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DÉCLARATION DES GRÉVISTES DE LA FAIM DE SAINT DENIS

Publie le lundi 3 mars 2003 par Open-Publishing

COORDINATION 93 DE LUTTE POUR LES SANS PAPIERS
COLLECTIF "SOLIDARITE SANS PAPIERS 93
42 rue de la Boulangerie 93200 Saint Denis

DÉCLARATION DES GRÉVISTES DE LA FAIM

DE SAINT DENIS

Saint Denis le 1er mars 2003
Nous sommes six militants de la Coordination 93 à avoir entamé une grève de la faim vendredi 28 février, dans le local de notre Collectif, 42 rue de la Boulangerie à Saint Denis.
Notre objectif, c’est d’abord que la Préfecture de la Seine Saint Denis mette en œuvre réellement l’ « assouplissement » qu’on nous a promis après l’immense levée, l’immense espoir de la Basilique de Saint Denis cet été.
C’est pour l’instant tout le contraire qui se passe :
 le Préfet vient de rejeter en bloc 1300 dossiers déposés collectivement par la Coordination le 13 décembre ;
 des demandeurs de régularisation présents en France depuis près ou plus de 10 ans attendent depuis des mois, souvent des années, un avis favorable qui ne vient pas ;
 d’autres sont rejetés alors qu’ils ont en France des frères et sœurs français ou résidents, ou des enfants nés et/ou scolarisés en France ;
 d’autres encore, dont les employeurs proposent pouirtant eux-mêmes de leur fournir des contrats de travail réglementaires ;
 les demandes d’asile territorial de ceux qui ont fui les menaces et les violences reçoivent des avis défavorables qui sont transmis au Ministère (99,5% des Algériens...) ;
 les demandeurs d’asile politique, persécutés par leurs gouvernements, sont déboutés par l’OFPRA ;
 le Ministère incite la DDASS à la sévérité sur les demandes de séjour des malades qui ne peuvent pas être traités dans leurs pays.
Nous, militants, acteurs de l’occupation-accueil de la Basilique de Saint Denis, mais aussi de la marche Marseille-Paris de mars avril 2002 ou de l’occupation de la Gendarmerie de Saint Denis (juin-décembre 2001), nous vivons nous-mêmes ces situations désespérées ; mais nous demandons, au-delà de nos cas personnels, que tous les Sans papiers qui les subissent bénéficient de la solution à la fois humaine et réaliste qu’elles appellent.
Or nous voulons alerter l’opinion sur l’orientation toute contraire que le gouvernement est en train de prendre, la politique de l’expulsion. Aux expulsions individuelles succèdent maintenant les expulsions « groupées » : deux charters sont partis de Roissy pour l’Afrique et pour la Chine dans une indifférence quasi-générale... Sur le territoire même, les contrôles d’identité se multiplient, dans la rue comme sur les lieux de travail, et les centres de rétention sont surchargés. Avec le projet de loi de Sarkozy (Le Figaro, 17 février), cette rétention pourra être étendue à 60 jours, ce qui laissera tout le temps d’obtenir les laissez- passer nécessaires à l’expulsion et de faire tourner à plein régime des charters remplis d’hommes, de femmes, d’enfants, livrés aux violences physiques et morales du déchirement des familles, du rejet dans la famine, la misère, l’illettrisme, les menaces du fanatisme politique, racial, religieux.
Nous savons que la grève de la faim suscite chez certains des réserves.
Mais à ceux-là, nous disons :
« C’est la seule arme qui reste à ceux que le désespoir écrase : comprenez que les Sans papiers y aient recours, comme les femmes qui l’ont inventée, comme les prisonniers politiques au fond de leurs geôles. Tournez-vous plutôt vers ceux qui peuvent éviter ces sacrifices humains, ceux qui sont au pouvoir. Avec nous, exigez que le gouvernement prenne une mesure de régularisation globale de tous les Sans papiers et mette immédiatement en chantier une nouvelle loi qui donne aux hommes la liberté de circuler, au lieu de les ensevelir dans la « clandestinité » et son cortège d’exploitations et d’humiliations.
« Le monde moderne laisse circuler librement capitaux et marchandises ; et les hommes devraient rester cramponnés aux grilles des frontières ? ? ? »

Mohamed ABZOUZI
Salem BENSAID
Lahouari BEN SALAH
Sid Ahmed CHERIFI
Layachi MANSOURI
Abdelkrim SEGHIR

CONTACTS : Grévistes : 06 10 05 71 49 / 06 72 44 18 46 -
Collectif : 06 86 33 54 68 / 06 75 67 84 88 / 06 23 66 41 89 / 06 77 37 13 00 / 06 23 70 93 75 /
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