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La démocratie bientôt à portée de main ?

Publie le samedi 7 octobre 2006 par Open-Publishing
10 commentaires

La démocratie, la vraie, serait-elle cette comète qui nous fait rêver, dont les opportunités d’être vue ne se produirait qu’à certains intervalles, séparés par de longues décennies vides ? Et le prochain passage pourrait se produire dans 8 mois à l’occasion des législatives. Non pas les présidentielles, où toute la campagne se joue essentiellement dans la presse people ou à sensation sur 2 candidats semi-déclarés. La tragique expérience de 2002 a coupé tout suspens et rend les électeurs d’un pragmatisme déconcertant. C’est la fin des petits partis et du bouillonnement d’idées, à la française.

Pourtant, c’est dans ces instants paradoxaux que tout peut se rejouer. Alors que ces petits partis traditionnels sont dans la plus mauvaise posture qu’ils n’ont jamais connue jusqu’à présent, se dessine l’opportunité de créer la démocratie. Cette démocratie, la vraie, celle du peuple, que certains appellent "démocratie représentative" ou encore "démocratie directe", en opposition à la république dans laquelle nous vivons. [Gardons à l’esprit la définition étymologique, la démocratie, du grec "démos", le peuple, et "cratos", gouverne, est supérieure à la république, du latin "res", les choses, et "publica", publiques, dans laquelle nous sommes bien informés de la gouvernance, tel qu’actuellement]

Cette démocratie fait depuis longtemps l’objet d’un débat de fond sur nos institutions, mais, par manque de temps, d’explications ou tout simplement de conscience populaire que ça pourrait aller mieux, reste limité à une très petite frange de la population. Peut-être dans 50 ans, dans 80 ans cette conscience sera renforcée ? Si entre temps on n’en ressort pas plus abruti par certains médias prépondérants. C’est la référence à cette comète qui repassera dans 70 ans.

Mais pourquoi pas maintenant ? On dit que la démocratie permettrait de mieux vivre ? Oui, et tout de suite. On n’a qu’à l’appliquer. Le premier problème des Français ? Le chômage et la précarité. Tout de suite mettons des chômeurs à l’Assemblée nationale, d’abord pour respecter ce principe trop oublié de "représentativité". Sur plus de 500 députés il serait raisonnable que 50 d’entre eux aient connu le chômage, au moins ils sauraient de quoi ils parlent. Ensuite parce qu’en dehors de "la pensée unique" des partis politiques ils seraient à même de proposer de meilleures solutions, et d’insister pour que le débat du chômage ne soit pas occulté par des thèmes secondaires.

Et quel programme ? Celui de donner rapidement (en 6 mois) du travail à 2 millions de Français. Le million restant (ou un peu plus) sera étalé dans les mois qui suivent.
Et quel travail ? Le travail en association. Des associations existantes, ou à créer, au niveau national, local, ces petites associations de quartier qui participent à la vie de la commune, ou ces associations ambitieuses d’entraide jusqu’aux pays étrangers. Quant au coût, on va voir que le plus difficile est déjà fait.

Nos gouvernants, de droite et de gauche, se sont trop longtemps focalisés sur les solutions duales : leur choix se limitait entre du travail en entreprise ou du travail en administration, et ils ont oublié qu’il y a toujours des solutions alternatives. Pourtant le plus gros est fait, à savoir, ce sont les financements de ce coût : les volontaires (car on laisse le système libre, et la raison d’être des associations doit être conservée) sont indemnisés jusqu’à 90% de leur ancien salaire ou 90% du Smic pour ceux qui n’ont pas encore travaillé. L’indemnisation s’explique par le fait que l’Etat reconnaît implicitement qu’il n’est pas capable de donner du travail à tous ceux qui veulent travailler (contrairement à l’article 23-1 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme). Quant aux coûts, la plus grosse partie est déjà prise en charge par l’Etat ou les organismes sociaux via les Assedic, Rmi, Ass... Pour 3 millions de personnes, il en coûtera entre 15 et 18 milliards (calcul détaillé sur le site de "50 chômeurs députés" http://50chomeurs.free.fr/?q=propos...), à la charge cette fois des entreprises. On peut comparer ce montant aux 88 milliards d’euros de bénéfices des seules entreprises du CAC40 cette année. Ou encore aux 55 milliards de manque à gagner annuel à cause du travail au noir. 15 milliards pour que le chômage soit éradiqué en France, qu’attend-on ?.

