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LA CROISÉE DES CHEMINS (1/2 - Le cycle des ténèbres)

Publie le vendredi 31 mars 2006 par Open-Publishing
7 commentaires

de Le Yéti

Dans un précédent article (La fin d’un monde ?), j’essayais d’évoquer ces fins de cycle qui, tous les dix ou vingt ans, marquent l’histoire des sociétés humaines (Première Guerre mondiale, grande crise de 1929, Seconde Guerre mondiale, bouleversements des années 60/70, chute du bloc soviétique.... Ces ruptures précèdent, après des périodes de flottements parfois douloureux, le début de nouveaux cycles. Eh bien, je crois que cette fois, nous y sommes.

La loi sur "l’égalité des chances" (sic) qui vient de recevoir l’adoubement du Conseil Constitutionnel, précipite la fin du système social français tel qui régissait nos vies depuis des décennies.

Nous sommes désormais à la croisée des chemins, un moment décisif : soit ceux qui nous gouvernent parviennent à imposer leurs lois, et nous entrerons dans un long cycle de ténèbres où quelques puissants s’arrogeront pouvoirs et richesses au détriment du plus grand nombre ; soit nous parvenons sans tarder à enrayer ce déclin en rétablissant la prééminence du politique sur l’économique et les finances, et nous rétablirons, comme nous avons su le faire par le passé, cette petite lueur de justice sociale que le reste du monde nous envie.

Le cycle des ténèbres

Après en avoir appelé aux usagers en colère, puis aux étudiants anti-blocage soucieux de leurs examens, voici que les médias français du microcosme s’en remettent aux avis éclairés des "médias étrangers féroces" (Libération du 30/03/06) qui, soit dit en passant, appartiennent aux mêmes puissances financières que leurs cousins gaulois. Il est piquant de constater que plus ces médias "étrangers" sont conservateurs, plus ils fustigent... notre conservatisme et notre immobilisme ! Ainsi le très droitiste Daily Telegraph anglais s’étonne que "les étudiants (français) veulent revenir en arrière (...) à un certain âge d’or où les emplois étaient à vie et l’État prenait soin de tous les malades". On ne saurait faire déclaration plus révélatrice des intentions de ceux qui se sont emparés du monde.

Jusqu’à présent, la France était parvenue à rester un îlot anachronique parmi ses voisins occidentaux aux mains des puissances néo-libérales*. Que nous a-t-on vanté les mérites du modèle anglais ou américain ! Avec ce langage soporifique fleurant bon l’euphémisme dont ils usent pour domestiquer les esprits**, on noyait à grands coups de statistiques mirifiques sur le chômage prétendûment résorbé, une croisance idyllique ou les perspectives d’avenir offertes à nos scientifiques désoeuvrés, la réalité d’une paupérisation galopante, d’un accroissement dramatique des inégalités, un état lamentable de la santé publique, un effondrement des services publics.

Car les puissants qui nous gouvernent n’ont strictement que faire de leurs populations. Après avoir mis à sac les pays dit du Sud ou du Tiers-monde, les voilà qui n’hésitent pas à s’en prendre à leurs propres concitoyens. Rien ne saurait arrêter leurs appétits inextinguibles de profits, leur soif imbécile de conquêtes. Jusqu’à présent, ils avaient consenti à un minimum "syndical" pour sauver les apparences, rendre supportables leurs agissements égoïstes. Mais voilà, c’est désormais trop. Croyez bien que leurs contrôleurs de gestions n’auront pas le moindre scrupule à bâtir ces plans de restructurations meurtriers qui garantissent leurs intérêts. Ils ne reculeront devant rien, pas même devant l’emploi de la force s’il le faut. Ceux qui croiraient encore à leur commisération se bercent d’illusions qui tourneront rapidement au cauchemar.

Où mène cette course folle ? Je crois que les puissants eux-mêmes ne se font guère d’illusion. Ils sont emportés par une logique qu’ils ne maîtrisent pas autant qu’ils voudraient le faire croire. Leur système est à bout de souffle. Un des leurs, le banquier Jean Peyrelevalde, s’inquiétait ouvertement de ce capitalisme suicidaire de rentiers. Il n’est pas le seul. Mais si nous ne parvenons pas à reprendre les commandes de cette machine emballée, alors sa chute ouvrira les portes à tous les obscurantismes. L’extrémisme islamique a surgi sur les ruines des pays de l’hémisphère Sud et gangrène déjà les quartiers déshérités des États occidentaux. D’autres dangers menacent : dictatures d’extrême-droite, replis intégristes en tout genre si chers à toutes les religions, multiplication des zones de non-droits ...

Voilà, selon moi, le triste avenir que nous nous réservons, si nous laissons passer cette mesure décisive de légalisation des précarités à laquelle s’accrochent nos gouvernants. Elle n’est pas anodine : elle consacre par la loi ce dérèglement social qui se met subrepticement en place depuis quelques années. Seule, une mobilisation sans faille, longue et patiente pourra nous permettre d’y faire obstacle.

