Accueil > LULA : Transgénique
Par Jean-Michel TH...NARD
Bien sûr, il y a de quoi se pincer à voir l’idole de l’altermondialisme applaudie par le FMI. L’ancien ouvrier métallo voulait créer un « choc de crédibilité » à son arrivée au pouvoir, il y a dix mois. Le choc est au-delà de ses espérances. Mais c’est la gauche qui est assommée et les banquiers qui se tapent dans les mains. Les soutiens du premier jour se bouchent le nez. Le Parti des travailleurs compte ses premières défections, les sans-terre lâchent leurs premières critiques, les écologistes sont furieux, l’Eglise réclame plus de social.
Voilà un homme élu sur la promesse de créer dix millions d’emplois qui consacre ses premiers mois à maîtriser l’inflation et la dette. Le pouvoir d’achat moyen chute, la Bourse grimpe ! Ah, elle est belle, « l’autre politique » rêvée par les alters unis de tous pays ! Hier alternative, voilà Lula devenu « transgénique » : génétiquement modifié par l’exercice du pouvoir. Les orthodoxes de la rupture crient à la trahison. Pour ceux-là, gouverner, c’est toujours trahir. Comme s’il valait mieux pas de pouvoir, qu’un pouvoir obligé de composer, de passer des compromis, de tenir compte des réalités pour mieux les transformer.
Au Brésil, il en est pourtant quelques-unes difficiles à biffer. Un pays gouverné pendant vingt ans par la dictature militaire, avec cinquante millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté. Qui imagine qu’en dix mois, tout puisse s’inverser ? Les Brésiliens ne s’y trompent pas, qui gardent leur confiance à Lula. Il a demandé quatre ans pour être jugé.
Endormir le FMI pendant sa première année de mandat pour avoir plus de latitude pour la suite n’est peut-être pas une si mauvaise tactique. N’en déplaise aux théoriciens de la rupture en chambre.