Il existe donc des solutions rapides et efficaces aux problèmes du chômage. Mais le rapport avec la démocratie est assez flou et lointain ? Non, pas tant que ça. Il reste le choix des candidats et leurs rapports avec un éventuel parti politique. La démocratie est difficilement compatible avec des partis politiques qui se posent en intermédiaire. Il faut traiter sur des grandes lignes, celles de la résorption du chômage, de la baisse du coût du logement, et s’y limiter. Ensuite, c’est chaque candidat qui adapte son discours, ses propres idées, librement. L’individu devient la base, hors de toute contrainte des partis. Bien entendu, il faut respecter les lois en vigueur, et le candidat doit créer son propre parti avec son suppléant et se déclarer en Préfecture. Mais c’est lui qui décide, et non une instance. Ensuite, il adhère en son nom à ce qu’on peut appeler une "franchise politique", c’est-à-dire un organisme qui se charge en amont des propositions générales (réponse au chômage, et forte action pour la baisse significative des loyers) et à son niveau le support, l’aide et les conseils pour sa propre campagne et son financement. Il y a 577 députés à remplacer en juin prochain. Ne nous leurrons pas, dans le meilleur des cas seule une poignée pourra passer, à condition d’avoir présenté le maximum de candidats, et autant de suppléants. L’aventure de la démocratie vous tente ?

 http://50chomeurs.free.fr

La mise en place d’une vraie démocratie sera longue, de l’ordre de grandeur de ces comètes qui ne passent qu’une fois dans notre vie. Il y a aussi ces signes avant-coureurs qui les annoncent. Et il faut savoir faire le pas, au bon moment. C’est une étape, elle arrive.

Messages

  • C’est pas mal. Mais d’où tirerez-vous les ressources pour le financement ? non seulement de la campagne, mais aussi de l’impression des bulletins imprimés en trois exemplaires déposés en préfecture et à la charge de chaque candidat ? Monique renouard.

    • Bonjour,
      On n’a pas les médias, on reste donc inconnus. La force, au delà du programme, c’est de rencontrer les gens. Une circonscription électorale, c’est environ 100.000 personnes. La très grande majorité travaille, est aux courses, ou inaccessible. On envisage d’en rencontrer 10.000 en porte-à-porte, sur 6 mois.

      Ca sera notre force principale : les gens pourront dire qu’ils ont rencontré le candidat ou son suppléant, et pas à 50m sur un marché mais bien en face-à-face. Et à chaque fois on demandera aux gens rencontrés s’ils souhaitent soutenir le candidat devant eux (là aussi, les règles de financement sont strictes). Pas besoin des 100 euros demandés par l’UMP sur son site par ex, mais un ou 2 euros suffisent (certains donneront plus). Je m’attendais à 3 personnes sur 4 qui ne donnent pas, mais pour quelques tests, j’ai été agréablement surpris de tomber sur environ une personne sur 2 qui donne. Les gens sont vraiment curieux et intéressés par ce programme. Avec 2 ou 3 démarcheurs par jour (minimum le candidat et son suppléant), on peut tabler sur 80 à 100 euros/jour (et 0 pour les jours de pluie...).

      Pour revenir aux besoins, c’est l’impression des prospectus légaux est ce qui coûtera le plus (plus que les bulletins). Au total, suivant si on veut de l’A4 couleur recto-verso, ou NB une face, on devrait tabler entre 3500 et 6000 euros pour l’impression (prospectus+affiches+bulletins). Rajoutons tous les autres frais divers, on peut arrondir à 6 à 10.000 euros. Tout sera intégralement financé par les dons, et nous n’accepterons pas qu’un candidat sorte de l’argent de sa poche. C’est d’abord l’association de financement (obligation légale) puis la franchise qui contrôleront ça. Si un candidat semblait ne pas être en mesure d’obtenir son financement, on arrêterait la poursuite du programme avec lui (après avoir tenté d’y remédier, bien entendu). Mais notre but reste de l’épauler pour qu’il réussisse, et c’est du côté "franchiseur" qu’on doit tout faire pour l’aider.

