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Non à la fermeture de Beaujon & Bichat

par Alain Collet

Publie le mercredi 24 mars 2021 par Alain Collet - Open-Publishing

Adresse aux médecins, pharmaciens, dentistes des hôpitaux Beaujon & Bichat

Cher•e collègue, La crise liée au coronavirus nous oblige à examiner en détail les raisons qui n’ont pas permis à l’hôpital public de répondre totalement à sa mission. Les logiques du flux tendu se traduisant par une pression constante pour diminuer la durée moyenne de séjour et le virage ambulatoire justifiant des fermetures massives de lits nous ont amené au bord du gouffre. De premières évolutions sont constatées mais elles restent partielles et insuffisantes. Pour ne prendre que deux exemples, je citerai la remise en cause de la réduction du capacitaire et des suppressions d’emplois dans le projet de reconstruction du CHU de Nancy et tout récemment un avis de la Cour des comptes sur l’insuffisance du nombre de lits de réanimation en France. Cependant à l’AP-HP rien ne semble avoir changé et les projets datant du fameux « monde d’avant » se poursuivent et sont même accélérés. C’est le cas du projet baptisé Hôpital Nord intégrant la suppression de près de 400 lits et de 1 200 emplois, ainsi que la fermeture des hôpitaux Beaujon et Bichat. Plusieurs raisons militent aujourd’hui pour la remise en cause de cette opération. Premièrement, la réduction des capacités d’hospitalisation dans la région Nord de Paris est un non-sens alors que la période récente a montré que cette zone souffrait cruellement d’un manque de lits. Certains mettent en avant que justement, l’implantation de ce nouvel hôpital en Seine-Saint-Denis renforcera les capacités dans ce département. Ce n’est pas le cas, car dans le même temps, l’AP-HP est en train de fermer l’hôpital Jean Verdier à Bondy qui se réduira selon ses projets à un centre de consultations. Par ailleurs, s’il fallait construire un nouvel hôpital en Seine-Saint-Denis, Saint-Ouen ne serait pas forcément la meilleure localisation. De plus, le déplacement de l’offre de soins au-delà du périphérique va enclaver l’offre de soins plus au nord et la population nord Parisienne se rabattra en urgence sur l’hôpital Lariboisière déjà sérieusement saturé.Deuxièmement, de nombreuses études montrent que les hôpitaux de grande taille présentent un moins bon fonctionnement que les structures de taille plus humaine, permettant une meilleure collaboration au quotidien entre les équipes. Un exemple particulièrement éclairant est le débordement des services d’urgence lors de la fusion de plusieurs établissements avec un aval insuffisant. Comment imaginer un hôpital aux capacités réduites avec un prévisionnel de 120 000 passages par an. De plus, la construction de ces « cathédrales » prend du temps. Trop souvent, l’évolution des besoins rend obsolète les plans initiaux élaborés en général plus de 10 ans avant l’ouverture effective de l’établissement. Troisièmement, l’attitude dogmatique de la direction vise à l’auto-réalisation de ses prévisions : en effet, le manque d’investissement pour la remise à niveau de l’immobilier permet de justifier l’argument des coûts ou des difficultés techniques pour une rénovation-reconstruction sur site. Il faut bien se rendre compte qu’au-delà de l’évolution de la prise en charge des patients, la réduction de la voilure de l’AP-HP est impressionnante : 32 000 lits en 1992, moins de 20 000 aujourd’hui, programme de vente des EHPAD et réduction drastique des capacités dans les USLD, tout cela au grand profit du secteur privé lucratif, dans lequel un certain nombre de promoteurs de cette politique ont pu trouver des emplois très rémunérateurs. Une des conséquences de ces évolutions est une perte de l’attractivité de l’AP-HP qui peine à recruter et qui voit fuir une partie de ses meilleurs éléments. Il est temps de réagir en demandant une annulation du projet de l’Hôpital Nord et une rénovation des hôpitaux Bichat et Beaujon sur site. Des opérations étalées dans le temps, avec un phasage adapté permettant des adaptations au fil de l’eau est une stratégie moderne, permettant d’utiliser aux mieux les moyens financiers dédiés et surtout de mieux répondre aux besoins des populations concernées. N’oublions pas que le bassin de vie que recouvre ces deux établissements compte 600 000 habitant•es et que deux hôpitaux ne sont pas de trop. Un comité de défense des hôpitaux Beaujon et Bichat vient d’être créé à l’initiative de syndicats, de partis politiques, d’associations citoyennes et de personnalités. Je vous invite à le rejoindre afin que nous puissions construire ensemble un autre projet que celui qui nous est présenté aujourd’hui.
Cordialement, Pour le Comité de défense,
Dr Christophe Prudhomme, praticien hospitalier, hôpital Avicenne

SIGNEZ ET FAITES SIGNER L’APPEL DU COMITÉ DE DÉFENSE DES HÔPITAUX BICHAT BEAUJONLocal CGT BICHAT, 46, rue Henri-Huchard, 75877 PARIS cedex 18FAX : 01 40 25 85 91 CONTACT MAIL : comitedefensebichatbeaujon EPe gmail.comSIMON CGT BICHAT : 06 86 44 02 18, PAUL CGT BEAUJON : 06 76 19 52 63

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