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Laurence Parisot pire que le baron Seilliéres

Publie le lundi 4 juillet 2005 par Open-Publishing
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Présidence du Medef des coullisse sanglantes

A la lecture des evenements se deroulant en coulisses . (voir article Le Monde)

on apprend que la ligne politique de zero dialogue pronée par Seilliére sera poursuivie avec vigueur par L.Parisot presidente de l’Ifop et candidate tardive pour barrer la route aux candidats trop roses a son gout : Mer et Schweitzer elle est trés proche d’Alain Madelin et des think tanks ultraliberaux avec les acquis sociaux en ligne de mire.


Bluff et trahisons au Medef : récit d’une bataille cinglante pour la présidence du patronat

de Caroline Monnot

Quelque 550 grands électeurs patronaux devaient s’emparer, mardi 5 juillet, de leur boîtier électronique pour désigner le ou la futur (e) président (e) du Medef. Ils sont trois à devoir être départagés : Yvon Jacob, Hugues-Arnaud Mayer et Laurence Parisot. Mais la succession d’Ernest-Antoine Seillière, non préparée par l’intéressé, a réveillé les ambitions depuis plusieurs mois déjà.

Printemps-été 2004 : dîners multiples dans le Midi. Le mandat d’Ernest-Antoine Seillière, dit "EAS", court formellement jusqu’à janvier 2006. Pierre Bellon, PDG de Sodexho, personnalité importante du conseil exécutif du Medef, s’inquiète pourtant de ne rien voir venir. En mai, il convie à dîner dans sa villa sur les hauteurs de Cassis (Bouches-du-Rhône) quelques responsables patronaux. Et glisse un petit mot à l’un d’entre eux, Hugues-Arnaud Mayer : le président du Medef-Auvergne et du comité innovation de l’organisation patronale est invité à participer à un mystérieux petit groupe chargé de " réfléchir au profil que devra avoir son futur président" . Rendez-vous à la rentrée, à Paris.

En juillet, Yvon Jacob est lui aussi dans le Sud. Ex-député RPR, président de la Fédération des industries mécaniques, il fréquente les arcanes de l’organisation patronale depuis de longues années. Il a invité à dîner Anne Meaux, qui conseille en communication une bonne partie du CAC 40, à la tête de sa société Image 7. C’est une amie : ils ont tous deux été proches d’Alain Madelin. Il lui fait part de son intention de se présenter. "Tu as raison. Reparlons-en à la rentrée", l’encourage-t-elle. Jacob croit, ravi, qu’il pourra compter sur ses conseils.

Octobre 2004 : Laurence Parisot dévoile ses cartes en petit comité. Le petit monde patronal bruisse : il s’y dit que Denis Gautier-Sauvagnac, le numéro deux de l’UIMM et président de l’Unedic, pourrait briguer la présidence ; queLouis Schweitzer, qui va quitter Renault, peut être candidat.

Hugues-Arnaud Mayer se rend au restaurant des Arts et métiers, où l’attend Pierre Bellon. Il y a là plusieurs membres du conseil exécutif du Medef : Pierre Fonlupt, dirigeant du groupe d’intérim Plus SA, Georges Drouin, président du Groupement des fédérations du secteur des services, Raymond Vidil, le patron du Medef-Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Et Laurence Parisot. Chacun est convié à analyser la succession. La PDG de l’IFOP prend la parole. Pour descendre en flèche une éventuelle candidature du "socialiste" Schweitzer. Elle enchaîne : "Je l’ai déjà dit à EAS depuis plusieurs mois. Je souhaite être candidate." Pierre Bellon lui précise que son comité informel n’est pas fait "pour l’instant" pour appuyer un (e) candidat (e) et lui demande de s’en retirer.

Yvon Jacob reçoit une douche froide. Anne Meaux l’a rappelé à la rentrée : "On avait dit qu’on reparlerait du Medef. Quand se voit-on ?". Mais, lorsqu’ils se retrouvent, c’est la déconvenue. " Ecoute, tu te présentes, c’est bien , lui explique la patronne d’Image 7, mais je soutiendrai Laurence Parisot. C’est une femme, elle renouvellera le style, je suis d’accord avec ce qu’elle veut." L’IFOP est client d’Image 7 et Laurence Parisot a un temps réalisé des études pour Alain Madelin.