(à suivre : le cycle des lueurs)

Le Yéti

* Reconnaissons cependant que quelques pays du nord de l’Europe, plus effacés des regards braqués sur le monde en raison de leur taille plus modeste, ont su bâtir dans leur coin des structures garantissant à leurs population des moyens de protection sociale relativement efficaces.
** Sur ce sujet, je recommande vivement la lecture de LQR la propagande du quotidien d’Éric Hazan (éditions Raison d’agir, pas cher : 5,70 €)

Messages

  • Bravo, tout y est !

    N’oublions pas cependant la trahison de nos élus de la gauche molle qui ont accepté les doctrines pseudo-scientifiques du Saint-

    Marché en battant tous les reccords de privatisations.

    Il appartient au peuple de reconquerir l’espace démocratique en s’engageant physiquement et par tout autre moyen dans cette

    lutte. Montrons à ceux qui sont censés nous représenter que notre courage est bien plus grand que le leur.

    Seccouons leur embourgeoisement, ils seront OBLIGES de nous suivre

    Flash 12

    • Leur embourgeoisement n’a eu d’égal que leur corruption (voir histoire des mutuelles, des marchés publics d’ile de france ou trempent tous les partis dont ceux de gauche), une histoire à écrire pour transmettre aux jeunes générations "la science de notre malheur" sans parler de la protection de CHIRAC par les partis de gauche, lors de l’initiative de Montebourg qui n’est pas surement un représentant de l’ultra gauche, mais qui a eu au moins le courage de s’opposer à ces dérives.
      bonnet rouge

  • Salut le Yéti,

    C’est marrant ton article : il ressemble beaucoup à une conversation que j’ai eu dans un pub ici, à Dublin, pas plus tard qu’en ce début de semaine. C’était avec un capitaliste irlandais archi-convaincu, et malgré tout bizarement gentil.
    Il a essayé notamment de me montrer que le système français était trop protecteur envers les travailleurs, "s’emmenant par lui-même à une perte définitive et irréversible car tuant toute volonté dans l’emploi" (ce sont ses mots, je les ai noté !).

    La bière irlandaise adoucissant les moeurs, je ne lui ai pas pété la tronche !

    Cédric

    • Il eut suffit que l’Irlande ne fut pas une protégée de l’UE, bien au chaud, avec une ouverture fiscale des frontières pour exfiltrer vers les USA des richesses produites ailleurs dans l’UE, il eut suffit qu’il n’ait pas l’Euro comme monaie, avec une BCE aux taux courts avec une inflation supérieure à ces derniers alors qu’en Allemagne et en France ce fut l’inverse...

      Il eut suffit donc, je répete, que l’UE n’aide pas comme elle l’a fait l’Irlande, pour que celle-ci demeure où elle fut il y a des années.
      La solidarité s’imposait pour aider cette terre qui a souffert terriblement dans le passé, car l’Europe ne devait pas laisser ses terres déshéritées en les oubliant.

      Grace aux emplois bien "protégés" de la France et l’Allemagne, une main a nourrit les patrons irlandais, tant mieux pour eux, mais c’est bien la semoule que certains bourgeois ont dans la tête qui les poussent à cracher sans cesse sur les travailleurs, en l’occurence là les travailleurs français....

      Comment expliquer à des gens que la roue tourne et que des forces extremement puissantes placent là du pognon avant d’aller ailleurs à des vitesses de plus en plus grandes.

      Regardez la Grande-Bretagne, ses propagandistes n’ont pas encore finit de faire la promotion des aspects salauds sur les travailleurs que , déjà, pour certains propagandistes l’affaire commence à sentir le faisandé et qu’on se déplace à toute vitesse, ailleurs, trouver de nouveaux modèles (Irlande, Danmark, etc) .....

      Vite vite, vite avant la banqueroute de Blair !

      Comme quoi la roue tourne...

      Alors notre petit patron gentil irlandais est certainement un brave homme, un gentil, un qui ne comprend pas que la roue tourne tout le temps...

      Mais il y a une chose qui ne change pas : Notre solidarité avec l’Irlande, les Irlandais, les travailleurs irlandais .
      Vive les travailleurs irlandais !

      Cop.

    • Regardez l’Irish Ferries et son dernier conflit : ça fait peur !
      Je ne parle pas de Aer Lingus, de Ryanair et de toutes les entreprises asiatiques, européennes et américaines venues s’implanter depuis quelques années à Dublin pour avoir main mise sur le marcher européen (et autres)...

      Désolé pour la pub (qui n’en est pas !)

      Cédric

      P.S. : Cop, ne compare pas les Irlandais aux Grand-Bretons : si les Irlandais de la République aiment généralement bien ceux du Nord, les Ecossais et les Gallois, tu risques quand même de les vexer en les comparant à la Grande Bretagne.

  • Les francais ont beaucoup de defaut , mais n aiment pas se faire entuber
    c est pour cela que je vais confiance au peuple francais.
    1789 etait une bonne chose 2006 le sera aussi.
    les politiques corrompues ont oubliés que le pouvoir appartient au peuple et promulguent leurs lois unilateralement.

    ils disent ce n est pas "la rue" qui commande pour nous rabaisser dans le ruisseau.
    comme ils le font aux arabes quand les medias corrrompues disent " l opinion de la rue arabe etc.." comme si il n y avait pas d’institutions reconnues et legitime.

    ne nous laissons pas avoir pas cette propagande capitalisme.

    sam