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Les signes d’alzheimer de la presse française

Publie le jeudi 12 octobre 2006 par Open-Publishing

1. C’est pas sympa pour eux si on les dit malades, mais ils ne mesurent pas en vérité la gravité de leur état

Nous notions récemment que la presse française manifestait un syndrôme en 4 points, pas véritablement nouveau certes, mais plus sensible et grave qu’avant. Sans doute est-ce son alzheimer à elle, ou une sorte, ou alors carrément c’est plus grave encore.

Les 4 caractères de cette maladie sont les suivants : compulsion radoteuse, fixations, sublimations culturelles, et plus généralement, coiffant et traversant tout cela, inappétence et incapacité analytiques.

2. Comment ça se manifeste ? : l’altération de leurs fonctions

Dans le principe, en théorie, la presse générale suit l’événement, quelle qu’en soit la nature, et analyse le politique. Dans le principe ! En pratique, il y a longtemps qu’elle "analyse" le politique comme elle suit l’événement, c’est à dire qu’elle se dispense de l’analyse ou l’assimile à "ce qui se dit" plus ou moins d’autorité sur le sujet (blablablablablablabla). La presse a-t-elle été bonne sur les banlieues, sur le CPE ? concédons-lui que l’art était difficile. Elle a été en tout cas nettement vide et radoteuse ces derniers temps sur le PS et Ségolène (Jacques a dit, et Paul a dit, alors ils ont dit et elle a dit et son petit frère aussi. Pouf, pouf, pouf !). Radoteuse avec Sarko et la magistrature : de ce que les magistrats ont protesté, et du fait qu’on ne peut pas, nous autres, blairer Sarko, elle en a déduit à notre place que nous prisions la justice telle qu’elle apparaît.)

La presse a radoté longuement encore avec Robien (la méthode syllabique, tu vois le pied !). Elle a radoté avec Sciences po., présentant à l’admiration de tous, comme il se doit, la nouvelle estampillée championne de l’égalité des chances agissant dans les zep. D’où se tire sans le dire que Sciences-po est "the" modèle égalitaire républicain et démocratique, le lieu du mérite et de l’excellence à la française. Et même que si vous partagez ce sentiment, ce qui ne serait pas étonnant vu l’insistance générale sur le sujet, vous avez le droit au port légal de l’insigne des blaireaux.
 Oh, ben c’est connu, la Presse c’est des pourris ! ils jouent en sous-main les intérêts du système !
 Eh ben, c’est pas sûr ! Finalement ! La presse ne vous veut pas de mal, à vous lecteurs, la presse seulement n’est pas bien du tout en ce moment. Voilà ! l’emmerdez pas, elle a droit d’être malade.

Elle a des fixations aussi, périodiques, avec des obsessions dont la principale est elle-même ( on vous laisse en trouver des exemples, vous ne devriez pas avoir de difficultés là-dessus). Vous avez en tout cas son truc actif du moment : depuis le début août, elle te pond des articles généreux contre la peine de mort. Tous les jours ! et le journal Le Monde y est à la pointe du progrès. Parfait, la cause est bonne, totalement. En plus, à la marge, tu te dis, "elle cogite, donc elle est, tu vois qu’elle est peut-être pas si atteinte que ça " ! Sauf qu’il t’a manqué probablement un épisode, une clé, dans la dialectique concernée, qu’elle a oublié de rappeler : 2006 est en effet année décrétée contre la peine de mort. La presse (cf. plus haut) marquait déjà de drôles de "biais" dans le cogito, tu la suspectes maintenant, à tort, par une erreur d’info qui lui est imputable, de ne plus procéder motu proprio, d’être peut-être sous tutelle, peut-être sous curatelle. Ca coûtait rien de préciser, elle a oublié.

Heureusement, la presse a aussi son graal, son élégance, sa spiritualité en propre. Pour ne pas faire plus longtemps suer le lecteur avec le politique (où elle montre comme on voit de plus en plus de gros malaises), la presse s’élève l’esprit dans la culture. Vindiou la culture ! pour 1,20, pour 1,30 euro, t’en as des brassées, t’en a des tonnes : 23 pubs, brèves ou articles Culture (yc livres et mode, mais hors le supplément Livres et hors le supplément Femmes) dans le Monde du 6 oct. qui était un petit jour là-dessus un très petit.

Tout culture ! C’est idem tout Culture dans Libération. Même les gratuits s’y mettent qui copient les ex-grands ! Tu dois en outre pour aggraver les chose verser au culturel, les voyages, l’intertainement latto sensu, et les arts de la table, la bouffe, les toques et les étoiles. Et encore t’as pas tout vu ! fin octobre avec les foires aux pinards, tu auras les suppléments Vin ! Tous les bordeaux, tous les bourgogne. Avec les prix.

Bref la presse politique française trouve son modèle, sa voie... son dévoiement, dans un mix assez chic croisant les Lettres françaises avec le catalogue d’automne de chez Leclerc. C’est bien, nous sommes pour la culture !

3. la conclusion sera en deux questions

Dès lors, à l’issue de ce topo plutôt sombre qu’on vient de faire, mais si vrai croyons-nous, de la presse française, la première question qui vient conséquemment est la suivante : que lire de politique pour ceux qui, citoyens, pensent qu’il faut quand même encore en lire ? Dans quel canard ? Mais est-ce bien encore dans les "journaux" ?

Nous verrons une fois prochaine le rôle précieux et puissant désormais joué pour beaucoup d’entre nous par les sites d’open-publishing où la qualité techniquement moindre des papiers est totalement transcendée par la libre-critique, l’interactivité, l’autocorrection et co-correction des papiers.

L’autre question qui viendra fatalement aussi, et qu’’on gardera également pour un autre machon, porte sur cette foutue maladie qui a touché la presse. L’a-t-elle reçue de notre société ou la lui a-t-elle discrètement filée ? : Voyez, simple exemple à méditer : le Sénat qui ne servait notoirement à rien fonctionne maintenant comme un célèbre musée. L’expo Le Titien vous y êtes allés ?

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