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Répression à la SNCF à Angers

Publie le mardi 17 juin 2003 par Open-Publishing

Bonjour,
 
Vendredi 13 morose. La plupart des cheminots grévistes décident de
reprendre le travail faute de perspectives. Un dernier carré résiste
pour le week-end histoire de faire perdre un nouveau week-end avec
bobonne aux cadres briseurs de grève.
 
Mais histoire de casser l’ambiance déjà pas terrible, la Direction a
remis à certains grévistes des "demandes d’explications écrites",
première phase des procédures disciplinaires.
 
Il est reproché à tous ces grévistes (CGT-CFDT-FO-SUD-non syndiqués)
d’avoir participé à la manifestation interprofessionnelle en gare
d’Angers le 11 juin entre 6h15 et 7h15 et qui a occasionné un retard
d’une heure au "TGV des patrons". Les cheminots grévistes n’occupaient
pas les voies avec les autres travailleurs en lutte, mais se
trouvaient sur les quais. Mais peu importe pour nos dirigeants qui,
emportés par leur désir de se venger, veulent même sanctionner un
délégué du personnel SUD-Rail qui ne se trouvait pas là...
 
Un autre militant de SUD-Rail (moi en l’occurence) se voit reprocher,
en outre, d’avoir ouvert un portail dont il était le seul à avoir le
badge d’accès, ce qui a permis aux manifestants d’accéder aux quais à
la barbe des flics. L’ouverture de ce portail avait été décidé
collectivement pour éviter que des occupations de voies sauvages
soient réalisées ailleurs, en dehors de toutes mesures de sécurité vis
à vis des circulations ferroviaires.
 
Les quatre organisations syndicales des cheminots d’Angers (sauf
l’UNSA, absente de toutes actions) ont décidé de faire une réponse
commune. Chacune est chargée de faire une réponse et une synthèse sera
faite.
 
Je joins le projet de réponse de SUD-Rail.
 
Il est clair que nous auront besoin de soutien car c’est le conseil de
discipline qui nous attend (surtout moi).
 
A bientôt,
 
Martial
 
 
Syndicats CGT - CFDT - FO - SUD-Rail d’Angers

 

 

Objet :

demandes d’explications écrites concernant la manifestation du 11 juin
2003.

 

Les différentes demandes d’explications écrites remises
individuellement à certains cheminots grévistes de l’EVEN et de l’EEX
d’Angers concernant une action collective et intersyndicale, les
organisations syndicales sus-citées font une réponse collective qui
vaut réponse à chaque demande d’explications individuelle.

La manifestation du 11 juin 2003 s’est déroulé dans le contexte
suivant :

• Grèves de salariés de nombreux secteurs (Éducation Nationale,
Santé, PTT, EDF, SNCF, etc…) dues, notamment, à la volonté du
Gouvernement et du Patronat de casser les régimes de retraite des
salariés. Face à l’autisme du Gouvernement et à son refus de négocier,
ces grèves durent depuis plusieurs semaines pour certains (ce jour-là,
les cheminots angevins en étaient à leur 16ème jour de mobilisation
depuis le 13 mai).

• Le 11 juin était le jour choisi par les intermittents du spectacle
pour peser sur les négociations de leur statut que le MEDEF veut
casser, ce qui conduirait la plupart d’entre eux à la misère.

• Face aux diverses revendications des salariés, les seules réponses
gouvernementales sont la répression et les brutalités policières. Le
10 juin au soir, un ouvrier métallurgiste CGT, qui participait en
famille à la manifestation interprofessionnelle d’Angers, a été mis en
garde à vue, accusé d’avoir fait un graffiti sur le mur du siège local
du MEDEF.

Le 10 juin, l’Assemblée Générale Interprofessionnelle des grévistes
d’Angers, rassemblant des salariés en lutte de toutes corporations et
de toutes organisations syndicales, décidait d’une manifestation en
gare d’Angers à l’heure du TGV de 6h08, avec blocage symbolique. Cette
manifestation devait rassembler des représentants de tous les secteurs
en grève et des intermittents du spectacle. Les cheminots grévistes
devaient être présents mais pour assurer la sécurité des manifestants.
Il n’était pas prévu qu’ils participent à une occupation de voies.

Cette manifestation ayant été annoncée, à l’heure prévue, tous les
accès de la gare étaient fermés ou filtrés par les forces de l’ordre.
Compte tenu du contexte du moment et de l’arrestation, la veille, d’un
ouvrier métallurgiste CGT, les 200 manifestants présents étaient
déterminés à envahir les voies ailleurs, de manière incontrôlable,
menace d’autant plus réelle que d’autres manifestants se trouvaient à
un autre endroit de la ville, à proximité de voies ferrées. Dans ces
conditions, les cheminots grévistes n’auraient pas pu assurer la
sécurité des personnes.

Les organisations syndicales de cheminots d’Angers ont donc,
collectivement, décidé de faire entrer les manifestants, en bon ordre,
par l’entrée du souterrain Marengo. Pour cela, ils ont demandé à un
cheminot gréviste, Martial Thiébaut, représentant syndical SUD-Rail,
qui possédait les moyens d’accès, d’ouvrir le portail. La
manifestation a donc pu avoir lieu, sans danger pour les personnes et
sans débordement.

Au moment où le gros des manifestants est arrivé sur le quai, d’autres
arrivaient par le talus au niveau du pont de Contades, ce qui prouvait
bien que l’envahissement des voies aurait bien eu lieu même si le
portail n’avait pas été ouvert.

Les cheminots grévistes présents n’ont, à aucun moment, été sur les
voies. Les responsables syndicaux cheminots ont demandé aux directeurs
d’établissements et à l’huissier présents de le constater.

Les manifestants des autres corporations se sont installés sur les
voies.

• Ils ont demandé à pouvoir exprimer les revendications aux voyageurs
via la sono du TGV, cela a été refusé. S’ils avaient pu le faire, ils
auraient dégagé les voies rapidement.

• Ils ont exigé la libération ou, tout au moins des nouvelles de
l’ouvrier métallurgiste CGT placé en garde à vue la veille. Aucun
responsable des services de police n’a voulu accéder à l’une de ces
demandes ce qui aurait conduit, nous n’en doutons pas, à la libération
immédiate des voies.

• Les forces de police présentes sur place n’ont, à aucun moment,
fait les sommations d’usage pour demander aux manifestants de quitter
les lieux. Ces derniers ayant toujours été pacifiques, ils auraient
obtempéré à une demande non brutale.

Tout ceci fait que l’occupation des voies s’est prolongée.

Les cheminots grévistes ont convaincu les manifestants de quitter les
lieux vers 7h15, pour ne pas pénaliser les TGV suivants.

La manifestation a, alors, quitté la gare en direction du commissariat
central.

 

Les organisations syndicales des cheminots d’Angers s’étonnent de la
manière dont les directeurs d’établissements de l’EEX et de l’EVEN ont
distribué des formulaires de mise en demeure destinés aux cheminots.
Certains cheminots ont dû en faire eux-même la demande. Sur certains
formulaires, il est indiqué que ces cheminots occupaient les voies, ce
qui est faux. A l’inverse, un délégué du personnel SUD-Rail de l’EVEN,
qui ne se trouvait pas au niveau de la manifestation mais au niveau du
TGV arrêté, a reçu la même demande d’explication que les autres, sans
avoir eu de mise en demeure et pour cause.

Ne s’agit-il pas là de la volonté de sanctionner les organisations
syndicales ?

Angers, le 16 juin 2003.