      L’explication concernant le travail sur le terrain répond partiellement à Raymond (commentaire suivant) qui voulait relancer l’élan combatif populaire. Rien n’est gagné, encore moins maintenant, mais on doit trouver notre force dans ces luttes.
      Bien cordialement à vous tous, —Lionel

    • Ma réponse à Lionel :

      Dur, dur, comme démarche !...

      Aller faire du porte à porte pour "mériter" sa présentation à la députation, je préfère vous dire que je trouve cela très injuste, pour ne pas dire cruel. Et je vais m’expliquer.

      Le porte à porte, je connais. Soit dans le cadre du gagne-pain de type commercial, soit dans le cadre d’activités bénévoles et associatives. Une première chose à dire et à redire : le côté positif, je puis affirmer que l’accueil des gens est presqu’à l’unanimité remarquable et chaleureux. Rarissime est le "mauvais coucheur". Ce qui fait un bien fou sur l’idée que l’on a de l’humanité. En effet, les journaux, les médias, par nécessité, nous informent des accidents, des fautes humaines, des guerres, etc. Mais l’immense majorité du monde vit tranquillement, sans emmerder son voisin. De plus, les gens ne sont pas si avares, et exceptionnel est le refus de donner.

      Mais pour se présenter comme député, il n’y a pas que le financement minimal. Je l’ai déjà écrit sur ce site, à l’occasion d’autres articles. Pendant que des chômeurs vont s’échiner à gagner la confiance des citoyens -et sans gage de réussite absolue- les récidicistes de multiples mandats et fonctions électives demandent à leur association de financement de leur signer un chèque de 50000 E, par ex., pour une seule soirée de préparation électorale !... Rencontre qu’ils n’ont d’ailleurs nullement besoin d’assurer, étant plus qu’hyperconnus. Ils peuvent dormir tranquilles...

      La somme indispensable n’est pas si élevée. Il est légalement possible de la payer soi-même. Le contrôle en fin d’élection par un expert-comptable et le Conseil constitutionnel légitime définitivement la sincérité de votre participation. Il n’est pas non plus obligatoire de fonder un parti politique, et cela est une bonne chose car un candidat peut souhaiter une indépendance des partis, le scrutin étant uninominal, majoritaire à deux tours.

      Ce sont les atteintes au principe d’égalité devant les lois que je continue de contester. Le code électoral a des demandes non justifiées à l’heure actuelle. Les bulletins imprimés en trois exemplaires ne seraient plus nécessaires. En effet, l’envoi par la poste des bulletins de vote, des prospectus à l’imagination des candidats, est d’un gaspillage inouï. Le papier coûte très cher. L’imprimerie, les photos en noir et blanc, en couleurs, ou glacées, aussi !... Cela date d’une époque où les citoyens pouvaient préparer à l’avance leur bulletin de chez eux pour le glisser dans l’enveloppe du bureau de vote. Ce qui, d’ailleurs est toujours possible. Mais les défaillances d’imprimerie dans les bureaux étaient plus fréquentes. Quant aux deux autres exemplaires en préfecture, quelle utilité ? Un seul, suffirait amplement. Enfin, les bulletins manuscrits admis dans certaines conditions par le code, et même comme incontournables recours, ne sont pas reconnus par les autorités de contrôle des bureaux !

      Je vois que j’ai été longue, et pourtant j’aurais encore à dire...

      Monique Renouard.

    • Merci pour vos explications. C’est vrai que le porte-à-porte est très dur (je suis passé par le métier de VRP). C’est vrai aussi qu’on démarre très bas, vous l’avez dit, on n’a pas d’argent. Mais notre principe, c’est l’égalité des chances devant la députation. Ca m’embêterait que seuls les candidats qui ont un peu d’argent en réserve puissent se présenter (pas du tout égalitaire).

      Je suis aussi gêné par les soi-disant réductions d’impôt lors des dons. Par exemple, l’UMP affiche "donnez-nous 100 euros, ça ne vous coûtera que 34 euros au final car vous bénéficierez d’une réduction d’impôt de 66 euros". C’est oublier que la plupart d’entre nous, à cause de revenus modestes ne payons pas d’impôts, et donc 100 euros nous coûteraient, à nous 100 euros !

      Quant aux impressions sur papier, ce n’est pas ce qui coûte le plus. Bon, on dira que c’est le principe qui a construit la République jusqu’à présent (après tout c’est vrai)...

