiser 30 euros par an pour votre assurance auto, quittez la Maif.

Qui n’a d’ailleurs pas hésité à accompagner ce remboursement d’une petite leçon de morale : après s’être congratulé pour son geste, l’assureur a en effet invité ses sociétaires à «  reverser cette somme sous forme de don  » via une plateforme de soutien aux hôpitaux, à la recherche ou à la solidarité. Preuve que ce remboursement tient plus du coup de comm’ devant permettre à l’assureur de s’attirer les bonnes grâces de ses sociétaires que de l’élan de solidarité.

Car si le groupe niortais avait directement versé ces 100 millions d’euros aux individus dans le besoin — un geste qui aurait été particulièrement «  fort  » pour reprendre les mots de l’assureur — comme il demande de le faire à ses sociétaires, la Maif risquait alors de s’attirer les foudres de ces derniers. Pour tenter de jouer sur les deux tableaux, quoi de mieux que de rembourser ses assurés pour ensuite leur demander de faire preuve de «  solidarité  » — qui n’est autre que l’une des valeurs mutualistes — avec cette somme  ?

https://blogs.mediapart.fr/citoyen-ordinaire/blog/220420/maif-du-mutualisme-au-consumerisme

Messages

  • "la baisse du nombre de voitures sur les routes françaises a mécaniquement fait baisser le nombre d’accidents de la route."
    Etes-vous sûr ?

    N’est-ce pas plutôt la baisse de la vitesse à 80 km/h. dont s’enorgueillit le p.m. ? Enfoiré d’édouard dans ton ... je mettrai le d...

    • On a des accidents quand beaucoup de véhicules roulent. Les statistiques sur plusieurs années et décennies montrent la montée en nombre des véhicules qui roulent et corrélativement des accidents.

      Nombre de mesures ont été prises, au fil des ans, pour réduire le nombre des accidents, de la ceinture obligatoire (ce qui n’allait pas de soi à l’époque) à la limitation de vitesse et d’autres mesures encore.

      Depuis le 17 mars, les véhicules sont, comme les avions, MASSIVEMENT à l’arrêt. Une petite minorité circule et encore moins qu’avant, moins loin. Il faudrait donc BAISSER FORTEMENT le prix de toutes les assurances auto, moto, bateau, comme si le véhicule était en garage.