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Gaza : "Des engins explosifs inconnus contre nous"

Publie le mardi 1er août 2006 par Open-Publishing
5 commentaires

de Annalena Di Giovanni envoyée spéciale à Gaza traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

Alors que se multiplient les dénonciations d’armes non conventionnelles utilisées par Israël au Liban, arrive de Gaza une alarme sur des arsenaux « améliorés » expérimentés pour la première fois lors des incursions israéliennes de ces jours ci. Nous en parlons avec Juma as-Saqqa, porte-parole de l’hôpital as-Shifa de Gaza.

Docteur as-Saqqa, vous avez annoncé depuis plusieurs jours déjà votre crainte d’un usage de munitions d’un nouveau type contre la population de Gaza.

Oui, je crains qu’on ne soit en train d’expérimenter quelque nouveau type d’armes contre les palestiniens, mais je n’ai aucune idée de ce dont il peut s’agir, si ce sont des armes au phosphore blanc ou à énergie laser. Il s’agit sûrement de quelque chose en mesure de provoquer un nombre plus important de morts et blessés que dans le passé.

Parmi ceux qui survivent à l’attaque nous avons un nombre très élevé d’invalides et de brûlés, dont certains méconnaissables même pour leurs parents proches. Des cas particulièrement inquiétants ont été constatés hier par exemple, quand nous avons essayé d’extraire des éclats de l’abdomen de certains patients. Il n’y en avait pas. Nous trouvions des signes de lacérations gravissimes des tissus, les os étaient brûlés jusqu’à l’intérieur, mais sans trace de résidus. Le foie était intact mais complètement carbonisé, les poumons minutieusement détruits comme s’ils avaient explosé de l’intérieur. Plus qu’à une réaction chimique, je penserais plutôt à l’effet de radiations, mais je répète que nous n’avons jamais rien vu de semblable. Nous nous limitons à en prendre acte sans pouvoir enquêter étant donné que même notre laboratoire d’autopsie a été détruit.

Hier l’offensive israélienne s’est concentrée sur un lancement des missiles. Il y a eu 23 morts, pour la plupart des civils. Voulez-vous nous parler des symptômes ?

En réalité, le nombre de morts a été confirmé à 25. Je ne nie pas que certains des tués aient été des combattants, mais la majorité des victimes d’hier était des civils visés dans leurs maisons, ou en voiture. De nombreux missiles ont été envoyés sur des groupes de civils qui se pressaient dans les rues. Ils tirent sur tout ce qui bouge, personne n’est à l’abri. Le tableau clinique est inquiétant : les corps sont méconnaissables. Le nombre de blessés est sans précédents. Sur 90 hospitalisations hier, nous avons dû pratiquer au moins 50 amputations, parfois plus d’une sur le même patient, et sur de nombreux enfants. Beaucoup d’entre eux seront invalides à vie ou défigurés. Nous ne pouvons rien faire pour récupérer les membres : ces munitions mystérieuses ont un effet létal. Elles provoquent des brûlures internes au quatrième degré. Les tissus meurent instantanément, nous ne pouvons qu’amputer. Aujourd’hui aussi nous avons eu 3 morts, et une quinzaine de blessés dont cinq sont en fin de vie.

Quelles sont les conditions de travail de votre hôpital ?

Quand l’armée touche elle touche pour tuer : ça signifie aussi bloquer les secours. Ils prennent souvent pour cible nos propres ambulances. Pendant ces cinq dernières années, le ministère de la santé a perdu 55 salariés, au moins 500 autres ont été blessés, restant souvent invalides à vie. Maintenant nous ne pouvons plus nous occuper que des urgences, nous ne pouvons plus assister les patients ordinaires. Et nos centrales électriques ont été bombardées, ce qui rend extrêmement difficile l’utilisation des machines électroniques.

Israël a imposé l’embargo sur les aides humanitaires à Gaza. Est-il toujours en vigueur ?

Nous sommes assiégés depuis des semaines. Sans même considérer le problème de l’approvisionnement en électricité, nourriture et eau, il reste celui des médicaments. Les réserves se terminent.

Vous êtes le principal hôpital de Gaza ; combien de temps pensez-vous pouvoir résister encore ?

