Accueil > Les coordinations s’imposent aux côtés des syndicats.

Les coordinations s’imposent aux côtés des syndicats.

Publie le lundi 22 septembre 2003 par Open-Publishing

Par Bruno MASI et Haydée SABERAN

samedi 20 septembre 2003

Au-delà des actions, occupations ou interruptions d’émissions télévisées, la
Coordination des intermittents et précaires d’Ile-de-France travaille à des
contre-propositions. Au premier rang : un nouveau modèle de calcul et de
répartition des allocations chômage. Le texte, long de sept pages et sept
chapitres, veut harmoniser les conditions nécessaires à l’ouverture de
droits, limiter les inégalités que le nouveau protocole suscite et assurer
un revenu minimum aux professionnels.

Equation. Première innovation : le document remplace les annexes 8 et 10 par
une annexe unique. La coordination y rappelle la discontinuité de l’emploi
et l’extrême diversité des professions concernées. Plus loin, ce texte
rétablit le seuil de 507 heures sur douze mois nécessaires à l’affiliation
(contre dix dans le texte récemment agréé). Autre modification notable : la
date anniversaire réapparaît, célèbre la première admission dans le régime
et devient la date de réexamen du dossier par l’Unedic. Enfin, le calcul de
l’allocation abandonne le fameux salaire journalier de référence (SJR) au
profit d’une indemnité journalière, calculée selon une équation complexe qui
prend en compte le Smic journalier et le nombre d’heures ou de cachets
travaillés.Un point fait néanmoins débat : le texte ne s’attarde pas sur son
champ d’application. Qui pourra demander une ouverture de droits ? Quelles
professions recouvrent le vocable « intermittents » ?

Très proche d’un
document édité avant l’été par les Précaires associés de Paris (qui militent
pour la création d’un revenu minimum universel), le modèle pointe du doigt
l’extrême diversité des métiers sans la définir ni la circonscrire. Mais, le
document en poche, la coordination entend devenir « une force de
propositions » qui jouerait d’égal à égal avec les autres syndicats sur le
terrain juridique et technique de l’Unedic. Ce week-end, les journées
européennes du Patrimoine et les premières Rencontres nationales des
artistes plasticiens (à La Villette) seront l’occasion d’exposer cette
« contre-réforme ».

Structuration. Par ailleurs, le mouvement continue de se structurer. En
Rhône-Alpes, à l’initiative du Syndéac (qui réunit la majeure partie des
directeurs de théâtre publics), un conseil regroupant l’ensemble des
composantes des métiers de la culture vient d’être créé. Il réunit la
totalité des institutions publiques (de l’Opéra de Lyon aux orchestres, CCN,
CDN, Scènes nationales, Ensat, théâtres de villes, regroupement des
compagnies), les représentations syndicales et les coordinations
d’intermittents de chaque département.

Gratin culturel. A Lille, hier, les intermittents ont dans la matinée
investi l’opéra où Martine Aubry recevait la presse et le gratin culturel
régional. L’opéra rouvrait après cinq ans de travaux. L’occasion rêvée pour
une cinquantaine d’intermittents de tenter un happening de plus et réclamer
un soutien à la maire socialiste. Ce qu’elle a fait. Et la séance
d’autocongratulation a viré quelques instants à un règlement de comptes
politique poli. D’autant que sur la scène, entre les dorures et les rideaux
de velours rouge, se trouvait Richard Martineau, directeur régional des
affaires culturelles, financeur à 14 % du lifting de l’opéra. Martine Aubry
a réclamé « solennellement » l’abrogation du protocole, ajoutant qu’il « prive
de leurs droits un tiers des intermittents .C’est toute la place de la
culture qui est mise en cause. Lille 2004 [capitale européenne de la
culture, ndlr] ne peut pas rester en dehors de ce combat ». Richard Martineau
s’est défendu au nom de l’Etat, déclarant que « l’accord a sauvé l’essentiel »
et qu’il n’était pas question de remise en cause.