À feu vif ! : C’est l’heure de l’mettre

C’est venu doucement. Tout doucement.

On regardait la flamme vive sous la marmite, et on se désolait de ne rien voir frémir en dedans.

Tous les ingrédients y étaient pourtant : la misère au galop et le chômage en masse tapis tout au fond ; licenciements en annonces et déclassements par dessus ; et puis en surface, l’absurdité et l’incompétence en sauce coulante face à l’épidémie, pimentées par une bonne répression aux relents racistes et vichyssois.

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Le feu était fort, toujours plus fort, et rien ne semblait devoir se produire, et c’est à peine si l’on distinguait un léger frémissement, ici et là, dans l’immensité de la situation.

Et puis on continuait à désespérer d’un œil las et blasé, cet œil qui ne voit que la surface des choses.

Or, en profondeur, la chimie sociale faisait son œuvre, en dehors des radars, et les atomes se fracassaient sans bruit, dans la fournaise infernale de cette guerre des classes, et l’énergie libérée commençait juste à déborder l’espace contraint de l’oppression.

La flamme était toujours plus vive et brûlante lorsque, imperceptiblement d’abord, des vapeurs montèrent, annonçant l’orage à venir.

Et soudain, l’ébullition, contagieuse, se communiqua à chaque élément, et donna vie à ce qui semblait inanimé.

Quand cela déborda, alors jaillit le cri : c’est l’heure de l’mettre !

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