Nous avons résisté dans des conditions désespérées pendant des semaines. Si la situation restait calme, nous espérons pouvoir tenir encore 14 jours. Mais s’il devait y avoir une autre attaque israélienne, nos possibilités de survie comme hôpital se réduisent à quelques jours.

www.ilmanifesto.it

Messages

  • Puisque c’est au tour de la France de présider le Conseil de Sécurité, j’espère qu’elle est déjà saisie de cette affaire d’armes prohibées en Palestine, comme au Liban ou ailleurs. Nous, citoyens de France et du Monde, sommes concernés par l’utilisation scandaleuse de ces armes d’un nouveau genre. Un jour, ce pourrait être nous, les pénards, qui pourraient en faire les frais si nous n’intervenons pas immédiatement. D’OU VIENNENT-ELLES ??? USA ??? EUROPE ??? D’OU ???

  • Cet article est très bon,il nous fait découvrir le vrai visage atroce de cette saloperie.Dans toutes les guerres sont expérimentées de nouvelles armes et c’est de plus en plus insoutenable car,plus on va dans le temps et plus les armes sont destructives et hideuses de technologie moderne.Peu importe si elles provoquent des réactions chimiques ou si elles fonctionnent au laser elles tuent ,estropient de plus en plus massivement( l’axe du bien a recours aux armes de destruction massive ?)et,bien sûr,les civils les prenent sur la gueule directement :ils commettent le crime d’exister !
    Au stade de France ,pour les Stones,80 000 personnes et, peu avant ,pour la coupe du monde des millions !!La coupe est finie ,les Stones sont partis alors à la prochaine manif contre cette guerre,pour un cesser le feu immédiat on sera combien ?.
    Je veux dire toute mon admiration au Docteur As-Saqqa et à tous les personels soignants pour le courage dont ils font preuve et leur amour du genre humain.Merci à toutes et tous et bravo.
    François.

  • « Si nous nous révélons incapables de parvenir à une cohabitation et à des accords honnêtes avec les arabes, alors nous n’aurons strictement rien appris pendant nos deux mille années de souffrances et mériterons tout ce qui nous arrivera. »
    Albert Einstein, lettre à Weismann, le 25 novembre 1929.

    Si j’appartenais à un quelconque organisation sans doute je n’oserais pas engager ses membres dans cette position, mais étant désormais un individu libre de toutes attaches [1], j’affirme qu’il n’y aura de solution qu’à travers la suppression de l’Etat d’Israël, de l’entité étatique qui aujourd’hui fait la démonstration de sa nocivité pour tout le monde, pour les Palestiniens, pour tout le Moyen orient, pour les juifs de la région et ceux du monde entier. Cet Etat, pure création coloniale, à travers lequel depuis les origines jusqu’à nos jours, les Européens, les Occidentaux font payer le génocide nazi à des peuples du Moyen-Orient qui n’y sont strictement pour rien, est de ce fait une monstruosité morale et politique.

    Que ceux que l’on a dupé avec le sionisme aient le droit de rester sur la terre, qui est devenue la leur, ne dépend que de leur capacité à la coexistence et, pendant un certain temps d’une surveillance internationale, mais le sionisme et l’Etat d’Israël n’ont pas le droit à la survie politique. Mais il faut dire du sionisme ce qu’il est en réalité, une entreprise coloniale par laquelle les puissances occidentales ont prétendu se débarrasser des juifs qu’ils n’avaient cessé de martyriser pendant des siècles, une manière de considérer les juifs comme étrangers dans leurs pays, une sinistre duperie. Le sionisme n’est que le prolongement de la haine contre le capitaine Dreyfus, l’impossibilité de considérer un juif comme un citoyen.

    Pour tous ceux qui, comme moi, sont conscients de l’horreur de ce qui se passe en Palestine et de l’ignominie d’un Etat raciste, théocratique, nous pouvons et devons affirmer notre refus de cette création artificielle. Les rapports de forces internationaux sont tels que les impérialistes vont continuer à porter à bout de bras leur rejeton sanglant, mais le monde change, les résistances se développent. Il faut tabler là-dessus et non sur les fanatismes. Et dès aujourd’hui il faut en finir avec les ambiguïtés et dire qu’Israël en tant qu’Etat théocratique, basé sur le droit du sang, création coloniale, doit disparaître pour voir naître un Etat de tous les citoyens.