Hiver 2004-2005 : EAS accepte la présidence de l’Unice. Le "groupe Bellon" a rédigé un profil en onze points et s’est mis discrètement en quête d’un patron pour l’endosser. Xavier Fontanet, le PDG d’Essilor, fait l’unanimité. Mais, après consultation de ses actionnaires, il décline l’offre. "Dans cinq ans, les choses seront différentes", juge-t-il. Prend-il date ? Luca Cordero di Montezemolo, président de la Confindustria (le patronat italien), presse habilement Seillière de prendre la tête, en juillet 2005, de l’Unice, l’union des patrons européens. Le président du Medef se laisse convaincre. Membres de la délégation qui l’accompagne à Rome, Laurence Parisot, Hugues-Arnaud Mayer et Charles Beigbeder, ne doutent plus désormais que son mandat sera écourté. A l’aéroport, EAS prend à part Hugues-Arnaud Mayer : "Tu ne veux pas prendre le Medef ?" "Vous avez déjà fait le coup à une vingtaine de personnes." "Il y en a marre. Tout le monde dit : il faudrait faire ceci ou cela, mais personne n’a le courage de s’engager", grogne Seillière.

Mars-avril 2005 : Guillaume Sarkozy construit son tandem. Mayer se décide : il sera candidat. Chez lui, en Auvergne, il s’en ouvre à Valéry Giscard d’Estaing. "Apprenez à parler simple, mais surtout il faut que vous ayez un slogan. C’est très important, le slogan", lui conseille VGE. Dans les starting-blocks depuis plusieurs semaines, Guillaume Sarkozy, l’homme qui a pris en charge la protection sociale au Medef, enrage. Son patronyme lui barrant la route de la présidence ­ "un Sarkozy au pouvoir suffit" ­, Guillaume Sarkozy se met en quête d’un grand industriel avec lequel faire tandem. Un samedi soir, Yvon Jacob dîne avec Francis Mer, ex-patron de la sidérurgie et ancien ministre de l’économie du gouvernement Raffarin. Ce dernier se montre curieux de tout : des règles statutaires, de la façon dont on doit mener une campagne. Jacob parle, parle. Mer, lui, ne dit rien. Le dimanche, sa candidature en tandem avec Guillaume Sarkozy est rendue publique. Et Jacob a l’impression d’avoir participé la veille "à un vrai dîner de cons"... Charles Beigbeder, PDG de Poweo et frère de l’écrivain Frédéric Beigbeder, s’apprête à faire un tour de piste. Le casting est complet.

Mai 2005 : grands oraux et référendum. Devant l’assemblée permanente du Medef, EAS commet un lapsus (volontaire ?) : il appelle "Nicolas" Guillaume Sarkozy. La confusion se répétera sur des affiches, ce qui met dans une rage noire le colistier de Francis Mer. Entre Laurence Parisot et Hugues-Arnaud Mayer, le ton monte. "On n’est pas à la "Ferme célébrités", a décrété le second après que la candidature de la première a été évoquée dans Gala. Les grandes fédérations entrent en jeu. Candidat unique de l’Union des industries et métiers de la métallurgie, traditionnelle faiseuse de rois, Yvon Jacob suscite l’ire des fédérations des services. Le non au référendum paraît inéluctable, et Seillière décrète l’état d’urgence. "C’est la guerre ! Cela prouve qu’il faut au Medef quelqu’un qui parle encore plus fort que moi."

Juin 2005 : Parisot est favorite, le tandem Mer-Sarkozy sombre. Le 30 mai, le conseil exécutif du Medef donne un net avantage à Laurence Parisot. François Pinault et Michel Pebereau la soutiennent publiquement. Claude Bébéar, lui, assure à Hugues-Arnaud Mayer qu’il est son favori, mais... qu’il a été mis en minorité au sein de la Fédération française des assurances, pro-Parisot. Charles Beigbeder se désiste en faveur de la PDG de l’IFOP. Francis Mer jette l’éponge. Guillaume Sarkozy s’apprête à rallier la candidature Mayer. Le "deal" sera stoppé net. "Michel Pebereau a dit tout de go à Sarkozy de dégager", racontent les autres candidats : "Guillaume n’avait pas d’autre choix, vu la situation financièrement tendue de sa boîte." La dernière bataille peut s’engager.

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