      Pour revenir à votre intervention, c’est vrai que le porte-à-porte est difficile. Mais c’est dans le pire des cas. Il faut avoir pensé à tout ce qui peut nous arriver, et ensuite, on devrait découvrir au fur et à mesure des bonnes nouvelles.Déjà, l’accueil à ces nouvelles idées est bon, ce qui est rare pour des mouvements qui naissent de rien.

      Lionel

    • Si, si, c’est la seule grosse dépense indispensable, le papier.

      En effet, je parle avec expérience. En 1997, j’étais candidate à Rennes. J’étais connue car je militais dans les associations, notamment à la Ligue des Droits de l’Homme. Sans en avoir l’obligation légale, j’avais créé une association loi 1901, appelée centre-gauche, déclarée au JO. Quelques adhérents, mais surtout de nombreux sympathisants me soutenaient. Les grands forums de deux à trois cents personnes ne m’étaient pas nécessaires, car j’avais pris la parole précédemment dans ceux qui avaient été organisés par les associations. Ainsi, en faveur des sans-papiers, pour la parité hommes/femmes, etc.

      Ma présentation comme députée était légitime, elle a été légale jusqu’au bout. Je ne peux pas entrer ici dans tous les détails. Mon seul obstacle était financier. Quelques ressources des adhérents et sympathisants ne suffisaient pas. Les affiches sur les panneaux électoraux ont été confectionnées par mon suppléant et moi-même à partir d’ordinateurs, et via les photocopies. J’ajoute que j’ai participé à tous les collages, nous en connaissions parfaitement la situation. La préfecture fournissant elle-même les plans adéquats.

      Le hic était les bulletins de vote. Trois exemplaires, c’est beaucoup. Cependant, mon suppléant avait fait des devis. La somme revenait disons à 3500 E de maintenant (à l’époque, c’était en francs). Comment dire, je n’ai pas voulu payer quelque chose de ma poche pour les bulletins. Par contre j’ai pris à ma charge certains frais, essence par ex. Tout a été validé à la fin par un expert-comptable et le Conseil constitutionnel.

      C’est alors que connaissant le droit français et m’appuyant sur le code électoral, j’avais fait appel aux bulletins manuscrits. La publicité à ce sujet était correcte, dans tous les journaux de la presse locale, dans toutes les mairies de la circonscription. Les personnes étaient suffisamment informées. Je résume pour dire que ce fut considéré comme totalement inattendu, inadapté, mal écrit, tant et si bien que seulement certains bulletins furent comptés, très peu d’ailleurs, dans l’arbitraire le plus farfelu ( par les tenants des bureaux et la commission de présidence judiciaire !).

      J’ai pris en pleine gueule dès le premier tour un échec injustifié que je considère toujours comme ayant atteint mon honneur.

      J’ai encore été longue, je vous prie de m’en excuser... Voici mon adresse e-mail :
      moniquerenouard@msn.com

  • Bien sûr il faut continuer à espérer même quand tout semble perdu, mail il faut en même temps rester lucide.Sans énorme combat de notre part,en s’appuyant sur le peuple (qui jusqu’ici reste en dehors des collectifs en attendant que nous voulions bien arrêter nos chicanes politiciennes) le scrutin des municipales sera organisé dans le cadre inique majoritaire à deux tours, qui a été organisé pour empêcher de sortir du carcan du bipartisme qui détruit la démocratie et la morale politique en générant les magouilles politiciennes inevitables et provoques dégoût et abstention de nombreux citoyens.

    Pour avoir une chance de sortir de ce système politique et économique scandaleux, il faut absolument retrouver l’élan populaire de 2005 dans le combat du référendum, dans le vote des présidentielles (qui même s’il ne sera pas suffisant, faciliterai bien les choses).

    Mais il faut surtout retrouver la combativité des travailleurs dans un combat décisif dans les entreprises et dans la rue, mais hélas on n’en prend pas le chemin avec une rentrée syndicale la plus calme depuis des années.

    Il serait suicidaire de continuer à privilégier uniquement le terrain politique électoral et d’abandonner celui de la mobilisation sociale.

    Il faut bien sûr continuer à préparer les campagnes présidentielle et législatives en y associant beaucoup plus la population (que les 10 ou 15 milles militants des collectifs) mais il faut surtout accompagner la révolte populaire qui ne demande qu’à s’exprimer.

    Raymond LCR