    En Afrique du Sud, un Etat raciste basé sur l’apartheid devait disparaître, et cela n’a pu se faire que par le fait que les premiers occupants, ceux qui étaient humiliés non seulement ont été réinvestis dans leurs droits, mais des élections leur ont donné le pouvoir. C’est cette démarche là à laquelle j’adhère et qui devrait donc se traduire par le retour des Palestiniens sur leur terre.

    A partir de là, grâce à un Nelson Mandala il y a eu constitution d’une autre nation, ce qui signifie pas qu’il n’y a plus de problème, en particulier économiques et il faudra bien les vaincre, mais un processus a été mis en marche et il est passé par la dénonciation de l’Etat de l’apartheid. Si les racistes d’Afrique du Sud ne veulent pas de cette réalité, ils peuvent partir effectivement, mais le but n’est pas là bien sûr... simplement les Israéliens doivent comprendre que comme les racistes d’Afrique du Sud qu’ils n’ont plus aucune complaisance à attendre.

    De surcroît, Israël est une puissance nucléaire, la France porte une lourde responsabilité dans ce domaine, et fait donc peser sur cette région une menace beaucoup plus grave que celle hypothétique de l’Iran. Un tel Etat qui agit comme il le fait en ce moment dans la bande de Gaza, contre le Liban est une menace terrible à partir du moment où il a l’arme nucléaire.

    Donc pour ces deux raisons politiques il faut orienter notre action contre la fin de l’Etat d’Israël et du sionisme comme droit au retour mythique et mystificateur.

    Et je souhaite que cet objectif soit posé dans la clarté et que nous nous donnions comme objectif de combattre cet Etat comme celui de l’apartheid, ainsi que la dénonciation au Conseil de sécurité de cet Etat nucléaire.

    C’est d’abord en tant que communiste non encartée, en tant qu’être humain, mais aussi au nom de mes origines juives que j’affirme cela. Je suis athée et ne puis donc faire état de l’appartenance à une communauté religieuse, mais d’autres décident souvent pour moi en étant antisémites de cette appartenance, ils m’ont appris par leur stupidité ce que pouvait être le racisme et je m’opposerai toujours à eux, mais c’est au nom de ce savoir qu’ils m’ont infligée depuis l’enfance que je dénonce l’Etat d’Israël. Comme je revendique le droit pour tous les être humains à jouir de la paix, de l’absence de discrimination. Ce combat de toujours contre le racisme et l’antisémitisme me pousse désormais à lutter contre l’Etat d’Israël comme j’ai lutté en son temps contre l’Afrique du Sud, Etat de l’apartheid. Il n’y a eu de solution que par la restitution d’une nation à Nelson Mandala. Souhaitons que surgisse de la terre de Palestine, comme de tout le Moyen-orient de nombreux Nelson Mandala.

    Danielle Bleitrach

    15 juillet 2006

  • Peut-être faudra t’il supprimer les TV,GSM,Tabacs et alcools et alors seulement et encore les europeens se décideront à manifester contre ces infamies.
    Leucemy

  • Choqué par cette nouvelle escalade dans la barbarie, j’ai reproduit cet article sur notre site coopératif et autogéré revoltes.
    J’ai également publié un article intitulé Un nouveau crime de guerre israëlien à Cana dès que j’ai appris le massacre de Cana, survenu dix ans après le massacre de 107 personnes, tous des civils, par Tsahal (déjà !), en 1996.
    Et j’ai reçu hier soir un reportage photo accablant de la part de l’un des deux journalistes palestiniens blessés par des tirs de l’armée sioniste d’occupation. Je l’ai publié sous le titre "Pendant la destruction du Liban, Tsahal poursuit ses massacres en Palestine".

    Deux journalistes courageux ont étés blessés pour que VOUS puissiez voir ces images. Et je publie ce message sur Bellaciao parce que ce site est plus visité que le nôtre : il aura plus d’impact. C’est à nous de montrer ce que TF1 et CNN veulent cacher. Même si les images sont atroces. Même et surtout parce qu’elles révèlent un degré de barbarie encore inédit. Fallait-il les publier ? J’ai beaucoup hésité, mais je réponds "oui". Car c’est pour les mêmes raisons que l’on montre à tous les enfants les images de l’holocauste perpetré jadis par les nazis : pour que ça ne se reproduise plus.

    Minga
    "Parce que le vrai courage est de faire ce qui est juste"